Mgr Frédéric Rossignol, 101e évêque de Tournai

Cette double nomination a surpris beaucoup de monde car les nouveaux venus, tous deux membres de congrégations religieuses missionnaires, étaient actifs hors de Belgique depuis de très nombreuses années et donc jusqu’ici inconnus des communautés chrétiennes des deux diocèses. Ils ont depuis été au centre de la curiosité médiatique, interviewés de toutes parts, par les médias catholiques bien sûr mais aussi par les médias généralistes de Belgique.

L’émotion et l’effervescence provoquées par cette annonce un peu passées, nous avons eu envie d’apprendre à mieux connaître le 101e évêque de Tournai, qui cheminera désormais aux côtés de l’Église en Hainaut. Mgr Rossignol a ainsi pris le temps de nous parler de son enfance à Berchem-Sainte-Agathe, de sa vocation, de son entrée dans la Congrégation du Saint-Esprit, pour laquelle il a vécu de très nombreuses années au Vietnam. Un pays qu’il a appris à découvrir, à comprendre, à aimer et qu’il nous raconte avec enthousiasme.

Si devenir évêque est pour lui un tout nouveau défi, qui va l’amener à retrouver un pays ayant beaucoup changé au cours des dernières décennies et à faire connaissance avec une Église très différente de celle qu’il a connue en Asie, c’est avec énergie et humilité qu’il aborde cette nouvelle responsabilité.

Nous entendrons également quelques réactions d’acteurs pastoraux du diocèse de Tournai après l’annonce de la nomination de leur nouvel évêque. Et comme nous ne pouvions pas imaginer cet épisode de « Près de chez vous – Hainaut » sans donner la parole à celui qui a été à la tête du diocèse hennuyer pendant un peu plus de 22 ans, c’est Mgr Harpigny qui terminera notre émission spéciale par quelques mots de bienvenu à son tant attendu successeur…
 

Mgr Frédéric Rossignol : un nouvel évêque missionnaire à la tête du diocèse de Tournai

Une nomination officielle attendue... et surprenante

Le 6 octobre 2025, le Vatican a nommé Mgr Frédéric Rossignol comme nouvel évêque du diocèse de Tournai, succédant à Mgr Guy Harpigny après 22 années d’épiscopat. Cette annonce a surpris bien des fidèles, car Mgr Rossignol, prêtre spiritain missionnaire, était jusqu’alors inconnu en Belgique, après plus de 20 ans passés en mission à l’étranger.

Une surprise donc, mais aussi une opportunité de renouveau pour l’Église en Hainaut, portée par un évêque au parcours international.

Un parcours marqué par la mission et la diversité culturelle

Né à Berchem-Sainte-Agathe (Bruxelles), Frédéric Rossignol a grandi dans un cadre simple, proche de la nature. Dès l’adolescence, il ressent l’appel à devenir prêtre. Après un premier passage au séminaire, il explore d’autres études (criminologie), avant de s’engager pleinement dans la Congrégation du Saint-Esprit.

J'avais cet attrait de la mission. Dans ma congrégation, je savais qu'en entrant, j'allais partir servir l'Église loin de chez moi.

Son parcours missionnaire l’emmène en Chine, Portugal, puis surtout au Vietnam, où il passe 16 années au service de l’Église locale : formation des jeunes religieux, accompagnement des vocations, animation spirituelle. Il y découvre une foi vivante, mais aussi les limites imposées par le régime communiste.

J'ai vraiment apprécié de vivre dans cette église très dynamique, très joyeuse, où on est très fier de sa foi aussi, où les Vietnamiens ont un très bel esprit de service par rapport à leur paroisse.

Cette expérience lui forge une vision pastorale ouverte, interculturelle et ancrée dans le concret.

Un retour en Belgique et une mission nouvelle à Tournai

Avant sa nomination comme évêque, Mgr Rossignol exerçait à Rome comme père spirituel auprès de prêtres venus d’Afrique et d’Asie. Sa capacité d’écoute, son humilité et son engagement missionnaire ont marqué ceux qu’il a accompagnés.

Désormais de retour en Belgique, il prend la tête du plus ancien diocèse de Belgique, un territoire riche mais aussi marqué par la sécularisation et les défis sociaux. Il confie vivre ce moment avec un mélange d’enthousiasme et de prudence, mais surtout avec le désir de cheminer aux côtés des fidèles.

Il y a toujours un petit peu des deux : un peu de préoccupation, un peu de stress, mais aussi beaucoup d'enthousiasme. Je vois bien qu'il y a beaucoup de gens qui sont compétents, des laïcs qui prennent beaucoup de place à juste titre.

À l’aube de sa nouvelle mission en tant qu’évêque du diocèse de Tournai, Mgr Frédéric Rossignol partage sa vision du rôle pastoral qu’il souhaite incarner. Conscient des défis et des richesses d’une communauté diverse, il insiste sur l’importance de la proximité avec les fidèles et de la dimension spirituelle qui doit guider son ministère. Voici comment il exprime cette vocation d’accompagnement et de service :

L'évêque, c'est aussi celui qui vient pour célébrer avec les gens, sentir la prière des gens qui l'accueillent, et par sa présence, aussi par son enseignement, encourager les gens à comprendre que le Seigneur chemine avec eux.

