Pourquoi bénir ? Redécouvrir une parole vivante entre Dieu et les hommes
Souvent réduite à un geste rituel, la bénédiction est avant tout une parole vivante, qui relie Dieu et l’humanité. Quelle est sa source ? Que signifie bénir ? Un éclairage spirituel avec Simon Juan, de la Pastorale liturgique du diocèse de Montpellier.
Bénir, une action à la base de la foi © Trnava UniversityDans une époque où les mots se consument rapidement, bénir, c’est prendre le temps de dire du bien. Non pas flatter ou enjoliver, mais dire du bien comme Dieu le dit : avec vérité, avec foi, avec puissance. Car la bénédiction n’est pas un simple souhait, ni une coutume pieuse : elle établit une relation. Une relation de confiance entre Dieu et sa création, entre l’homme et son prochain.
Simon Juan, responsable de la Pastorale liturgique et sacramentelle du diocèse de Montpellier, nous invite à revisiter cette notion à la lumière de son expérience personnelle et d’un pèlerinage au cours duquel il a été confronté à la question : “Que bénit-on vraiment ? Et pourquoi ?”
Dieu, source de toute bénédiction
La première bénédiction est celle de Dieu sur le monde : “Dieu vit que cela était bon” (Genèse 1, 31). Ce regard créateur, qui approuve et qui féconde, fonde toute bénédiction chrétienne. En bénissant, Dieu donne, mais surtout, Dieu se donne. Et il appelle l’homme à entrer dans cette dynamique de don.
Saint Paul écrit : “Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a comblés de toute bénédiction spirituelle” (Éphésiens 1, 3). Pour le chrétien, la bénédiction est participation à la vie divine. Elle s’inscrit dans la louange, dans l’action de grâce, dans l’attention à la présence de Dieu dans le réel.
Une parole qui agit
Lorsqu’un prêtre ou un diacre bénit un objet, une maison, une croix ou un pèlerin, ce n’est pas la matière qui change, mais le regard : l’objet est remis entre les mains de Dieu, et devient signe de sa présence. Bénir, ce n’est pas sacraliser magiquement, mais ouvrir un espace spirituel, donner un sens.
De plus, la bénédiction n’est pas réservée aux ministres ordonnés. Tout chrétien peut bénir. Une mère bénit son enfant avant de dormir, un proche envoie une parole d’encouragement, un couple bénit un repas partagé. La bénédiction devient ainsi un style de vie, une manière d’habiter le monde.
La bénédiction, antidote au cynisme ?
Dans un monde souvent marqué par la défiance, la plainte ou la critique, bénir, c’est résister. C’est choisir de poser un regard bienveillant, de croire au bien, d’espérer contre toute espérance (Romains 4, 18). La bénédiction est un acte de foi : elle affirme que Dieu est à l’œuvre, ici et maintenant, même quand tout semble vide.
Simon Juan le rappelle : “Bénir, c’est dire que tout peut être signe du Royaume. Même nos fragilités, nos objets les plus simples, nos quotidiens ordinaires.”
Une spiritualité du concret
À travers les bénédictions, c’est notre foi incarnée qui se dit. La parole qui bénit est toujours une parole qui engage, une parole qui relève, une parole qui envoie. Comme Jésus face à la femme adultère, comme le père du fils prodigue, comme Pierre face à sa belle-mère malade, la bénédiction est un appel à la vie.
Et si bénir, aujourd’hui, c’était justement réapprendre à vivre dans la gratitude, dans l’émerveillement, dans notre relation à Dieu ? Une invitation à redevenir des porteurs de bénédiction pour un monde qui en a tant besoin.


Célébrer : c’est un des trois piliers, avec annoncer et servir, de la vie chrétienne. Le service de Pastorale Liturgique et Sacramentelle vous propose cette émission pour découvrir les sacrements qui jalonnent la vie du croyant et les différents visages de la célébration : liturgie, musique liturgique, art sacré, servants d’autels, fleurissement liturgique.





