Dans l'Évangile de ce dimanche, Jésus délivre son testament spirituel à ses disciples, juste avant sa Passion. Il n'invite pas à obéir à sa parole mais à aimer sa parole. Et nous n'avons pas que notre intelligence pour la comprendre, notre être tout entier peut l'accueillir.
Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
Source : AELF
L'évangile de ce dimanche est un passage spécifique de l'évangile de Jean, explique le bibliste Antoine Nouis auteur d'un "commentaire intégral" de la Bible (chez Olivétan et Salvator). Avant d’être arrêté et crucifié, Jésus a réuni ses disciples pour un dernier repas. Il leur lave les pieds puis il prononce des paroles fortes. C'est ce que l'on appelle le discours des adieux aux disciples. Un véritable testament spirituel qu’il confie avant de mourir, où il résume l’essentiel de son enseignement.
"Socrate a fait la même chose, rappelle Antoine Nouis. Un maître avant de mourir réunit ses disciples et leur résume l'essentiel de son enseignement." Ainsi, l'évangile de Jean, de la fin du chapitre 13 jusqu’au chapitre 16, on trouve ainsi résumé chez Jean "l’enseignement de Jésus, c'est-à-dire a parole que Jésus veut laisser à ses disciples avant de les quitter".
"Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole", dit le Christ. Pour Antoine Nouis, il y a un lien entre l’amour et la parole. Le bibliste note qu'il n'est pas ici question d'obéir à la parole mais d'en prendre soin. "Il y a cette idée de la foi qui n’est pas comme une croyance, une obéissance, mais comme une façon de prendre soin de la parole de l’écouter, de la travailler, de se laisser progressivement imprégner par elle."
On croit avec notre être tout entier
"La foi comme demeure est une idée très présente dans l’évangile de Jean", explique Antoine Nouis. "Trop souvent la question c’est : Je crois en Dieu ou je ne crois pas en Dieu. L'Évangile de Jean déplace un petit peu la question. Ce n’est plus : Je crois, je ne crois pas mais Je vis le Christ ou je ne vis pas le Christ. Je garde la parole ou je ne garde pas la parole." On n’est plus tout à fait dans le registre de la seule intelligence. La foi ne "concerne pas simplement notre intelligence et notre savoir mais peut-être la totalité de notre existence, de nos sentiments, de notre être. On croit avec notre être tout entier".
Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.
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