"Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre" (Mt 28, 16-20)
"Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre"
Méditation de l'évangile (Mt 28, 16-20) par le père Bernard Devert
Chant final: "Par toute la terre" par la communauté de l'Emmanuel
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là,
les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
apprenez-leur à observer
tout ce que je vous ai commandé.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Source : AELF
Méditation Père Bernard Devert
Certains eurent des doutes ; qui ne les connaît pas. La traversée vers l’autre rive n’est pas absente des tempêtes intérieures qui se révèlent souvent et paradoxalement une ascension dans notre foi.
Le Ressuscité n’efface pas les doutes. La sortie du tombeau est présentée comme un vide qui ne se trouve pas encombré par le triomphe. La gloire, au sens de la vie, n’est pas la gloriole.
Seigneur, il m’arrive de penser, dans l’avènement et l’évènement de ta résurrection, que tu aurais pu te présenter aux Grands Prêtres, à tes adversaires et à ceux qui t’ont crucifié.
Tout comme ton Père, Tu ne t’imposes pas, nous laissant des indices de ta résurrection. Quelle discrétion, au point que, pour reprendre un des éléments de langage, tu n’imprimes pas. D’aucuns tentent de trouver dans le Saint-Suaire les signes de ta présence.
Il faut nous y résoudre, il nous faut Te chercher autant que Tu nous cherches, d’où Ta Parole aux premiers témoins : allez dire à mes frères que je les précède en Galilée.
Pour croire, il nous faut quitter ce désir de possession qui nous conduit à te retenir alors qu’il s’agit d’aller vers Toi. Etonnement, là encore, des disciples sur le chemin d’Emmaüs, quand ils Te reconnaissent, Tu disparais à leur regard mais, alors précisément, ces deux disciples vont pouvoir voir autrement. Un moment essentiel de la foi qui se révèle l’heure d’un départ pour un voyage intérieur.
Les inessentiels perdent de leur acuité, ce qui apparaissait important, soudainement devient insuffisant, quelque chose d’autre se donne à voir. Les yeux du cœur s’ouvrent ; il s’agit de se lever pour permettre à d’autres de se relever.
Une ascension commence ; nous ne la vivons pas en solitaire pour être celui qui rassemble, mettant en œuvre une unité éternelle. Dans ce provisoire que nous vivons, éclairés de cette éternité entrevue, nous voici appelés à monter vers des sommets. Ils sont arides.
Que de fois nous nous surprenons à dire en nous-mêmes : que faisons-nous là. Tu ne dis rien ; comme nos grands frères dans la foi qui avec Moïse sont sortis des servitudes et de l’esclavage, d’aucuns ont hésité, se sont agités, mais l’ascension s’est réalisée ‑ et aujourd’hui, encore ‑ malgré les apparences, parce que Tu es le premier de cordée.
Oui, au cœur de nos doutes qui traduisent nos limites, Tu nous offres, avec Toi et par Toi, une ascension pour monter vers ces essentiels qui convergent vers une vie nouvelle où pour reprendre la devise du Père François Varillon : il s’agit de marcher les pieds dans la glaise avec des mains solidaires et la tête dans le ciel.
Et si dans cette Ascension, s’ouvrait cette conversion pour voir que nous marchons sur la tête.
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