Pourquoi Dieu a-t-il un penchant pour les "bons à rien" ?
Dans la Bible, plusieurs personnages tantôt frêles, incompétents et parfois moqués sont mis en avant. Pourquoi Dieu a-t-il choisi ces personnes limitées ? Était-il un mauvais recruteur ? C’est la question que s’est posé Sylvain Detoc, dans son livre "La gloire des bons à rien", publié aux éditions du Cerf.

Tout est parti d’une réflexion sur Bernadette. Alors que Sylvain Detoc doit écrire un texte sur elle, il fait la liste de tous les "défauts" qu’elle peut avoir. Bistrotière qui servait de l’alcool, mauvaise élève qui patinait en catéchisme... "Tout cela ne la rendait pas crédible aux yeux des chrétiens. Elle n’était pas la personne la plus indiquée pour accomplir la mission confiée par la Vierge", à savoir organiser une procession à la grotte et faire construire une chapelle. Elle oublie d’ailleurs de rapporter la deuxième demande au prêtre la première fois.
Pourtant, Bernadette finit par convaincre l’Eglise et les croyants, et la chapelle sortira finalement de terre en 1862. Preuve qu’elle a fait honneur "au message dont elle était dépositaire". C’est d’ailleurs le point commun de tous les "bons à rien" de l’Ancien et du Nouveau Testament. S’ils pensent comme Moïse qu’ils ne sont pas la personne qui convient pour porter la parole de Dieu, ils se révèlent sous l’action de Dieu, explique Sylvain Detoc. Tout comme l’ont montré les Femmes au tombeau qui ont annoncé la résurrection de Jésus sont passées dans un premier temps pour des folles alors qu’elles annonçaient la bonne Nouvelle.
Quel message de Dieu y voir ?
"Je crois que ces figures ont valeur d’icône pour nous et que Dieu a des choses à nous enseigner au travers de leurs parcours", affirme Sylvain Detoc. Le premier enseignement de ces choix de porte-paroles à priori « bons à rien », c’est que le parcours de foi n’est jamais linéaire et ce n’est pas grave. L’autre enseignement qu’en tire le frère dominicain, c’est qu’il faut s’accepter tel qu’on est. « Nous ne sommes pas des anges. Dieu nous invite à réapprivoiser notre nature humaine, notre histoire et à commencer à nous mettre en route, sans attendre d’avoir une assurance de sainteté », conclut-il.
Surtout, le frère dominicain y voit une grande leçon : "Dieu ne voit pas les choses comme nous." Il cite l’exemple de David, le berger gringalet choisi par Dieu, qui, contre toute attente, est ressorti vainqueur face à Goliath, avant de devenir roi. Et Sylvain Detoc de conclure : "Dieu ne regarde pas l’apparence, il regarde le cœur et le façonne."