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Lionel Duroy et le dur métier de vivre
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Lionel Duroy et le dur métier de vivre

Un article rédigé par Monserrata Vidal - RCF,  -  Modifié le 15 novembre 2019
Depuis la publication de son premier roman, Lionel Duroy gratte une plaie qui semble ne pas s’être refermée. Son dernier ouvrage parle d’un bonheur possible, avec la réconciliation attendue.
Inés Castellano on Unsplash Inés Castellano on Unsplash

On pourrait penser que Lionel Duroy écrit toujours le même livre, impudique, cru, sauvage. Son œuvre - 18 romans-   se construit sur les ruines d’une enfance douloureuse et les ruines qu’ont provoqué la publication de ses romans.  "Nous étions nés pour être heureux", son dernier ouvrage, nous plonge dans d’émouvantes retrouvailles familiales avec son double littéraire, le narrateur nommé Paul,  pour une "journée bénie des dieux".   

"Nous sommes tous nés pour être heureux et c’est peut-être ensuite que cela se gâte. Nous étions 10 enfants. Assez vite la famille a tourné à la catastrophe. L’année de mes 10 ans, on a été assez violemment expulsés d’un très bel appartement de Neuilly et relogés dans une cité sur les hauteurs de Rueil-Malmaison. On a vécu 2 ans et demi à la bougie. Donc j’ai vu notre mère devenir assez profondément malade, souvent hospitalisée, et mon père tenir difficilement debout. Je suis sorti  de cela l’année de mes 18 ans et je me suis mis à écrire", témoigne Lionel Duroy, marqué par "une ambiance de guerre" et le sentiment que sa famille était "véritablement assiégée par le reste du monde".  De son enfance, il retient la longue déscolarisation, un apport intellectuel plus que réduit, l’impression de grandir dans un ghetto. "En cours de philosophie, j’ai  compris que la vie était ailleurs et qu’il dépendait de moi de la construire".

COUPURE FAMILIALE

Croyant porter la parole collective des 10 enfants, il reçoit avec étonnement les violentes critiques de ses 9 frères et sœurs qui le supplient de ne pas publier son premier roman "Priez pour nous" en 1990.  " Il faut savoir se séparer du clan pour dire : ma vie m’appartient. Il faut en payer le prix et je l’ai payé. Pendant 27 ans, je n’ai plus vu mes frères et sœurs. Un beau jour, quatre des mes frères et un de mes neveux ont débarqué dans ma maison dans le Vaucluse. Cela m’a vraiment bouleversé, on s’est beaucoup pardonné, beaucoup expliqué. Et je suis ensuite allé revoir tout le monde à Paris".

UNE JOURNEE DE BONHEUR

Parce qu’il n’est pas toujours possible de réunir dans la réalité le même jour 19 personnes, dont ses deux ex-épouses, Lionel Duroy, 70 ans, l’a fait dans ce roman. "Je voulais les faire parler tous, chacun de mes frères et sœurs et chacun de mes enfants.  Qu’ils racontent tous leur enfance, nos parents, chacun à leur façon comment ils ont réussi ou pas réussi à sa sauver dans la vie. On a tous dépassé les 60 ans, on peut tous se parler, on n’en a plus rien à faire de la honte et du qu'en dira-t-on . Je me suis réconcilié avec mes frères et sœurs, ce qui m’a fait un bien fou, je les aime énormément".

UN LIVRE LUMINEUX

"On peut faire de tout cela une espèce de concert autour du plaisir qu’on a à vivre, à s’aimer et à se retrouver. 10 ans après la publication du très gros livre "Le chagrin", je peux écrire "Nous étions nés pour être heureux" qui est une façon de clore l’énorme travail que j’aurai mené durant 30 ans autour de ce qu’est la famille, combien elle peut être douloureuse, enrichissante, compliquée",  raconte un Lionel Duroy réconcilié et heureux.  "La vie mérite qu’on travaille pour la vivre, on n’a pas le droit de rester passif", conclut-il.

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