P. Matthieu Dauchez: "Notre combat est de remettre le cœur de ces enfants en marche"
Le P. Matthieu Dauchez dirige l’association Anak-Tnk, qui vient en aide aux enfants pauvres de Manille, aux Philippines. 25 ans d’engagement pour ce prêtre ordonné à Versailles en 2004 et dont la vie est désormais vouée à ces jeunes – de plus en plus jeunes – des bidonvilles gangrénés par la misère, les gangs et la pédo-criminalité. Et pourtant, il ne cesse de le dire et l’écrire, ces enfants de Manille sont une source exceptionnelle d’espérance.
Le P. Matthieu Dauchez a publié Osez l'espérance! Anti-manuel de résilience chez Artège ©Anak-tnkLe prêtre français en mission depuis 25 ans aux Philippines sera à Caen, à l'Abbaye aux Dames, le mercredi 8 octobre pour témoigner de l'immense noblesse d'âme en germe dans chaque enfant, en dépit des immenses souffrances qu'ils peuvent vivre. "Notre travail à Manille, comme en France, explique-t-il, est de ne pas étouffer cette qualité d'âme propre à la jeunesse et lui permettre de s'exprimer." C'est la tâche qui incombe aux prêtres, éducateurs, enseignants, et bien sur les parents. "Ils ont cette grande responsabilité de susciter des héros, des saints dans leurs famille."
Des maîtres spirituels
Engagé de longue date auprès de ces enfants des bidonvilles de Manille, qui connaissent la misère, la violence, la prostitution ou l'abandon, le directeur de la fondation ANAK-Tnk témoigne de l'espérance qui est la sienne devant l'héroïsme de ces enfants. Non seulement leur courage au quotidien - leur résilience -, mais surtout leur capacité à aimer malgré tout et « leur force intérieure bouleversante ».
En face d'enfants dont le cœur s'est arrêté car on leur a dit « tu n'es pas digne d'aimer ou d'être aimé", notre plus grand combat est de remettre ces cœurs en marche
C’est en 1998 qu’il fait la rencontre de cet univers si étranger à son quotidien de jeune Français, enraciné à Versailles. Un séminariste, comme, lui, le met au défi de quitter l’Ouest parisien pour aller servir à l’autre bout du monde. Son arrivée à l’aéroport de Manille, les enfants des gangs, la violence, la misère, est gravée dans sa mémoire, 27 ans après.
Assez vite, confronté à l’extrême violence qui règne aux Philippines, le P. Matthieu Dauchez comprend que ces enfants ont besoin d’un toit, d’un repas et d’une scolarité digne. Mais ils ont surtout et fondamentalement besoin d’amour. De quelqu’un qui leur dise qu’ils sont dignes d’être aimé.
Aujourd’hui la fondation ANAK-Tnk compte plus de 200 salariés philippins, éducateurs, médecins, psychologues, qui accompagnent plus de 4000 enfants dans des maisons d'accueil ou des centres de jour.
Une espérance ancrée en Dieu
Une œuvre qui a grandi au fil des ans et se développe, essayant de répondre aux besoins croissants. Pourtant, loin de l’activisme, le P. Matthieu Dauchez a su apprendre de ses propres limites : « Tout le sens de la mission est de laisser le Bon Dieu travailler au fond des cœurs, c’est la seule manière pour permettre au Bon Dieu d’aller ressusciter les cœurs. »
Plus on veut faire nous-même, plus on risque d’empêcher Dieu de faire son travail
Son dernier livre « Osez l’espérance, anti-manuel de résilience » (Artège) s’ouvre sur une longue citation de Georges Bernanos : « L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme… On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre cœur s’appelle “À quoi bon ?” L’enfer, c’est de ne plus aimer. »
S'il confesse bien volontiers céder parfois au découragement, le P. Matthieu Dauchez enracine sa mission dans cette espérance au cœur de la foi chrétienne. A Radio Vatican, en 2024, le prêtre français témoignait : « Ces enfants nous apprennent que justement, ancrés dans l'épreuve, on vient s'unir au Christ sur la croix, et en partageant ses souffrances, on partage inévitablement sa joie, son espérance et cette capacité à aimer qui est complètement prodigieuse ».
Il partagera cette espérance le mercredi 8 octobre 2025 à 20h30 à l’Abbaye aux dames à Caen.
ANAK-Tnk articule ses actions autour de quatre axes essentiels: les nourrir, leur permettre une éducation, leur donner un accès aux soins et leur offrir un cadre protecteur. ©ANAK-Tnk
Le P. Matthieu Dauchez témoigne de sa joie " de pouvoir apporter Dieu" au cœur des bidonvilles de Manille ©ANAK-Tnk
Aux Philippines, un enfant sur dix n’est pas scolarisé. ©ANAK-Tnk
« TNK » sont les initiales de la fondation telle qu’elle est connue à Manille : « Tulay Ng Kabataan ». Ce qui signifie littéralement : Un pont pour les enfants ! ©ANAK-Tnk


