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Qu’est-ce que la communauté des spiritains dont fait partie Frédéric Rossignol, nouvel évêque de Tournai ?

Qu’est-ce que la communauté des spiritains dont fait partie Frédéric Rossignol, nouvel évêque de Tournai ?

Un article rédigé par Jacques Galloy - 1RCF Belgique, le 6 octobre 2025 - Modifié le 6 octobre 2025
Edition spécialeNomination des nouveaux évêques de Namur et Tournai : édition spéciale RCF

La Congrégation du Saint-Esprit (C.S.Sp. – Congregatio Sancti Spiritus) fut fondée dans le quartier latin à Paris en 1703 par le séminariste rennais Claude Poullart des Places. La Congrégation avait pour but de former des prêtres destinés à servir dans des missions lointaines, pauvres ou délaissées. En 1848, elle fut revivifiée par sa fusion avec la Société du Saint-Cœur de Marie, fondée par François Libermann. Découvrez leur histoire, leurs œuvres et leur impact sur la société contemporaine.

Frédéric Rossignol, nouvel évêque de Tournai et spiritainFrédéric Rossignol, nouvel évêque de Tournai et spiritain

Le père Frédéric Rossignol, 52 ans, Spiritain originaire de Bruxelles, est nommé par le pape Léon XIV comme 101ᵉ évêque de Tournai, après vingt ans de mission en Asie. Lisez notre article pour découvrir son portrait.

Qui sont les spiritains  ?

Les membres de cette congrégation, appelés Spiritains ou Missionnaires du Saint-Esprit, forment aujourd’hui une communauté missionnaire internationale, particulièrement présente en Afrique. Leur siège général se situe à Rome (Clivo di Cinna 195), tandis que la maison mère historique demeure à Paris

Aujourd’hui, les Spiritains comptent environ 2 600 membres, présents sur les cinq continents, dont quelques-uns en Belgique. Deux pères spiritains animent la chapelle-mémorial Kongolo à Gentinnes dans le Brabant-Wallon et sont associés à l’unité pastorale de Chastre: le père Joseph Burgraff, prêtre auxiliaire de l’Unité Pastorale et co-responsable du pôle solidarité, et le père Norbert Kitoumou, vicaire de l’Unité Pastorale. Le père Aurélien Sako, spiritain camerounais et créateur du tube mondial “comment ne pas te louer ?” a vécu dans cette communauté.

Spiritualité

Le charisme spiritain, hérité de Claude Poullart des Places, est un appel de Dieu à vivre l’Évangile au service des plus pauvres. Né du souci d’éduquer des séminaristes sans ressources, il inspire aujourd’hui prêtres, frères et laïcs à annoncer la Bonne Nouvelle là où elle est peu entendue. Selon la Règle de Vie, l’évangélisation des pauvres (Lc 4,18) demeure au cœur de la mission : aller vers les oubliés, les opprimés et les lieux où l’Église manque d’ouvriers. Ce charisme, toujours vivant, unit les Spiritains et leurs associés dans un même esprit de service, de foi et d’espérance.

Présents sur les cinq continents, majoritairement en Afrique

Durant le premier siècle de son existence, la Congrégation envoie ses missionnaires dans de nombreuses contrées étrangères. Au XIXᵉ siècle, la fusion avec la Société du Saint-Cœur de Marie, dirigée par le Père François Libermann, converti du judaïsme, redonne un nouvel élan à la Congrégation, qui entreprend alors l’évangélisation d’une grande partie de l’Afrique.

La congrégation est de plus en plus présente en Asie et en Amérique Latine. En Asie, la mission au Vietnam a été fondée en 2007 par trois missionnaires, dont Frédéric Rossignol, nouvel évêque de Tournai.

Consacrés à l’Esprit-Saint et prenant Marie pour modèle, les Spiritains vivent en communautés fraternelles, ouvertes et priantes. Prêtres ou frères, ils se mettent au service de missions situées aux périphéries, en France comme à l’étranger, là où l’Église manque d’ouvriers. Depuis plusieurs années, des laïcs associés se joignent à leur mission, tout en conservant leur état de vie propre.

Grandes figures spiritaines

Deux spiritains ont été béatifiés. Jacques-Désiré Laval (1803-1864), d’abord médecin puis curé de campagne en Normandie, fut missionnaire spiritain à l’île Maurice durant les 23 dernières années de sa vie. Il a été béatifié par Jean-Paul II le 29 avril 1979. Le bienheureux Daniel Brottier (1876-1936), ancien aumônier militaire et directeur des Orphelins Apprentis d’Auteuil, demeure une figure majeure de la charité spiritaine.

En effet, depuis 1923, la Province de France est étroitement liée à l’œuvre des Apprentis d’Auteuil, confiée aux Spiritains sous la direction du père Brottier. Conformément au Statut de l’Enseignement catholique approuvé par la Conférence des Évêques de France le 14 mai 1997, les Spiritains exercent la tutelle spirituelle de cette œuvre, garantissant son authenticité évangélique et son projet éducatif auprès de près de 200 maisons accueillant 13.000 jeunes.

La Congrégation a introduit les causes de béatification de ses fondateurs Claude Poullart des Places et François Libermann, ainsi que de Joseph Shanahan et d’autres membres éminents.

En 2017, le pape François nomme cardinaux deux spiritains issus de « l’Eglise des périphéries » : Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui en République centrafricaine, et Mgr Maurice Piat, archevêque de Port-Louis, à l’île Maurice.

Le père Spiritain belge Frédéric Rossignol a été choisi par le pape Léon comme nouvel évêque de Tournai en octobre 2015.

