Marie, mère du Christ et miroir des différences chrétiennes
Dans le mois de mai dédié à Marie, retour sur la place qu’occupe la mère de Jésus dans les confessions chrétiennes. De la vénération catholique à la sobriété protestante, Marie reste un point de tension… et de rencontre.
Marie, une figure commune aux chrétiens © RCFUne figure familière… mais pas commune
Pour beaucoup de chrétiens, Marie fait partie du paysage spirituel. Une statue dans une église, une image sur une médaille, une prière récitée à voix basse. Elle est la mère par excellence, douce, forte, silencieuse. Mais selon les traditions chrétiennes, Marie ne tient pas la même place.
Ce mois de mai, que les catholiques appellent “mois de Marie”, nous invite à réinterroger notre regard sur elle, à la lumière de nos pratiques de foi, mais aussi de ce que disent d’elle nos frères et sœurs en Christ.
Marie chez les catholiques : une mère dans la prière
Dans la tradition catholique, Marie est au cœur de la piété populaire. Le rosaire, les pèlerinages, les sanctuaires, les processions, les neuvaines… Elle est la Vierge Immaculée, la Mère de l’Église, l’Assomptée, la médiatrice de toutes grâces. Les théologiens parlent de mariologie, c’est-à-dire d’une réflexion structurée sur le rôle spirituel et théologique de Marie dans le mystère de la Rédemption.
Dans le quotidien des croyants, Marie est souvent celle que l’on prie quand les mots manquent, celle à qui l’on confie ses enfants, ses peines, ses joies.
Les orthodoxes : la Mère de Dieu dans la lumière des icônes
Du côté des Églises orthodoxes, Marie est appelée "Theotokos", celle qui a enfanté Dieu. Elle occupe une place essentielle dans la liturgie et les icônes de la Vierge accompagnent le regard des fidèles. Vénérée avec ferveur, elle n’est cependant pas l’objet d’un développement doctrinal aussi poussé que dans l’Église catholique.
Chez les orthodoxes, la beauté liturgique est un langage en soi, et Marie y trouve sa juste place, mystérieuse et rayonnante, comme un reflet de l’humanité transfigurée.
Les protestants : respect sans culte
Pour les protestants, Marie est une femme exemplaire par sa foi, mais pas une figure à laquelle on adresse des prières. Le mot "mariolâtrie", utilisé de façon critique, désigne ce qu’ils perçoivent comme une exagération du culte marial.
Les protestants insistent sur la centralité du Christ seul, et sur le fait que nul autre que Dieu ne doit être prié ou adoré. Cela n’enlève rien au respect qu’ils peuvent avoir pour la foi courageuse de Marie, sa disponibilité, sa confiance.
Ce que Marie dit de nous
Finalement, la manière dont chaque Église parle de Marie dit quelque chose de sa manière de croire. Pour les catholiques, la proximité des saints et de Marie en particulier exprime une foi incarnée et relationnelle. Pour les protestants, l’épure de la relation à Dieu rappelle la primauté de l’Écriture et du Christ. Pour les orthodoxes, la liturgie fait de Marie une porte vers le mystère.
Et si les différences subsistent, Marie demeure un point d’attention partagée, une figure inspirante, un trait d’union potentiel. C’est tout l’enjeu de l’œcuménisme : entendre l’autre sans renier ce que l’on croit, et découvrir qu’un même nom peut résonner de bien des façons.


Proposée par le service diocésain pour l’Unité, cette émission nous rappelle les fondements et principes de l’œcuménisme en les illustrant par la pratique. Chaque mois, découvrons les acteurs du dialogue ainsi que la grande diversité de leurs actions.





