Transformation pastorale : le diocèse d’Arras en pleine mutation
Depuis le printemps 2023, le diocèse d’Arras est entré dans une démarche de transformation de son diocèse. Concertations, visites dans les paroisses, identification des chantiers prioritaires ont permis d’identifier les mesures à prendre. Mgr Leborgne, évêque d’Arras, a fixé ses objectifs dans une lettre adressée à tous les fidèles du diocèse, “Paix à cette maison”, et les restructurations se mettent progressivement en place.
Cathédrale St Vaast, Arras - Crédits: Paroisse Notre-Dame en Cité, ArrasC’est un constat que partagent la plupart des diocèses ruraux : des prêtres qui courent d’un lieu à un autre pour distribuer des sacrements, des laïcs qui portent les services de la paroisse à bout de bras, des messes plus rares dans les villages, et des assemblées clairsemées. « Il y a une fatigue, mais aussi une perte de sens en particulier chez les fidèles », constate Blandine Coquet, référente de la transformation pastorale dans le diocèse d’Arras. « Il y a aussi des données factuelles: le nombre de prêtres en activité diminue, nous devons faire appel à d’autres diocèses pour y faire face. Et les structures du diocèse sont devenues lourdes et inadaptées à nos besoins actuels. »
Mais tout n’est pas noir, loin de là : « il y a aussi de vrais motifs d’espérance : les assemblées restent vivantes. Et surtout, il y a ces nombreux jeunes et moins jeunes qui viennent frapper à la porte de nos églises et que nous avons à cœur d’accueillir. C’est une vraie joie! » affirme-t-elle dans un grand sourire.
Il y a de vrais motifs d'espérance!
« Paix à cette maison »
Alors, que faire ? Si le sujet n’est pas nouveau dans l’Eglise, chaque diocèse s’approprie le sujet à sa manière.
A Arras, Mgr Leborgne a lancé dès le printemps 2023 une série de consultations et de visites pastorales qui lui ont permis de rédiger une lettre à destination de tous les fidèles du Pas-de-Calais, « Paix à cette maison ».
Dans cette lettre, il expose le chantier de transformation pastorale du diocèse.
De nombreux objectifs pastoraux concrets y sont listés : la refonte des préparations aux sacrements afin d’y intégrer une dimension de catéchèse plus importante, la mise en place de fraternités, la création de « pôles eucharistiques », des formations à la prière et au témoignage, ou encore des clarifications sur les missions des fidèles dans l’Eglise et les paroisses.
De 89 à 11 paroisses
Si le programme est complet, il n’est pourtant pas toujours connu des fidèles. C’est la raison pour laquelle Blandine Coquet et son équipe sillonnent le Pas-de-Calais à la rencontre des 89 paroisses que compte le diocèse. « C’est passionnant » s'enthousiasme-t-elle. « Les réactions sont variées : globalement, les fidèles s’accordent à penser que des changements sont nécessaires. Ils approuvent le fait de vouloir prendre soin à la fois de nos prêtres et de nos fidèles engagés sur le terrain. Ce qui coince plus, c’est la question des restructurations géographiques » confie Blandine Coquet.
Car il est bien là, le point qui fâche : qui dit moins de prêtres en activité, dit aussi moins de messes, et donc une nécessaire réorganisation géographique. Concrètement, cela se traduit par des regroupements de paroisses : « nous allons passer de 89 paroisses à 11 » explique Blandine Coquet.
« L’idée est d’avoir la messe tous les dimanches au même endroit, à la même heure. C’est ce qu’on appelle un “pôle eucharistique". C’est une sorte de rendez-vous pour tout un secteur, plus lisible pour les catéchumènes qui cherchent à aller à la messe. » Certes, cela signifie faire parfois plus de kilomètres le dimanche matin, mais c’est aussi l’occasion de renouveler la conception du dimanche : « on peut imaginer plein de choses : avoir le caté juste avant la messe, puis un déjeuner partagé et proposer des activités l’après-midi ».
On peut imaginer plein de choses : avoir le caté juste avant la messe, puis un déjeuner partagé et proposer des activités l’après-midi.
Créativité missionnaire
Une nouvelle organisation qui inquiète certains fidèles, attachés à leur clocher. « Il n’est pas question de fermer les autres églises » affirme Blandine Coquet, « il faut simplement trouver de nouvelles manières de faire vivre son clocher autrement, et être créatif! »
Une créativité à développer afin de donner un nouvel élan missionnaire, appuyé également sur un autre pilier de la transformation pastorale : les fraternités mises en place localement. Ces petits groupes de 6 à 8 personnes, qui se retrouvent régulièrement pour partager ensemble autour de la Parole de Dieu, ont en commun d’habiter proches les uns des autres, afin de pouvoir s’appuyer les uns sur les autres.
Car Mgr Leborgne insiste: « La perspective centrale de notre transformation et de notre réorganisation pastorale sera donc résolument missionnaire. Nous pouvons être tentés de penser notre diocèse en termes de maintien d’une organisation, d’un « appareil pastoral », à partir de ce que nous avons toujours connu dans les décennies précédentes. Ce serait une impasse! C’est à un passage que nous sommes convoqués. Vivons-le en contemplant la Pâque du Christ, vivons-le dans le souffle de l’Esprit! »


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