"Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous ..." (Jn 8, 21-30)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là,
Jésus disait aux Pharisiens :
« Je m’en vais ;
vous me chercherez,
et vous mourrez dans votre péché.
Là où moi je vais,
vous ne pouvez pas aller. »
Les Juifs disaient :
« Veut-il donc se donner la mort,
puisqu’il dit :
“Là où moi je vais,
vous ne pouvez pas aller” ? »
Il leur répondit :
« Vous, vous êtes d’en bas ;
moi, je suis d’en haut.
Vous, vous êtes de ce monde ;
moi, je ne suis pas de ce monde.
C’est pourquoi je vous ai dit
que vous mourrez dans vos péchés.
En effet, si vous ne croyez pas que moi, JE SUIS,
vous mourrez dans vos péchés. »
Alors, ils lui demandaient :
« Toi, qui es-tu ? »
Jésus leur répondit :
« Je n’ai pas cessé de vous le dire.
À votre sujet, j’ai beaucoup à dire
et à juger.
D’ailleurs Celui qui m’a envoyé dit la vérité,
et ce que j’ai entendu de lui,
je le dis pour le monde. »
Ils ne comprirent pas qu’il leur parlait du Père.
Jésus leur déclara :
« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme,
alors vous comprendrez que moi, JE SUIS,
et que je ne fais rien de moi-même ;
ce que je dis là,
je le dis comme le Père me l’a enseigné.
Celui qui m’a envoyé est avec moi ;
il ne m’a pas laissé seul,
parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. »
Sur ces paroles de Jésus,
beaucoup crurent en lui.

Source : AELF

Méditation   Père Nicolas de Boccard  

Dans ce passage, Jésus insiste sur son origine divine : « Je suis d’en haut », dit-il, « Vous vous êtes de ce monde, et moi je ne suis pas de ce monde ». Mais il va moins préciser d’où Il vient que là où Il va : « Je m’en vais, et vous me chercherez ; et vous mourrez dans votre péché. Là où je vais, vous ne pouvez pas venir ». Il est vraiment Dieu, Maître du temps et de l’histoire : « Au commencement était le Verbe » ainsi commence le Prologue. Et l’opposition va lui permettre de se dévoiler encore plus intimement dans sa Personne : Il est « Je suis », Celui qui Est en sa personne et Qui se révèle en Sa Parole et par Ses actes : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, Je Suis ». Il est bien « Je suis Celui qui suis » révélé par Yahvé à Moïse dans l’épisode du buisson ardent (Ex 3, 14 ; Ex 3, 15).

L’évangile de Jean, selon Origène, est l’évangile le plus spirituel, on pourrait presque dire le plus mystique. Il nous fait pénétrer dans le cœur de notre foi : le mystère du Verbe incarné. Refuser d’y adhérer, c’est entrer dans le péché. Certains croient, d’autres ne comprennent pas, d’autres encore refusent de croire. Et plus les hommes s’enferrent dans ce péché, plus Jésus nous permet d’approcher et de contempler Qui Il est en vérité.

Dom Guillerand, un grand spirituel chartreux du début du XX^ème siècle, résumait ainsi ce passage de Jean : « La doctrine profonde se mêle à toute la tendresse ineffable des relations de la vie divine. Ce sont des éclairs dans la nuit de ces discussions et de ces âmes que la haine conduit. C’est quand on lui pose la question directe de son origine et de ses rapports avec son Père que brillent ces éclairs » (« L’abîme de Dieu », p. 310).