Pourquoi prier le chapelet ?

On l’aperçoit souvent au creux des mains de fidèles catholiques en prière. Le chapelet est l’un des objets les plus vendus dans les sanctuaires et autres lieux de pèlerinage. D’où vient cette tradition ? À quoi ça sert de prier le chapelet ? 

C’est quoi un chapelet ?

Le chapelet est un objet de dévotion religieuse très utilisé dans le monde catholique. Ce n’est pas un bijou même s’il peut ressembler à un collier. Il compte cinquante grains ou perles enfilés sur une cordelette - parfois ce sont simplement des nœuds - et séparés tous les dix grains par cinq autre grains. Et on trouve en général un crucifix au bout du cordon.

Le principe du chapelet est de "donner un rythme à la prière", comme l'explique Xavier Accart, rédacteur en chef du magazine Prier et auteur de "L’art de la prière" (éd. L’Emmanuel, 2022) et de sa version synthétique, "Apprendre à prier" (2024). Les cinq fois dix grains représentent le nombre de Je vous salue Marie que le fidèle récite. Les cinq autres correspondent à la prière du Notre Père.

Chez les chrétiens orthodoxes, le tchotki accompagne les récitations mais aussi les gestes du croyant, comme les signes de croix ou les génuflexions. Ces objets qui viennent accompagner la prière se retrouvent dans d’autres traditions religieuses comme le bouddhisme tibétain ou l’islam soufi.

Dans le catholicisme il existe différentes versions du chapelet. "Il y a beaucoup de formes de cet objet, il y a le chapelet à saint Michel, avec des rythmes différents, etc. Mais c’est vrai que couramment quand on parle du chapelet on pense au chapelet de la Vierge."

D’où vient le chapelet ?

Le chapelet est "une sorte de liturgie des heures pour les pauvres". Xavier Accart explique qu’au Moyen Âge, certains moines dans les monastères cisterciens ne savaient pas le latin et ne pouvaient donc pas dire les Psaumes. Ils faisaient donc des nœuds à leur ceinture de corde pour réciter des Notre Père. « Des Pater qui sont devenus des Je vous salue Marie."

Ce n’est donc pas un hasard si la prière du rosaire, c’est-à-dire l’équivalent de trois chapelets, compte au total 150 récitations du Je vous salue Marie : 150 est le nombre de Psaumes dans la Bible.

Comment prier le chapelet ?

Pour prier le chapelet, le catholique commence par faire un signe de croix, puis il récite le Credo : c’est l’étape du crucifix. "Ça active cette vertu de foi qui nous met en contact avec Dieu." Puis, au fil des trois premiers petits grains, on récite d’abord un Notre Père et trois Je vous salue Marie, en guise de "petite introduction". 

S’en suivent des séries de un Notre Père et de dix Je vous salue Marie. Puis le chapelet se termine avec "ce qu’on appelle une doxologie, explique Xavier Accart, on rend grâce à la Trinité". Le fidèle dit : "Gloire au Père au fils et Saint-Esprit". "Ça nous oriente vers la fin et l’origine de tout, c’est-à-dire la sainte Trinité."

Le Notre Père et le Je vous salue Marie, les deux grandes prières des catholiques

Certes, le chapelet peut sembler répétitif ! N’est-il pas tentant de croire que le fidèle récite ces prières un peu machinalement ? "Le Père Lacordaire le dit très bien, répond Xavier Accart : L’amour n’a qu’un mot mais il le disant toujours il ne le répète jamais !"

Le Notre Père et le Je vous salue Marie sont les deux grandes prières des catholiques. "Le Notre Père nous met, comme dit Jean-Paul II, dans cette position filiale puisque Jésus nous dit : Pour prier dites Notre Père." Comme le Notre Père, le Je vous salue Marie, est issu de la Bible. "La première partie du Je vous salue est la salutation de l’ange à Marie lors de l’Annonciation, rappelle Xavier Accart, et la salutation d’Elisabeth à sa cousine Marie quand elle vient lui rendre visite."

Et si l’Église a ajouté le nom de Marie (qui ne figure pas dans l’Évangile), c’est "précisément pour que ce ne soit pas un rabâchage, pour qu’on puisse s’adresser à la personne de Marie". En répétant ces prières, le fidèle entre dans "le mystère de ces paroles", il est porté par le désir d’approfondir sa relation avec Marie et Jésus.