Quels sont les critères pour reconnaître une apparition mariale ?
Le dicastère pour la Doctrine de la foi vient de donner son accord à la dévotion des apparitions mariales présumées du Mont Zvir en Slovaquie. Que cela signifie-t-il ? Et quels sont les critères ?
Statue de la Vierge Marie /Goran Horvat - PixabayApparitions en Slovaquie : une valorisation pastorale sans reconnaissance officielle
Entre 1990 et 1995, deux fillettes ont affirmé avoir vu une “belle Dame”, identifiée comme la Vierge Marie, et reçu de sa part des messages invitant à prier le rosaire, jeûner et se convertir. Depuis, les pèlerins affluent régulièrement, et un sanctuaire a été édifié près du village de Litmanová, dans le nord de la Slovaquie, à l’endroit même des apparitions présumées.
Récemment, le Vatican a donné son accord à Mgr Jonáš Jozef Maxim, archevêque de Prešov, pour que ces apparitions fassent l'objet d’une “valorisation pastorale” dans le diocèse — sans pour autant en reconnaître le caractère surnaturel.
L’évêque enquête
Mais l’Église reste attentive à ces phénomènes surnaturels présumés. Elle demande à chaque évêque concerné d’ouvrir une enquête canonique dès lors qu’un tel événement est rapporté. C’est la première étape vers une éventuelle reconnaissance. Après une phase d’évaluation locale, les conclusions sont soumis au Dicastère pour la Doctrine de la Foi à Rome, qui doit donner son approbation. Cette procédure est devenue plus rapide et plus nuancée depuis la réforme du 19 mai 2024, qui a introduit six catégories de discernement, remplaçant l’ancien schéma binaire (“oui” ou “non”) quant à l’origine divine du phénomène :
- Nihil obstat : rien ne s’oppose à une valorisation pastorale, sans affirmer la supernaturalité ;
- Prae oculis habeatur : les fruits sont positifs, mais des éléments problématiques doivent être surveillés ;
- Curatur : des risques sont identifiés, mais le phénomène est trop diffus pour être ignoré ; il convient de l’encadrer sans le promouvoir ;
- Sub mandato : le phénomène est manipulé à des fins immorales ou financières ; une tutelle pastorale est imposée ;
- Prohibetur et obstruatur : l’adhésion est interdite en raison de risques graves pour la foi ;
- Declaratio de non supernaturalitate : une tromperie ou une falsification est démontrée.
De nouvelles reconnaissances grâce à la réforme
Pellevoisin, Litmanová, Medjugorje, Montichiari... Un peu partout en Europe, la réforme du Dicastère a permis aux évêques d’organiser plus sereinement des pèlerinages et des temps de prière autour de lieux d’apparitions présumées. Rome donne son accord, mais ne souhaite plus assumer seule la responsabilité d’une reconnaissance complète. La charge revient désormais à l’évêque local, chargé de veiller à la solidité des fruits spirituels et au bon encadrement pastoral du lieu. Le Vatican, lui, se contente d’un avis — qui n’en reste pas moins déterminant.
Il arrive cependant qu’une enquête révèle une supercherie. Ce fut le cas en Italie, à Trevignano, où Gisella Cardia affirmait recevoir des messages de la Vierge chaque 3 du mois, accompagnés de larmes de sang sur une statue et même d’une multiplication de gnocchis. Après analyse, le sang s’est avéré être le sien. La prétendue voyante, déjà condamnée pour d’autres escroqueries, a vu son cas classé comme "Declaratio de non supernaturalitate". Une preuve que le Vatican et les évêques prennent le temps de discerner avant de se prononcer.
