Mais où est passé la faute ?
Dans Points de Repères, Pierre-Paul Delvaux propose une lecture protestante du livre de la Genèse. Un point intriguant qu'il a pu remarquer à la lecture du chapitre 3 est qu'on ne parle pas de "faute".
Adam et Eve au Paradis Terrestre, par Wenzel PeterAu chapitre 2 de la Genèse, il y a un interdit, celui de manger du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal sous peine de mort. Au chapitre 3, le serpent intervient. La scène est bien connue. Mais il faut souligner que dans ce chapitre, il n'y a ni pomme, ni chute, ni faute.
L'intervention de Saint Augustin
C'est Saint Augustin qui va orienter la compréhension de cet épisode dans le sens du péché originel. Certes, il y a un interdit et une transgression, mais si nous considérons le dénouement de l'histoire, il n'y a pas de mise à mort, mais une vie, certes rude, certes bornée par la mort (l'humain rentre ainsi dans le temps) et au dénouement la femme reçoit son nom de « Ava » la « vivante » parce que mère de tout ce qui vit. On peut donc penser que la vie est la plus forte.
Revenons un instant à la connaissance du bien et du mal. On peut se dire que c’est une bonne chose. C'est là qu'il faut affiner notre interprétation et nous en proposons une dans notre émission.
Une interdiction plutôt qu'une faute
Dans "Genèse de la Genèse", Marc-Alain Ouaknin écrit ceci :
"Contrairement à ce qu'on entend, la lecture augustinienne, par exemple, ni la sexualité, ni la sensualité ne sont à mes yeux des fautes. La faute serait à chercher ailleurs.
Si donc il n'y a pas de pomme, le texte, cependant, formule
bien une interdiction. Quelle était la nature de cet arbre ? Ni pommier, ni prunier, seulement « l'arbre du doute » selon la formule de Rabbi Hanokh Heinich Leitner de Radzyn, l'auteur du Sod Yécharim.
La faute ne serait pas le bien ou le mal, mais de penser savoir avec certitude où se trouve le bien et où se trouve le mal. Il s'agirait donc plus d'un éloge du doute, qui doit être
constamment préservé.
L'idéologie, c'est l'illusion de ce savoir. Ce qui est très grave puisque cela transforme la société en une société du « surveiller et punir » pour reprendre l'expression de Michel Foucault." (Pg 134)
Ces grands textes que nous croyons connaître mérite une lecture attentive et pluraliste.


Chaque semaine ouvre sur un « regard » différent :
• « Regards croisés » : un regard oecuménique sur un sujet d’actualité avec la participation des chrétiens orthodoxes, protestants et syriaques. Avec Ralph Schmeder.
• « Regards d’Eglise » : Luc Mahiels présente une actualité d’une des Églises du diocèse de Liège
• « Regard d’évêque » : la parole à l’Evêque de Liège, Monseigneur Delville, qui répond aux questions de Ralph Schmeder et des auditeurs de RCF.
• « Protestants parlons-en encore », Rémy Paquet et Pierre-Paul Delvaux vous donnent rendez-vous pour jeter un regard protestant sur notre monde avec humour, sérieux et légèreté et pourquoi pas, une pincée de poil à gratter. Autour de la table, ils donnent la parole à un invité et nourrissent les échanges.
