Urbain IV : le pape qui a fait de la Fête-Dieu une célébration mondiale
Jacques Pantaléon, devenu le pape Urbain IV, a laissé une empreinte durable à la fois par son engagement politique et par une décision liturgique qui trouve ses racines à Liège : la généralisation de la Fête-Dieu. Retour sur le parcours de ce pape et son lien étroit avec la Cité Ardente.
Portrait du Pape Urbain IV conservé à l'évêché de Verdun Des origines modestes, mais une carrière exceptionnelle
Jacques Pantaléon naît vers 1195 à Troyes, dans une famille de condition modeste : son père est cordonnier. Malgré cela, il se distingue par des études brillantes en théologie et en droit canon.
Suit alors son ascension dans l’Église : il devient chanoine, puis archidiacre de Liège vers 1241. À l’époque, Liège est une cité influente du Saint-Empire romain germanique. Son poste d’archidiacre le place donc au cœur de débats théologiques et liturgiques majeurs.
Après son passage à Liège, il poursuit son parcours en devenant évêque de Verdun en 1253, puis patriarche latin de Jérusalem deux ans plus tard. C’est en 1261 qu’il est élu pape à Viterbe sous le nom d’Urbain IV. Son élection est exceptionnelle par le fait qu’il est le premier pape de l’histoire à accéder au trône de saint Pierre sans avoir été cardinal.
Un soutien à la Fête-Dieu liégeoise
C’est à Liège que Jacques Pantaléon découvre et accompagne un mouvement spirituel majeur de son époque : le culte eucharistique promu par Sainte-Julienne de Cornillon. Celle-ci milite, dès la première moitié du XIIIe siècle, pour l’institution d’une fête dédiée au Saint-Sacrement.
La première célébration de cette fête a lieu en 1246 dans le diocèse de Liège, sous l’impulsion du prince-évêque Robert de Thourotte. Témoin de ces premières initiatives en tant qu’archidiacre, Jacques Pantaléon en conservera le souvenir et la conviction, qui marqueront son pontificat. Ce 19 juin 2025 marquera la 779ᵉ édition de la Fête-Dieu liégeoise.
La généralisation de la Fête-Dieu
Devenu pape, Urbain IV publiera, le 11 août 1264, la bulle Transiturus de hoc mundo. Par cette bulle pontificale, il institue la fête du Corpus Christi comme solennité universelle. Désormais, la Fête-Dieu, née à Liège, est célébrée dans toute la chrétienté le jeudi suivant l’octave de la Pentecôte.
Urbain IV confiera ensuite à saint Thomas d’Aquin la rédaction des textes liturgiques, dont les hymnes Pange lingua, Tantum ergo et Panis angelicus qui traverseront les siècles.
Un pontificat bref mais marquant
Urbain IV ne règne que trois ans. Il décède le 2 octobre 1264 à Pérouse et ne verra donc pas la première Fête-Dieu célébrée par tous les catholiques.
Au-delà de la Fête-Dieu, son pontificat est aussi marqué par ses efforts politiques : il a notamment tenté de freiner l’influence des Hohenstaufen en Italie et s’est engagé dans des négociations diplomatiques complexes.
Un héritage durable
La Fête-Dieu, première fête universelle instituée directement par un pape, sera confirmée et étendue par ses successeurs, notamment lors du concile de Vienne en 1311. Elle reste aujourd’hui l’une des grandes solennités du calendrier catholique, célébrée dans de nombreux pays du monde. À travers cette fête, Urbain IV laisse un héritage spirituel qui fait rayonner, bien au-delà de son pontificat, la ferveur eucharistique née à Liège.
