Notre Dame de Brebières : nouveau souffle pour La “Lourdes du Nord”

Les cimetières militaires jalonnent la route qui mène à Albert, dans le diocèse d'Amiens, agrémentés de drapeaux et d’écriteaux en anglais. Ici, les soldats du Commonwealth se sont battus au prix de leur vie lors de la bataille de la Somme. Les panneaux indiquant le positionnement de la ligne de front complètent ce site historique. Et soudain, dominant les collines environnantes, une imposante statue dorée apparaît : Notre Dame de Brebières.

La « Vierge penchée » de 1916

Située au cœur de la ville d’Albert, Notre Dame de Brebières doit son nom à l’histoire du sanctuaire. Au XIe siècle, un berger découvre, grâce à l’une de ses brebis, une statue de la Vierge. Après une série de faits surnaturels et de grâces obtenues, la vénération de la statue commence sous le vocable de Notre Dame de Brebières, en souvenir de la brebis. 

Au XIXe siècle, le curé d’Albert décide de construire une grande église en style néo-byzantin pour Notre Dame, et va jusqu’à en parler au pape Léon XIII. Ce dernier connait Brebières et lui accorde le statut de basilique, tout en la qualifiant de « Lourdes du Nord ». Au sommet du clocher en forme de minaret, une imposante statue dorée de 18m de haut est installée, représentant la Vierge Marie tenant à bout de bras son fils.

Mais la bataille de la Somme en 1916 ravage la région et la basilique n’échappe pas aux bombardements. Touché, le clocher tangue, mais ne s’écroule pas. La statue reste alors bloquée à l’horizontale. Cette position lui vaut le nom de « Vierge penchée » qui deviendra un « symbole de la bataille de la Somme » d’après Jean-Pierre Cardon, diacre à Albert. « Une légende s’installe alors parmi les soldats : lorsque la statue de Notre Dame de Brebières tombera, la guerre finira. Et de fait, la statue est tombée au printemps 1918… » ajoute Jean-Pierre Cardon.

Lorsque la statue de Notre Dame de Brebières tombera, la guerre finira.

Trois nouveaux prêtres

Aujourd’hui, le souvenir de Notre Dame de Brebières semble s’être un peu perdu: « Il y a plus de gens qui connaissent Brebières dans le monde, et surtout les pays du Commonwealth, que dans les Hauts de France ! » regrette Jean-Pierre Cardon. 

Un regret partagé par l’évêque d’Amiens, Mgr Gérard Lestang, qui n’a pas hésité à faire appel à d’autres diocèses pour redynamiser Brebières. 

Ainsi, depuis la rentrée, trois nouveaux prêtres issus du diocèse de Toulon ont été envoyés en mission à Albert. « Nous avions le désir de nous mettre en disponibilité pour la mission en dehors du Var, et nous sommes tous les trois très attachés à la Vierge Marie », confie le père Eloi Legrand, curé in solidum à Albert. S’il ne connaissait pas le sanctuaire auparavant, le père Legrand se dit « très heureux » de cette nouvelle mission, voyant « l’attachement des Français à la Vierge Marie ». 

Future ville-sanctuaire ?

Et l’année commence fort pour les nouveaux curés : la neuvaine de Notre Dame de Brebières a pour vocation de faire venir tous les fidèles de la région en pèlerinage durant les neuf jours. Chaque jour, un groupe différent vient en pèlerinage à Albert : retraités, prêtres, secours catholique, familles,... Mais un autre projet est également en cours: devenir une « ville-sanctuaire ». Cette collaboration avec l’office du tourisme permettrait de développer les pèlerinages sous l’angle du « tourisme spirituel », comme le font aujourd’hui les grands sanctuaires français tels que Lourdes, Lisieux ou le Mont-St-Michel. « Avec Vendeville [sanctuaire dédié à Sainte Rita près de Lille, ndlr], nous pourrions constituer un parcours entre Notre-Dame de Paris, la cathédrale d’Amiens, Notre Dame de Brebières et Vendeville » s’enthousiasme Jean-Pierre Cardon. Un projet qui redonnerait à Albert sa place sur la carte des hauts lieux spirituels français.