Une transition saluée par Mgr Harpigny et les acteurs pastoraux

Mgr Guy Harpigny, son prédécesseur, salue cette nomination avec joie :

Un regard neuf, une belle attention à la vie spirituelle, une vraie proximité avec les gens. C’est tout ce dont le diocèse a besoin.

Dans un message empreint de confiance et d'espérance, Mgr Guy Harpigny a salué la nomination de son successeur, Mgr Frédéric Rossignol, mettant fin à une attente de plus de deux ans. Il exprime sa joie de voir arriver un pasteur jeune, missionnaire et profondément enraciné dans la vie spirituelle — un profil qu’il juge en parfaite adéquation avec les défis du diocèse de Tournai. 

D'avoir confiance dans les gens qu'il va rencontrer. Il prend des responsabilités dans une province où on vit dans un état de droit, donc il y a liberté d'expression, liberté de religion.

Mgr Harpigny encourage Mgr Rossignol à faire confiance aux personnes qu’il rencontrera, dans une province marquée par la diversité, la liberté d’expression et la richesse humaine. Il souligne que la mission d’un évêque dépasse la seule communauté catholique : elle s’adresse à l’ensemble de la population. En appelant chacun à accueillir son successeur sans préjugés et à collaborer avec un cœur ouvert, Mgr Harpigny trace les contours d’une transition fraternelle, tout en reconnaissant que l’évêque devra aussi exercer pleinement son autorité et poser des choix.

Un diocèse, ce n'est pas seulement les catholiques sur un territoire, c'est toute la population qu'il faut envisager, y compris toute la Belgique pour certaines choses.

En attendant l’ordination épiscopale de son successeur, le 14 décembre à 15h à la Cathédrale de Tournai, Mgr Harpigny sera l’administrateur du diocèse de Tournai.

Des témoignages de gratitude, de confiance et d'espoir

De nombreux fidèles, prêtres, animateurs pastoraux et séminaristes expriment également leur enthousiasme. L'arrivée d’un évêque missionnaire est perçue comme une chance : un souffle nouveau, une ouverture à l’Église universelle et une nouvelle façon de vivre la foi en contexte occidental.

Marie Lebailly a rassemblé quelques réactions suite à la nouvelle de la nomination de Mgr Rossignol.

Soeur Maria, responsable de la communauté carmélite vietnamienne à Boussu :  
« Les sœurs de notre communauté sont très heureuses et émues d'apprendre que le père Frédéric Rossignol, de son nom vietnamien Tung Si-Hua, va devenir notre évêque. C'est un missionnaire très respecté par les jeunes au Vietnam. Il a bien assimilé notre culture et notre mentalité. Je suis certaine qu'il va soutenir les jeunes du diocèse. »

Père Sylvestre Olivier Eves, vicaire à Charleroi :  
« C'est avec joie et une vive émotion que j'ai accueilli la nomination de Mgr Frédéric Rossignol comme évêque de Tournai. Je remercie Mgr Guy Harpigny pour son accompagnement chaleureux. Fructueux ministère au nouvel évêque, à la suite de son prédécesseur. Bienvenue Mgr Frédéric Rossignol. »

Sylvie Paesmans, déléguée épiscopale pour le Temporel :  
« Ça a été pour moi d'abord une grande joie de savoir qu'une décision avait enfin été prise, un soulagement pour notre évêque qui attendait depuis deux ans et demi. Et puis la surprise en découvrant la personne de Mgr Rossignol, parce qu'on s'attendait plutôt à avoir quelqu'un de connu, et voilà quelqu'un qui nous arrive et qui vient vraiment d'ailleurs. »

Valérie, animatrice en pastoral :  
« Beaucoup de soulagement. Après deux ans et demi, les choses commençaient à bouger. Beaucoup de curiosité en découvrant une personne au profil moins classique. Beaucoup d'espérance aussi, car dans notre unité pastorale, cela signifie à moyen terme l'arrivée d'un nouveau doyen. »

Gérard Carré, diacre :  
« La joie de recevoir pour notre diocèse un missionnaire spiritain. Ce sentiment vient du fait que mon accompagnateur spirituel était un spiritain, le Père André Maréchal, qui avait été 25 ans missionnaire au Sénégal. Je remercie le Seigneur de nous avoir envoyé Mgr Frédéric Rossignol. »

Antoine Poivre, séminariste :  
« J'ai été traversé par des sentiments très positifs. Un sentiment de soulagement, puisque ça faisait un certain temps qu'on attendait avec grande impatience le nom du successeur. J'ai été un peu étonné parce que je ne le connaissais pas du tout, mais je pense que c'est positif, il va pouvoir avoir un regard assez neuf et neutre sur la réalité de notre Église. »

Ces témoignages traduisent un mélange de gratitude, pour ce que Mgr Harpigny a accompli, mais aussi de joie, de curiosité, d'espérance et de confiance à l'égard de Mgr Rossignol.

Lors de sa première présentation officielle du 6 octobre 2025, Mgr Rossignol a choisi pour devise Mirabilia fecit — « Il a fait des merveilles » — un signe de reconnaissance et d’espérance. Il y a affirmé son désir de marcher « avec vous, dans l’écoute et la collaboration », marquant d’emblée une pastorale d’ouverture. Il arrive dans un diocèse riche de diversité, portant à la fois le poids des défis — pauvreté, migrations, laïcisation — et l’espérance d’une Église renouvelée.