La foi se partage : la relation d'aide ou comment aider ceux qui souffrent ?
On peut se sentir démuni parfois devant la souffrance d'un ami. Pour l'accompagner, certains pratiquent la relation d’aide, mais c'est quoi au juste ? Chaque jeudi de 12h à 13h, "la foi se partage" revient sur un thème qui concerne la vie chrétienne.
De g. à dr. Samuel Sportiello, Bruno TeisseireOffrir une écoute authentique et sans jugement, prier pour quelqu’un, accompagner, la relation d’aide se traduit de différentes manières, mais avant tout, « c’est se mettre à l’écoute de la problématique de l’autre, de sa souffrance, de moments compliqués qu’elle peut vivre dans sa relation avec elle-même, avec les autres ou avec Dieu », explique Samuel Sportiello, pasteur responsable du département de soins pastoraux à l'Église Momentum (Bordeaux), thérapeute conjugal et familial.
Le problème souvent n’est pas le problème, c’est la façon dont on le regarde qui en est un
« La relation offre un vis-à-vis qui peut amener à regarder les choses différemment. Le problème souvent n’est pas le problème, c’est la façon dont on le regarde qui en est un,» ajoute le pasteur.
Bruno Teisseire, président de SOS amitiés en Gironde :
« La parole libère. SOS amitié a été créée en prévention du suicide. On n'est pas là pour guérir mais juste pour écouter, pour offrir l'opportunité à des personnes de pouvoir mettre un mot sur leurs émotions, sur leurs ressentis. Et déjà en identifiant ça, elles peuvent reprendre leur vie en main. »
Jésus pratiquait-il la relation d'aide ?
Samuel Sportiello :
« Jésus est le meilleur des pédagogues et des psychologues. Je le crois profondément. Quand on regarde Jésus avec les disciples sur le chemin d'Emmaüs, on s'aperçoit que Jésus a cheminé avec eux pendant les douze kilomètres. C'était au moment de la Pâque. Ces deux hommes étaient totalement aveuglés, ils ne reconnaissaient pas Jésus. Jésus ne s'est pas révélé à eux tout de suite. Il leur a posé des questions. De quoi êtes-vous en train de discuter ? Pensez-vous que Jésus ne le savait pas ? Il savait parfaitement de quoi ils étaient en train de discuter. En fait, il les met au travail. Il les amène à se poser eux même des questions. Et puis, dans une autre étape, dans l'échange qu'il a avec eux, dans son accompagnement thérapeutique - Thérapie, en grec veut dire changement - il commence à faire du lien entre l'Ancien et le Nouveau Testament, entre sa venue et l'histoire des prophètes et tout ce qui avait pu être raconté en amont. Et ce n'est qu'au moment où il partage le pain et le vin, son corps et le sang, que quelque chose est assimilé. Tout d'un coup, leurs yeux s'ouvrent. Mais il faut qu'ils mâchent, qu'ils avalent. Et à partir de là, ils peuvent raconter une autre histoire ».
L'écoute active, la clé de la relation d'aide
Si la relation d’aide existe en Eglise, dans le milieu chrétien, les bénévoles d’SOS amitiés suivent une ligne très stricte en matière de neutralité. L’association est apolitique, aconfessionnelle, il ne s’agit donc pas de donner des opinions, ni de délivrer des conseils. Le mot clé c’est l’écoute active et chaque écoutant suit une formation de 6 mois.
Il y a tout un cheminement pour apprendre à se décentrer de soi, pour se centrer sur une écoute active de l'autre
« L'écoute, ça s'apprend » , explique Bruno Teisseire. « Même si on n'est pas des thérapeutes, il y a quand même un cheminement pour apprendre à se décentrer de soi, pour se centrer sur une écoute active de l'autre, une écoute où il n'y a pas de jugement, une écoute de façon anonyme, une écoute sans conseils. Et puis il y a des connaissances qu'il faut acquérir. Quelles sont les addictions? Comment fait-on face à une crise suicidaire? Toutes ces connaissances s’intègrent dans le parcours de l'écoutant pour pouvoir effectivement proposer une écoute qui tienne la route, qui soit vraiment une aide à l'appelant ».
Les relations qu'on a avec les personnes quotidiennement ont un peu changé notre façon de porter notre regard sur l'autre
« Pour aider l’autre, il est important de regarder mes projections dans l'histoire de l'autre et comment son histoire vient résonner avec la mienne, » explique Samuel Sportiello. « C’est un exercice qui nécessite d'avoir du temps en équipe, afin de pouvoir débriefer. Aujourd'hui on parle par exemple du trauma vicariant. C'est le trauma des aidants. À force d'écouter des gens qui ont été traumatisés, ça peut avoir un impact sur mon cerveau ».
C’est pour cela qu’il est important d’être lucide sur soi-même. « Quand certaines personnes veulent venir à Sos amitié », détaille Bruno Teisseire, « on échange longuement avec elles pour connaitre leur motivation et pour leur expliquer qu'on ne vient pas à SOS Amitié pour se soigner ; leur expliquer aussi qu’il ne faut pas attendre de reconnaissance. Et en même temps, tous les écoutants vous le diront, le bénéfice et la richesse humaine que l'on a et qu'on acquiert à travers cette expérience d'écoute est très, très forte. Les relations qu'on a avec les personnes quotidiennement ont un peu changé notre façon de porter notre regard sur l'autre.
Retrouvez "La foi se partage" chaque jeudi en direct de 12h à 13h
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Donner à voir, à entendre le dynamisme de la vie et de la foi chrétienne en Gironde, tel est le programme de cette heure d'émission chaque jeudi en direct.
Une heure pour découvrir l'agenda du diocèse de Bordeaux et de l'ensemble des Eglises chrétiennes en Gironde, pour connaître la situation des chrétiens à l'étranger, mais aussi pour répondre aux interrogations spirituelles les plus courantes et nourrir sa foi.



