[L'Évangile du dimanche] Une voix retentit dans le désert
L'Évangile de ce dimanche nous emmène sur les traces de Jean le Baptiste, figure de proue dans la vie Jésus, il est l'humble porteur d’une nouvelle qui le dépasse totalement et qu’il brûle de transmettre. Selon le pasteur James Woody, on a contenu dans ce texte tout le côté subversif des évangiles.
Évangile du dimanche 5 décembre (Luc 3, 1-16)
"L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Jean disait aux foules qui arrivaient pour être baptisées par lui : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc des fruits qui expriment votre conversion. Ne commencez pas à vous dire : “Nous avons Abraham pour père”, car je vous dis que, de ces pierres, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. » Les foules lui demandaient : « Que devons-nous donc faire ? » Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »
Des publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) vinrent aussi pour être baptisés ; ils lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. » Des soldats lui demandèrent à leur tour : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde. »
Or le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu."
Source : AELF
Un texte à la portée politique
Dans ce texte, on est au tout début du ministère de Jésus. Il va être question d'un événement qui va avoir un retentissement au-delà de la sphère du religieux. "Cette mention du politique est extrêmement prégnante", note James Woody. Il s'agit du politique au sens des affaires de la cité, de l'espace public.
Il est donc question de Tibère, le deuxième empereur romain de 14 à 37, de Pilate, gouverneur de la Judée, que l’on retrouvera au moment du procès de Jésus, mais aussi des grands prêtres, qui se trouvent à Jérusalem, Hanne et Caïphe. "Le grand prêtre est un être d’exception, rappelle James Woody, qui a tout pouvoir sur le plan religieux au sein de la communauté juive." Il a le privilège d’être "le plus intime de Dieu dans tout le peuple hébreu à ce moment-là".
L'homme ne maîtrise pas la parole de Dieu
Après cette liste de titres honorifiques, on découvre que c’est Jean qui reçoit la parole de Dieu, dans le désert qui plus est ! "C’est tout le côté subversif de cet évangile, c’est que la parole de Dieu ne retentit pas dans les lieux que nous identifions ou que nous décidons d’identifier comme particulièrement sacré."
Le désert, c’est le lieu du silence : le mot grec qui désigne le désert signifie "le lieu privé de parole". "Et là, une parole de Dieu vient rompre le silence", décrit le pasteur. Pour lui, c'est une façon de dire que l’homme ne maîtrise pas la parole de Dieu. "Le religieux est au service de la parole de Dieu il n’en est pas le maître." Il y a donc dans ce texte "une sorte de contestation du pouvoir que le clergé aurait à contrôler le sacré".
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