[Évangile du dimanche] Au sujet du shabbat : que nous apprend le débat de Jésus avec les pharisiens ?
Dans l'évangile de ce dimanche, Jésus débat avec des pharisiens qui se disent irréprochables car ils respectent la loi, et en particulier les interdits du shabbat. Ce passage nous éclaire sur la façon dont Jésus interprète la loi juive et le rapport à Dieu.
James Tissot, Les pharisiens questionnent Jésus, (1886-1894) ©wikimedia commons
Évangile du dimanche 31 août (Lc 14, 1-14)
Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Or voici qu’il y avait devant lui un homme atteint d’hydropisie. Prenant la parole, Jésus s’adressa aux docteurs de la Loi et aux pharisiens pour leur demander : « Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? » Ils gardèrent le silence. Tenant alors le malade, Jésus le guérit et le laissa aller.
Puis il leur dit : « Si l’un de vous a un fils ou un bœuf qui tombe dans un puits, ne va-t-il pas aussitôt l’en retirer, même le jour du sabbat ? » Et ils furent incapables de trouver une réponse.
Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.
lors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : “Cède-lui ta place” ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : “Mon ami, avance plus haut”, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. »
Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »
Source : AELF
La scène de cet évangile de Luc se passe un jour de shabbat. Dans le judaïsme, le shabbat désigne le repos du samedi en mémoire du septième jour de la création, où Dieu s'est reposé. Comme Jésus était juif, il a vécu le shabbat. Mais il n'est pas rare, dans l'évangile de Luc, de le voir interroger le sens de ce repos rituel. Est-ce le rite pour le rite ou pour remettre Dieu au centre de nos vies ? Jésus profitera de ce repas pour enseigner ceux qui l’entourent sur le thème de l'humilité et de l’importance du don sans retour.
Le regard de Jésus sur la loi
Il n'est pas rare dans les Évangiles de voir Jésus invité à déjeuner par des personnes qu’il rencontre sur sa route. L'invitation du chef des pharisiens n'est pas dénuée d’arrière-pensées. Il a l'intention de mettre Jésus à l’épreuve. Avant cet épisode, au chapitre 13 de l'évangile de Luc, Jésus a fait une guérison un jour de shabbat. Il a été réprimandé pour cela par un chef de synagogue.
Les pharisiens étaient connus pour leur respect de la loi. Ils ont dans les Évangiles l'image de "croyants irréprochables", nous dit Anne Faisandier, se considérant eux-mêmes comme "au-dessus des autres" parce que respectant la loi mieux que les autres. Or, "parfois en étant trop respectueux de certaines lois on voit la loi et on ne voit plus Dieu", explique Anne Faisandier.
Dans ses débats avec les pharisiens, Jésus tente de déplacer leur regard. "J'ai l'impression que les pharisiens catégorisent la vie entre ce qui est bien et ce qui est mal", observe Anne Faisandier. Jésus, lui, distingue "ce qui fait vivre et ce qui fait mourir". "L'Évangile, avec un grand E c'est une parole de vie, ce n'est pas une parole de loi, ce n'est pas un code de morale."
Pourquoi Jésus invite-t-il à choisir la dernière place ?
Les paraboles, il y en a beaucoup dans les évangiles. Des petites histoires qui font mouche mais qu'il nous faut "interpréter", insiste Anne Faisandier. Dans cette parabole Jésus nous dit de choisir "la dernière place" si l'on est invité à un repas de noce. Pour la pasteure, Jésus "révèle le théâtre social dans lequel on est tous". N'avons-nous pas en effet tous envie d'être vu, remarqué, d'être important pour l'autre ? Mais dans le cœur de Dieu, chacun a sa place. Sa logique n'est pas celle des être humains.


Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.




