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Pendant l'Avent : oser Dieu, oser se lancer

Pendant l'Avent : oser Dieu, oser se lancer

Un article rédigé par Madeleine Vatel, avec OR - RCF, le 10 décembre 2025 - Modifié le 12 décembre 2025

Confiance en Dieu et confiance en soi sont "intimement liées : Dieu est là quand je suis moi-même", nous dit le Père Benoît de Maintenant. Ce prêtre jésuite a longtemps été aumônier d'étudiants. Pour commenter notre thème de l'Avent "Oser Dieu", il décrit la foi non pas comme un saut dans l'inconnu mais comme une aventure où l'on apprend à se connaître soi-même et à discerner les signes de la présence divine.

"Dans l’inconnu que tu as, qui est ce que tu vas devenir ou ce que tu vas faire, un truc qui est Amour, sera présent." ©Corinne Simon / Hans Lucas"Dans l’inconnu que tu as, qui est ce que tu vas devenir ou ce que tu vas faire, un truc qui est Amour, sera présent." ©Corinne Simon / Hans Lucas

Responsable du Service jésuite des vocations, le Père Benoît de Maintenant est prêtre jésuite et comédien. Il a longtemps été aumônier dans des grandes écoles ou en classes préparatoires. Il a donc été en contact des jeunes, croyants ou non, mais porteurs de questions existentielles, à un âge où l’on construit son avenir. Et où on peut avoir parfois le sentiment de faire un saut dans le vide. Cela est particulièrement vrai lorsque l’on fait des choix d’études que l’on pressent comme déterminants pour la suite. Mais cela est vrai aussi à différentes étapes de la vie. Où est Dieu quand il faut prendre une décision ? Dans quels signes faut-il lire sa présence, son approbation ? 

Oser Dieu, est-ce naturel ?

En réaction au thème que RCF – Radio Notre-Dame a choisi pour l’Avent 2025, "Oser Dieu", Benoît de Maintenant confie : "Ce qui me conduit de manière naturelle, c’est la peur. Et donc comme j’ai peur, avoir de l’audace, c’est presque contre nature ! Je joue un peu avec les mots en disant ça, mais du coup l’audace, c’est vraiment ce qui m’attire parce que ce n’est pas ce que j’ai naturellement." Pour lui qui a "osé Dieu" en quelque sorte en devenant prêtre, l’audace est "une expérience" qu’il a faite "comme étant une expérience extrêmement heureuse". 

Mais il l’a faite en étant entouré. "Oser Dieu", cela ne se fait pas seul, prévient le jésuite. "Ce qui est pénible, d’ailleurs, parce que oser faire confiance à ce que je ne connais pas, c’est compliqué !" Mais si l’audace va si bien avec la foi, c’est parce qu’il y a lieu de croire que "tout ne dépend pas de moi", comme dit le Père de Maintenant. "Donc avançons à plusieurs et ce qui se passera après… Le vrai autre c’est ça, le joker il est sur Dieu !"

Oser Dieu, cela ne s’adresse qu’aux croyants ? Un jour devant une promo d’élèves ingénieurs, qui n’étaient pourtant pas tous chrétiens, précise le Père de Maintenant, il leur a dit ceci : « Le mot "Dieu" existe dans toutes les langues. Tous les humains inventent un mot qui veut dire : Au-delà, autre chose, un truc… Le mot "Dieu" signifie ce qu’on ne connaît pas. » Pour le jésuite, l’expérience qui est donnée de vivre, c’est de chercher la confiance. "Dans l’inconnu que tu as, qui est ce que tu vas devenir ou ce que tu vas faire, un truc qui est Amour, sera présent. Je ne pars pas seul dans la forêt, on est deux. Je ne pars pas seul. Donc hauts les cœurs !"

 

Guetter la force qui vient de Dieu

Dans l’évangile, Jésus dit ceci : "Quelqu’un m’a touché, car j’ai reconnu qu’une force était sortie de moi." (Lc 8, 46) C’est un passage célèbre de l’épisode de la femme hémorroïsse. Dieu est-il fort ? "Réduire Jésus à une force physique, évidemment que non ! soutient le jésuite. Théologiquement, je ne sais pas si Dieu est réductible à une force, je ne pense pas, mais que l’on soit des guetteurs de force, alors là on a de la vie devant nous, là !"

