Pourquoi jeûner pendant le Carême ?

Chaque année pendant le Carême, les chrétiens sont appelés à jeûner. Du mercredi des Cendres à la fête de Pâques, les croyants réalisent un chemin spirituel profond par cette abstinence partielle ou totale de nourriture. Le jeûne permet de se purifier et de se rapprocher de Dieu.

Qu’est-ce que le jeûne chrétien ?

Dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau Testament, le jeûne est partout, plus ou moins explicitement dans les écritures. “Moïse, Élie et Jésus-Christ ont jeûné pendant une période de 40 jours et 40 nuits”, explique le frère Yves, moine cistercien de l’abbaye Notre-Dame-de-Timadeuc dans le Morbihan. Sœur Fabienne, religieuse bénédictine, prieure du monastère de Saint-Thierry, près de Reims, nous explique que "c’est le chapitre 49 de la Règle de Saint-Benoît qui nous invite à jeûner, tout particulièrement pendant le Carême".

C’est un outil spirituel pour favoriser la rencontre avec Dieu

Ce jeûne alimentaire demande de réduire la quantité de nourriture, par exemple en s’abstenant de viande le vendredi ou en se limitant à un seul repas par jour. "C’est un outil spirituel pour favoriser la rencontre avec Dieu", précise le moine cistercien. Cette recherche spirituelle marque une relation intense avec Lui. "Le jeûne n’est pas un but, mais un chemin qui conduit à Dieu. Il permet de garder la maîtrise de soi pour laisser une place au seigneur", exprime sœur Fabienne. "Par cet acte, on va à Dieu avec son corps, son cœur et tout son amour”, complète frère Yves.

Le jeûne est souvent associé à une privation, mais dans la tradition chrétienne il constitue bien plus que cela. "C’est en apparence une privation, mais le corps se nourrit ailleurs dans l’amour de Dieu”, précise frère Yves. Un avis partagé par Jean-Louis, auditeur fidèle de l’émission : "Le jeune n’est pas une privation, il procure une libération et permet de mettre mon corps au repos. Grâce à lui, j'accède à des prières de contemplation".

Le jeûne, pour laisser une place à Dieu

Véritable chemin spirituel et de sobriété, le jeûne chrétien permet aussi de se recentrer sur Dieu. Laetitia Giron, mère de famille, pratique le jeûne dans le cadre de retraites spirituelles depuis plusieurs années. Elle témoigne de son expérience : "Jeûner, c’est être dans une relation extrêmement forte avec Dieu. Comme un rendez-vous avec moi-même, ça m'ouvre aux autres. J’ai vécu ça comme quelque chose d’assez joyeux”.

Il nourrit l’esprit et la foi, et permet de se libérer des préoccupations. "Le jeûne a une forme de densité, ce que je perçois va continuer à m’élever pendant l’année qui suit. Il éclaire tout ce qu’il y a de beau et m’emmène à la contemplation de tout ce qui m’entoure”, poursuit la mère de famille. Une pratique qui peut être individuelle mais aussi collective. “Quand on jeûne en groupe, on avance tous ensemble vers Dieu, et on forme le corps du Christ tous ensemble”, précise frère Yves.

Jeûner, c’est être dans une relation extrêmement forte avec Dieu

En 2017, le Pape François, invitait à suivre d’autres types de jeûnes pendant le Carême comme “jeûnez de mots offensants et transmettez seulement des mots doux et tendres. Jeûnez d'insatisfaction/d’ingratitude et remplissez vous de gratitude. Jeûnez de colère et remplissez vous de douceur et de patience”.

Le jeûne n’est donc pas forcément lié à la nourriture, il peut être aussi symbolique en se privant de plaisirs ou d’habitudes. Sœur Fabienne explique que “l’important est qu’on laisse une place à Dieu, un espace ouvert. Quel est le lieu de son combat, quel est le lieu où on a besoin de donner plus d’espace, il y a plein de manières de vivre ce jeûne, c’est en fonction de chacun”. 

Laetitia Giron a fait le choix cette année de pratiquer un jeûne de certaines paroles et d’écrans. “C’est ce qui me paraissait le plus juste, suivant mes besoins. Ça me permet d’être attentif à des aspects auxquels je ne faisais plus attention, car j’étais dans ma routine", justifie-t-elle. Qu’il prenne la forme d’une privation alimentaire ou symbolique, le jeûne permet de consacrer du temps à la prière et de laisser une place, dans son quotidien et dans son esprit, à Dieu.