Paysan de Dieu

Comme un pied-de-nez,  ou simplement un acte de gratitude à l’égard de lui-même et de ceux qui l’ont accueilli, François Cassingena-Treverdy joue du mot paysan, trop longtemps enfoui dans les poussières des foins, jusqu’à parfois être recouvert d’un certain mépris.  Oui, « Paysan » au singulier, car le paysan, c’est un archétype, mais c’est aussi celui qu’on le croise dans l’ouvrage et c’est finalement l’auteur lui-même, Un moine bénédictin, qui s'est orienté vers une vie reculée dans le Cantal. Seul, mais pas solitaire, il raconte au fil des jours, ses impressions, ses réflexions sur ce qui l’entoure : c’est un tableau de la nature qui change avec les saisons. C’est aussi une fresque liturgique qui vit au rythme des récoltes.

Une immersion au cœur du Cantal et de son monde agricole

Comme un monde à part entière, le frère François nous fait entrer dans cette communauté qu’il observe jusque dans ses moindres replis :  nous sommes près du foin, nous traversons la brume du matin, nous passons prendre le café chaud dans la paix d’une cuisine jaunie, et parfois, las, nous restons le soir dans le silence des paysans taiseux éreintés. 

 La culture intellectuelle la plus raffinée n’isole point du commun des hommes

Et tout ce récit se fait dans un style poétique magnifique, emmené par l’auteur, à travers les lieux, les odeurs, des mots rares. Aussi, la liberté qui souffle dans ces pages raconte-t-elle l’alliance entre le cérébral et le manuel, entre ora et labora, entre travail, étude et prière. « La culture intellectuelle la plus raffinée n’isole point du commun des hommes » écrit l’auteur. Et son livre en est une démonstration évidente.