Le croyant est comme le surfer qui va chercher la force de la vague. Mais qu’est-ce que cela veut dire concrètement d’attraper la force qui vient de Dieu ? Dans quel état d’esprit faut-il être ? "Souvent le surfer, son activité première, c’est d’attendre la vague, note le Père de Maintenant. Et d’attendre la bonne vague. Donc c’est d’abord une disposition d’écoute, d’observation, de connaître le milieu dans lequel on est. De se connaître, connaître nos forces, notre tempérament…" Et ce que l’on va chercher à attraper, c’est "ce qui donne plus de joie, plus de paix, plus de tranquillité".

 

Dieu est là quand je suis moi-même

 

La joie, un critère déterminant

"Là où il y a plus de joie, vu que Dieu nous a créées pour aimer, pour la joie, pour la paix, quand on est orientés là-dedans, il faut y aller !" Si l’on voulait un indicateur fiable pour avancer dans les voies de Dieu, on pourrait retenir la joie. Tout l’enjeu est de "repérer la joie toute simple" que l’on peut tous éprouver. Pour cela, il est donné à chacun "d’enquêter". Et donc de se questionner : Qu’est-ce qui fait que dans telle situation, à travers telle rencontre j’ai goûté cette joie que j’ai ressentie saine et simple ? Même au milieu d’une situation difficile, une joie, aussi infime soit-elle, peut surgir...

Dans la spiritualité ignatienne, la notion de discernement est centrale. Saint Ignace de Loyola, l’un des fondateurs de la Compagnie de Jésus, est à l’origine des Exercices spirituels. "Le premier élément qu’Ignace propose, résume le Père de Maintenant, c’est de déterminer dans quelle phase je suis : Est-ce que je suis dans une phase de consolation ou de désolation ?" Dans une phase de consolation, on expérimente la confiance en soi, en la vie, en Dieu. La désolation, c’est de ne plus avoir confiance et de considérer l’avenir bouché.

Si, au moment même où l’on se pose la question, on est dans une phase de consolation, "on en profite, on est capable de reconnaître que Dieu est là, qu’il me donne d’être moi-même". D’ailleurs pour le jésuite, la confiance en Dieu et la confiance en soi sont "intimement liées". "Dieu est là quand je suis moi-même", dit-il.

 

Faut-il attendre un signe de Dieu ?

"Avoir confiance ne Dieu, ce n’est pas une déresponsabilisation, prévient le jésuite. Avoir confiance en Dieu c’est sortir du port, c’est commencer l’aventure." Souvent, on espère des signes qui nous indiquent où aller. Et l’on en vient parfois à se plaindre du silence de Dieu. Mais "le premier signe de Dieu, c’est que je suis vivant, répond le Père de Maintenant. C’est que je suis don, Il m’a donné à moi-même. Et donc qu’est-ce que je fais de ce premier cadeau qui est moi-même ?"

Parfois on se désole de ce qu’il nous manque pour avancer dans la vie. "Mais ce ne sont pas des signes de Dieu puisqu’il ne les a pas donnés. Et on ne va pas regarder moi-même." Les signes de Dieu, c’est d’être "ajusté", de rencontrer "la paix, la joie, la tranquillité". Et cela s’apprend : faire un exercice de relecture peut nous y aider.

"L’exercice de relecture, c’est un exercice difficile pour nous aujourd’hui parce qu’on est une société de l’information, observe le jésuite. Or, relire, ce n’est pas avoir l’info, c’est avoir la saveur." On recherchera donc en soi l'effet qu'a eu un événement du passé. On va "repérer quand est-ce que la vie était belle ou très belle ou très moche !"

"À partir du moment où on va chercher la saveur, on est bien dans la nuance des choses fines et Dieu va parler finement. Il est dans la brise légère, je crois." Par exemple, une personne qui a perdu son travail va cependant pouvoir reconnaître que les remerciements d’un collaborateur ont changé quelque chose dans sa manière de quitter l’entreprise. On peut donc "s’entraîner" à détecter la saveur souvent subtile des choses. "S’entraîner, pour le jésuite qui reprend la métaphore sportive, c’est accepter de n’être pas au top de la finesse mais de se faire aider par quelqu’un. N’ayons pas peur d’être modeste au départ !"

 

Émission Halte spirituelle © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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