Des religieux consacrés, frères et prêtres, ou laïcs

À l’origine composée de prêtres, la Congrégation accueille au XIXᵉ siècle des Frères spiritains laïcs. Leur travail infatigable et courageux se traduit par la construction de chapelles, églises, écoles, dispensaires et par le lancement de projets de développement en Afrique et ailleurs. Prêtres ou frères, les Spiritains se consacrent à Dieu pour être libres et disponibles pour la mission, auprès de ceux qui ignorent encore l’Évangile ou vivent dans l’oppression.

Depuis plusieurs années, des laïcs engagés – mariés, célibataires, actifs ou retraités – participent à la mission spiritaine en demeurant dans leur milieu de vie.

On les appelle les Associés spiritains.

Les Spiritains français en exil

La congrégation du Saint-Esprit s’est déployée à l’international suite à deux formes de persécutions.

En 1792, c’est la Révolution en France. Tous les ordres religieux sont supprimés. Le séminaire du Saint-Esprit est évacué et son immeuble confisqué en septembre. Les spiritains de métropole se dispersent. Ceux de Saint-Pierre-et-Miquelon se réfugient au Canada, ceux de Guyane partent aux États-Unis ou en Martinique. La congrégation sera rétablie en 1816 grâce aux grands efforts du père Bertout.

Expulsés de France par les lois Combes de 1901, les Spiritains français cherchèrent refuge en Belgique pour y poursuivre la formation de leurs élèves. En 1903, ils acquièrent à Gentinnes le manoir de M. Wégimont, ami anversois de la congrégation, et y transfèrent les élèves de leurs collèges de Merville et Cellule. En 1914, on y compte 104 élèves internes répartis en quatre classes terminales. L’enseignement y est imprégné d’un esprit apostolique et missionnaire.

Après la guerre, en 1919, les Spiritains français rentrent en France, laissant le collège aux Spiritains belges. En 1945, le collège de Gentinnes devient un établissement d’enseignement secondaire gréco-latin, qui connaît une période de prospérité.

La Chapelle Kongolo à Gentinnes, mémorial des Spiritains en Belgique

La Chapelle-Mémorial Kongolo, située à Gentinnes dans le Brabant wallon, fut érigée en 1967 en hommage aux missionnaires morts lors des troubles post-indépendance du Congo.

De style moderne et lumineux, la chapelle porte sur sa façade 217 noms inscrits en lettres de bronze, formant la silhouette d’un œuf, symbole de vie et de résurrection.

Le 1er janvier 1962, 20 spiritains, 19 belges et un néerlandais, sont massacrés à Kongolo, lors de la guerre de sécession du Katanga, en République démocratique du Congo. Les missionnaires avaient pris la décision de rester avec une partie de la population n’ayant nulle part où se réfugier.

La grande majorité de ces 217 victimes est composée de missionnaires massacrés lors de la rébellion des Simba en 1964, dont 156 prêtres, religieuses et religieux. Parmi ces derniers, la majorité des 156 morts sont des Belges (81), suivis par des Néerlandais (36), des Italiens (10), des Luxembourgeois (8), des Congolais (7). Les ordres ayant payé le plus lourd tribut sont les prêtres du Sacré-Cœur (26), les dominicains et dominicaines (26), les croisiers (23) et les pères blancs (11). 29 protestants, en provenance de pays anglo-saxons et en majorité au service de l’Unevangelized Fields Mission, ont également péri.

Le projet du mémorial, soutenu par une souscription nationale, reçut le concours du gouvernement belge, de l’épiscopat et de nombreuses personnalités. Il fut porté en particulier par la congrégation du Saint-Esprit résidant à Gentinnes. L’édifice fut conçu par l’architecte Jeandrain (Gembloux), orné de vitraux d’Yves Dehais et d’une statue du missionnaire réalisée par Raf Mailleux (Genk).

Inaugurée le 7 mai 1967 en présence du roi Baudouin, de la reine Fabiola et d’une foule nombreuse, la chapelle est aujourd’hui un haut lieu de pèlerinage et de mémoire du Brabant wallon. L’ancien collège, devenu centre d’animation spirituelle, accueille désormais les visiteurs dans un cadre propice au recueillement.

La diminution des vocations missionnaires et le recul de la filière classique entraînent sa fermeture en 1969. Le collège secondaire devient le Centre d’animation spirituelle et missionnaire Kongolo. Rapidement, les bâtiments sont transformés en centre d’accueil.

Dès septembre 1969, le Centre Kongolo reçoit des groupes scolaires, des pèlerins du mémorial, ainsi que des sessions de formation spirituelle et pastorale. Un petit musée missionnaire y est ouvert, et l’accueil des visiteurs y est assuré dans un esprit d’hospitalité et de partage.

Comment ne pas te louer ?

Le chant de louange “comment ne pas te louer” est devenu viral sur les réseaux sociaux, cumule aujourd’hui des dizaines de millions de vues. Derrière cette mélodie entraînante se cache le père spiritain Aurélien Saniko, prêtre belge d’origine camerounaise et membre de la Communauté de la congrégation du Saint-Esprit de Gentinnes.

Écrite en 1985, alors qu’il n’avait que 15 ans et venait de guérir d’une longue maladie, la chanson est née d’un profond désir de gratitude envers Dieu. Enregistrée en 2005, un an après son arrivée en Belgique, elle connaît un succès inattendu : reprise par des chorales, remixée par des DJ et même diffusée en club. Pour le père Saniko, c’est un véritable miracle missionnaire, une nouvelle manière d’annoncer l’Évangile par la musique.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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