Marseille
Nouvelles religiosités : à la recherche d'un divin perdu
Face au “désenchantement du monde”, la soif de spiritualité n’a jamais été aussi forte à notre époque. Des nouvelles croyances émergent en lien avec l'écologie, le médical, ou encore la psychologie et tout ce qui a trait au développement personnel.
Comment le christianisme peut-il répondre à l’émergence de ces nouvelles croyances ? Comment faire la part des choses entre superstitions, paganisme et expressions religieuses ?
Ce sont les questions que nous posons tout de suite à notre invité dans “carrefour catholique”, Jean-François Meuriot, prêtre à Marseille, enseignant à l'ISTR et membre de l’Observatoire des nouvelles croyances à la Conférence des évêques de France.
« Pour nos contemporains, le paganisme est plus efficace que le monothéisme » écrit Laurence Devillairs, agrégée de philosophie et professeur à la Sorbonne dans un édito du journal La Croix en octobre dernier. Elle souligne le retour en force du paganisme dans notre société comme le montre la multiplication des croyances polythéistes, de la sorcellerie, du New-Age ou encore de la sacralisation de la nature.
Un phénomène étudié par la conférence des évêques de France qui dispose d’un ”observatoire des nouvelles croyances” dont le prêtre de Marseille, Jean-François Meuriot, est membre. Face au nombre croissant de courants spirituels dans la société française et à la nébuleuse qui en découle, l'observatoire permet d’étudier ces nouvelles croyances afin d’en informer les évêques.
Jean-François Meuriot part du “constat que l’évocation de nouvelles spiritualités dans les milieux chrétiens ou à l’inverse la mention du christianisme dans ces milieux là entraînent des deux côtés de l’indifférence ou pire du rejet, basés sur une méconnaissance réciproque”. Mû par la volonté de découvrir pour comprendre, Jean-François Meuriot dialogue sans pour autant tout accepter.
Selon lui, il y a toujours un discernement à faire car “beaucoup de catholiques, de chrétiens, y compris des pratiquants, vont aussi voir ailleurs parce qu’ils ont une soif d’un certain élargissement ou bien ils sont insatisfaits et ont besoin de se nourrir d’autres courants, d’autres spiritualités. Mais souvent ils n’en parlent pas parce que leur parole est difficilement reconnue au sein de leur communauté (...) Donc c’est une quête qu'ils font pour eux”.
Nouvelles spiritualités et christianisme, indifférence voire rejet
Ces nouvelles religiosités sont un milieu hétéroclite qui va du néo-paganisme au New Age, en passant par l’ésotérisme, l’occultisme, le développement personnel, les thérapies énergétiques et alternatives, ou encore les expériences aux frontières de la mort.
Elles ont émergé après la seconde guerre mondiale qui a contribué à propager une certaine “désespérance de l’humain”. La religion est devenue au fil des années une affaire plus individuelle que collective. Au XXIè siècle, les réseaux sociaux ont favorisé l’émergence de ces nouvelles croyances, en leur donnant une plus grande visibilité. “C’est plus simple d’aller sur les réseaux sociaux que dans une église ou une paroisse” reconnaît Jean-François Meuriot qui rappelle le risque de prendre pour argent comptant tout ce qui se présente sans discernement.
Selon lui, il existe néanmoins des points communs avec le christianisme, comme cette manière de contempler la nature et de ne pas la délaisser. “Je constate que les chercheurs spirituels restent infiniment sensibles au Christ et à l’évangile, même s’il y a un rejet de l’Institution, complète-t-il avant de s’interroger, qu’est-ce qu’un chercheur spirituel me dit de la part de Dieu? Je dois rester à l’écoute et je trouve qu’il n’y a rien de plus beau que d’être en quête, en quête de Dieu, en quête des hommes”.
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