« On ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette..» (Mt 13, 47-53)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus disait aux foules :
    « Le royaume des Cieux est encore comparable
à un filet que l’on jette dans la mer,
et qui ramène toutes sortes de poissons.
    Quand il est plein, on le tire sur le rivage,
on s’assied,
on ramasse dans des paniers ce qui est bon,
et on rejette ce qui ne vaut rien.
    Ainsi en sera-t-il à la fin du monde :
les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes
    et les jetteront dans la fournaise :
là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. »

    « Avez-vous compris tout cela ? »
Ils lui répondent : « Oui ».
    Jésus ajouta :
« C’est pourquoi tout scribe
devenu disciple du royaume des Cieux
est comparable à un maître de maison
qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »

    Lorsque Jésus eut terminé ces paraboles, il s'éloigna de là.

Source : AELF

Méditation  Pasteure Héléna Vicario

Ce filet que l’on a jeté dans la mer et que l’on remonte à la surface, que charrie-t-il ? Mes moments de colères, quand je m’insurge contre mon voisin qui fait trop de bruit, mes moments d’apaisement le soir en prière ou les moments de tendresse qui me lient à mes proches ? Mes lâchetés ou les moments où j’ai tenu bon face aux oppresseurs ? Comment faire le tri ?

 Bien sûr les anges peuvent faire le tri eux qui ne connaissent pas les vicissitudes des êtres humains, les tribulations de la chair, la complexité de l’âme. Ils peuvent reconnaître un bon d’un méchant et jeter le méchant dans le feu, les pleurs et les grincements des dents. Oui, et cela est rassurant qu’on condamne dans la Bible ceux qui n’ont pas une once de bonté. Je pense à Hitler par exemple, pourrait-on vivre avec l’idée qu’il ait rejoint le paradis après sa mort, pour vivre dans la gloire de Dieu, après les millions de morts et les souffrances indicibles que ses choix ont provoqué ? 

Oui mais que se passe-t-il pour ceux qui se situent dans l’entre-deux ? Ceux qui ne sont ni blanc comme neige, ni complètement mauvais ? Quel est le destin de ceux dont la vie est pleine de nuance, c’est-à-dire de la grande majorité de l’humanité, vous et moi compris. 

A première vue, on ne les retrouve pas dans ce texte. On épouse la vision binaire du narrateur les justes d’un côté, les méchants de l’autre. Ou peut-être que cette ligne de démarcation dont parle le texte peut être perçue à l’intérieur de chacun, et de chacune de nous. Que ce qu’il y a de méchant en nous, ce qui se refuse à un relationnel harmonieux sera jeté au feu et n’existera plus, alors que ce qui est juste en nous subsistera à la fin des temps. Peut-être même que la fin des temps sera ce jour où les anges se pencheront sur nous, ferons le tri de nos actions, et nous libéreront de nos remords et de nos regrets. Peut-être !