Pendant l'Avent : oser Dieu, malgré l'épreuve

Le temps de L’Avent est un temps pour oser Dieu. "Oser Dieu", c'est le thème de RCF - Radio Notre-Dame pour l'Avent. Après l'audace de l'hospitalité et l'audace de se connaître soi-même, l'audace de compter sur Dieu dans l'épreuve. Comment faire le pari que Dieu nous accompagne même si on traverse des moments difficiles ? C’est ce à quoi invite le témoignage de Louis Bouffard. Écrivain, conférencier, il est l’auteur avec Ombeline Adrian du livre "Un cœur joyeux. Journal de bord" (éd. Mame, 2024). Un ouvrage dans lequel il rend compte de sa foi chrétienne et de la joie qu’elle procure. Malgré sa maladie, Louis Bouffard est un homme engagé, il est notamment membre collectif Démocratie, éthique et solidarités, fondé par Emmanuel Hirsch.

Une vie marquée par des renoncements

"C’est bien sûr une maladie de naissance, on va dire que petit à petit, j’ai perdu ma mobilité." Louis Bouffard est âgé de 26 ans, sa maladie, la myopathie de Duchenne, a été diagnostiquée quand il avait deux ans et demi. "J’ai perdu à l’âge de dix ans l’usage de ses jambes, ce qui fait que depuis cet âge je me déplace en fauteuil roulant électrique. Depuis l’âge de treize ans, je ne peux plus utiliser mes bras pour me nourrir tout seul. Et depuis douze ans j’ai besoin d’une assistance respiratoire la nuit pour respirer. Et cette assistance respiratoire, j’en ai de plus en plus besoin au cours de la journée maintenant."

La vie de Louis Bouffard est donc marquée par des renoncements. Il lui a fallu d’abord accepter "de dépendre de [son] fauteuil roulant". Aujourd’hui, il sait que sa capacité respiratoire diminue. "Les renoncements font partie intégrante de ma vie", dit-il. Toutefois, s’il ne peut "être mobile seul", il se dit "autonome. Mais pour vivre cette autonomie, j’ai besoin de l’aide des autres."

Le témoignage de Louis Bouffard impressionne par sa douceur. Le ton de voix apaisé, il raconte : "Je n’ai jamais vécu de révolte face à Dieu, face à toutes ces épreuves. Je sais que ça demande quand même du temps pour l’accepter." Avec lucidité, il admet qu’il traverse des moments plus difficiles que d’autres. Mais "j’ai reçu cette grâce de cette paix, dit-il, de cette joie malgré tout. C’est vrai qu’il y a des jours plus ou moins faciles, les jours sans".

Ce qui l’aide, ce sont sa famille, ses amis et Dieu : ses "trois bouées", comme il les appelle. Quand Louis Bouffard a perdu, enfant, la capacité de marcher, il savait qu’il avait la "sécurité de l’amour" de sa famille. "Je savais que j’étais aimé malgré le fait que je ne pouvais plus marcher. Cette sécurité de l’amour fait que quand on est enfant on accepte plus facilement les épreuves de la vie."

J’ai compris à quel point il faut apprendre que nous sommes dépendants de Dieu

Le sens du dépouillement spirituel

Louis Bouffard a fait de cette épreuve le lieu d’un cheminement humain et spirituel. En faisant l’expérience de devoir compter sur les autres pour la plupart de ses gestes du quotidien - y compris pour nettoyer ses lunettes, comme il le dit - Louis Bouffard a compris le sens spirituel du dépouillement. 

"J’ai compris à quel point il faut apprendre que nous sommes dépendants de Dieu, que notre vie dépend de Dieu, qu’il faut vraiment avoir cette disposition du cœur pour le laisser agir, pour le laisser prendre la première place." Louis Bouffard nous donne un enseignement qui s’accorde particulièrement bien avec le temps de l’Avent. "C’est tout le mystère de ce temps de l’Avent de préparer son cœur, de le défaire de tout ce qui l’encombre… C’est tout l’enjeu, petit à petit se dépouiller de soi-même pour L’accueillir." Il s’agit "d’apprendre que notre vie dépend de Dieu".

Certes, il y a des jours où cela est plus difficile. En réalité, c’est tous les jours qu’il faut consentir à ce lien. "L’épreuve, c’est de devoir continuer à consentir chaque jour, à se lever chaque matin en disant : Oui, Seigneur je veux bien vivre cette épreuve parce que je sais que Tu es à mes côtés." De la même manière que des personnes aident le jeune homme à se lever et à s’habiller chaque matin, Dieu est "un guide" dans sa vie.

Oser Dieu, oser collaborer à son œuvre

Avoir besoin des autres, avoir besoin de Dieu : cela peut être la source d’une joie véritable. "Malgré la maladie, témoigne Louis Bouffard, ma vie, elle est heureuse. Je comprends l’importance du lien qu’on a besoin d’avoir les uns avec les autres, avec le Tout-Autre, avec Dieu. Tous ces liens me permettent de garder ce désir de vivre, cette envie de vivre, cette joie qui me porte malgré tout."

L’Avent est une invitation à laisser Dieu entrer dans notre vie. Et à le laisser agir ? Pour Louis Bouffard, laisser Dieu agir dans sa vie, c’est "faire confiance à l’Esprit saint, à la Providence qui va nous guider". Mais cela passe par l’idée de "conformer notre vie à l’Évangile. Il nous faut collaborer à l’œuvre de Dieu. Il nous faut grandir petit à petit dans cette confiance infinie dans le Seigneur, et ça demande bien une vie entière donc ne perdons pas de temps, mettons-nous à son école dès aujourd’hui !"

Louis Bouffard est un homme engagé. "Tout en étant aidé, moi je peux aider à mon tour ! Je peux écouter celui qui en a besoin." Il intervient dans les médias, les écoles "pour aller parler aux jeunes pour témoigner de ce que je vis, de cette foi au Christ qui me porte. Nous dépendons tous des uns et des autres."