Martyrs du nazisme: portraits d’André Parsy, Louis Didion et Robert Défossez, les trois Nordistes béatifiés du STO
Parmi les 50 béatifiés de ce 13 décembre, trois viennent du Nord: André Parsy, un JOCiste originaire de Roubaix, et deux scouts, Louis Didion, originaire de Dunkerque, et Robert Défossez, originaire de Cambrai. Tous trois sont partis en Allemagne durant la Seconde Guerre Mondiale pour y travailler dans le cadre du STO, et y sont morts en camps de concentration pour avoir été des témoins actifs de leur foi.
Martyrs du nazisme: portraits d’André Parsy, Louis Didion et Robert Défossez, les trois Nordistes béatifiés du STO 4 septembre 1942: en pleine Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne nazie décide de réquisitionner des jeunes Français pour aller travailler dans ses usines en Allemagne, pour pallier aux manques de main d'œuvre. Le front Est du conflit, en Russie, est gourmand en soldats et en armes, et l’Allemagne cherche des solutions. La création du Service du Travail Obligatoire (STO) fait partie des mesures prises. De véritables rafles sont donc organisées dans les pays occupés, et notamment en France.
Mais les Français ne s’y plient pas de bon gré. L'Église catholique de France, notamment le cardinal Suhar et le père Jean Rodhain, s’inquiètent pour la situation de ces travailleurs et ont à cœur leur soutien spirituel et moral en Allemagne.
Des prêtres, des séminaristes, des religieux, mais aussi des laïcs sont ainsi envoyés en Allemagne avec cette mission d’être des témoins de la foi auprès des prisonniers et des travailleurs. Parmi eux, de nombreux JOCistes, des jeunes engagés dans la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, ainsi que des scouts. Sur place, ils fédèrent les travailleurs, leurs proposent des temps de prière et de détente, et organisent une résistance tant morale, spirituelle que matérielle.
Mais en 1943, l’Allemagne nazie prend conscience de cette « infiltration » catholique au sein des travailleurs français et décide de réagir: le 3 décembre 1943 paraît l’ordonnance Kaltenbrunner. Celle-ci demande sans ambiguïté la dissolution et la répression de la JOC, mais aussi des prêtres et des autres groupes d’action catholique, notamment les scouts. S’en suivra une vague d’arrestations, d’interrogatoires, et de déportations, dont peu reviendront.
Cinquante d’entre eux ont été identifiés comme étant « martyrs en haine de la foi », c’est-à-dire morts à cause de leur foi, et seront béatifiés ce 13 décembre à Paris.
Portrait de trois d’entre eux, tous originaires du Nord, André Parsy, Louis Didion et Robert Défossez.
André Parsy, en mission avec la JOC jusqu’au bout
Né à Roubaix en 1922, André Parsy est un jeune engagé très tôt dans la JOC, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne de Roubaix où il sera responsable local de fédération. Travaillant dans l’usine de laine de Louis Mulliez, il a à cœur de rejoindre les jeunes du monde ouvrier.
En 1943, il est réquisitionné pour le STO.
« Il est bon de savoir qu’André Parsy dit très clairement qu’il part en missionnaire et il entend bien le rester, ce sont ses mots » affirme Pascal Verbeke, lui-même engagé dans la JOC, à Armentières. C’est donc bien pour « signifier l’amour de Dieu auprès des travailleurs » qu’André Parsy part au STO, s’appropriant parfaitement sa mission de JOCiste. Il part à Halle, en Allemagne, où il fédère d’autres jeunes de la JOC et ensemble, ils montent des activités de détente, mais aussi de prière et des célébrations.
Il avait une vie de prière intense, on sait qu’il priait le chapelet à chaque interrogatoire.
« Il avait une vie de prière intense, on sait qu’il priait le chapelet à chaque interrogatoire » poursuit Pascal Verbeke. Mais il sera rapidement dénoncé dès la parution de l’ordonnance Kaltenbrunner. Le 4 octobre 1944, il est arrêté à Eisleben au motif qu'il est jociste, il est envoyé le 21 novembre au camp disciplinaire de Spergau ; puis à celui de Zöschen. Il décède le 26 décembre 1944 à l’hôpital « russe » de Trebitz.

Louis Didion, le scout discret au service de l’évasion des prisonniers
Louis Didion est le plus âgé des trois Nordistes. Né en 1917, il a donc déjà 22 ans au moment du début de la guerre. Le natif de Ghyvelde, près de Dunkerque, est donc mobilisé dès 1939. Il intègre la Défense contre Avions (D.C.A) où il officie jusqu’à être fait prisonnier et envoyé à ce titre en Allemagne. Mais les Allemands décident de le réformer et, au mépris de la Convention de Genève qui régit le droit des prisonniers de guerre, Louis Didion est envoyé au Stalag VI, un camp de travail à Cologne.
Sur place, Louis Didion découvre le scoutisme parmi ses camarades travailleurs. Il fait sa promesse probablement dans le Stalag et s’investit dans les actions organisées par les scouts. Fraternité et entraide sont au cœur de ses actions. Particulièrement actif dans l’organisation d’évasion de prisonniers et de travailleurs vers la France, il est dénoncé, puis arrêté le 18 juillet 1944 au motif d’être « scout relais de l’action catholique ». Il est interrogé puis emprisonné à la prison de Brauweiler avant d’être déporté le 17 septembre 1944 à Buchenwald où il décède le 16 février 1945 d’une méningite purulente doublée d’une faiblesse cardiaque et corporelle générale.
Robert Défossez, le scout Cambrésien marié par procuration
Né en 1920 à Cambrai, Robert Défossez s’engage dès le début du conflit. Il est affecté au 194ème régiment d’artillerie lourde à Bordeaux, mais sera rapidement fait prisonnier. Il est envoyé en camp de prisonniers à Amiens. Avant de partir au combat, Robert s’était fiancé avec une jeune femme, Alfreda. Celle-ci obtiendra le droit de venir le visiter à Amiens où Robert est prisonnier. Ce sera leur dernière rencontre.

Comme Louis Didion, Robert Défossez sera ensuite transféré dans un Stalag, un camp de travailleurs, en Allemagne cette fois, à Duisdorf près de Bonn.
C’est là qu’il rencontre le scoutisme et qu’il fera sa promesse. Avec les autres scouts, ils organisent la vie du camp, et notamment sa vie spirituelle. Un prêtre aumônier les rejoint, et celui-ci marie Robert avec Alfreda par procuration, avec la promesse de les marier religieusement à leur retour de captivité.
Mais il n’en aura pas le temps: à la suite du décret Kaltenbrunner, Robert Défossez est dénoncé puis arrêté en août 1944, simplement parce que scout. Il est déporté à Buchenwald, où il est transféré au Kommando Langensalza, dans une usine d’aviation Junkers réputée pour être une unité où les prisonniers meurent d’épuisement. Robert y contracte une grave infection et meurt de septicémie le 17 janvier 1945.



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