Qui était Léon XIII ?

En 1878, lorsque Léon XIII est élu sur le trône de Saint-Pierre, la situation du Vatican est délicate. Pie IX, son prédécesseur, a rompu les liens avec l'Italie après l'annexion des états pontificaux par Victor-Emmanuel II. Annexion qui a mis fin au pouvoir temporel des papes. L'autorité papale se centralise dès lors autour du Saint-Siège. Les écrits de Pie IX, notamment, "Syllabus", vont condamner un certain nombre "d'erreurs modernes" . A l'ouverture du conclave, les cardinaux sont divisés entre "intransigeants" (continuité avec Pie IX) et "modérés" (partisans d'un assouplissement) C'est dans ce contexte que Léon XIII devient pape. Il doit être homme de compromis et de renouveau pour l'Eglise. Il n'est plus question d'affrontement avec le monde moderne mais de dialogue avec une société marquée par la laïcisation, l'anticléricalisme et la lutte des classes. 

Les grandes décisions de Léon XIII

Sans rompre totalement avec la ligne de Pie IX, il relance la diplomatie vaticane pour sortir l'Eglise de son isolement et adopter une posture moins intransigeante vis à vis de la modernité ou des régimes républicains. L'Eglise doit vivre une renaissance intellectuelle estime Léon XIII, il va promouvoir a pensée de saint Thomas d'Aquin avec son encyclique "Aeterni Patris". Celui que l'on surnomme le "docteur angélique" devient le fondement de la pensée catholique, la foi et la raison sont centrales. 

Le pape veut aussi repenser sa place dans ce monde traversé par le libéralisme économique. C'est dans ce contexte que l'encyclique "Rerum Novarum" va paraître. L'Eglise veut proposer une voie chrétienne entre le capitalisme sauvage et le socialisme révolutionnaire. Il s'agit de poser les fondements d'une doctrine sociale : dignité du travail, droit à un salaire plus juste, protection des plus faibles et subsidiarité. 

Le rapport entre patrons et ouvriers s’est modifié. La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre, et la multitude a été laissée dans l’indigence 

Rerum Novarum

Signifiant "les choses nouvelles", l’encyclique s’adresse à l’ensemble de la société. "Le rapport entre patrons et ouvriers s’est modifié. La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre, et la multitude a été laissée dans l’indigence", écrit Léon XIII en introduction. Parmi les grands principes de ce texte figure la dignité humaine. Le pape défend également : le droit à la propriété privée, la justice salariale, le rôle de l’État dans la garantie du bien commun, de la justice et de la protection des plus faibles, tout en affirmant qu’il ne doit pas tout faire (principe de subsidiarité), la liberté d’association, notamment le droit des ouvriers à se syndiquer.

À ce titre, Léon XIII s’est inspiré du travail d’Albert de Mun. Ce Français a ravivé en métropole le catholicisme social et tissé des liens entre la France et l’Europe, en organisant des rencontres entre ouvriers français et étrangers. Ce sont ces échanges qui ont nourri la réflexion de Léon XIII dans Rerum Novarum. C'est encore aujourd'hui la seule encyclique continuellement enrichie par les successeurs de Saint Pierre, prolongeant et actualisant ainsi l'expression de la pensée de l'Eglise. A quand un texte de Léon XIV ?