[Évangile du dimanche] Osons supplier Dieu
Dans l'Évangile de ce dimanche, Luc raconte la parabole du juge inique et de la veuve. Supplier jusqu'à obtenir justice, c'est la seule arme de cette femme particulièrement vulnérable, dans la société de l'époque. Pour les chrétiens d'aujourd'hui, elle incarne la persévérance dans la prière. Celle du croyant qui ose prier et supplier Dieu jusqu'à obtenir une réponse.
"La façon d’être naturelle du chrétien c’est de se tenir devant Dieu avec toute sa personne, dans toute sa journée…" ©Image CIRIC
Évangile du dimanche 19 octobre (Lc 18, 1-8)
Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.”
Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Source : AELF
Dans cette partie de l'Évangile de Luc, Jésus monte à Jérusalem, où il sera crucifié. En chemin, il fait des rencontres, il enseigne. Et, pour le pasteur Antoine Nouis, bibliste et théologien, "il commence déjà à préparer ses disciples à poursuivre le chemin pour quand il ne sera plus là."
Jésus, un homme qui ne prie pas comme les autres
Le thème de la prière revient souvent dans les évangiles et chez Luc en particulier. Au moment de son baptême, à la Transfiguration ou avant la Crucifixion, on voit un Jésus priant "aux grandes articulations de son ministère", note Antoine Nouis.
"Mais à priori, Jésus prie différemment des autres..." Dans le chapitre 11 de l’Évangile de Luc, les disciples demandent en effet à Jésus de leur apprendre à prier. "Les disciples, d’une certaine façon, se rendent compte qu’ils ne savent pas prier, observe Antoine Nouis, ils se rendent compte qu’il y a quelque chose qui leur échappe." En réponse, Jésus leur donne la prière du Notre Père. Et des paraboles similaires à celles de a parabole du juge inique.
La prière est "le métier du chrétien"
Si la prière était très présente au temps que décrit l’Ancien Testament (ou Premier Testament), "le mode naturel de relation à Dieu passait par le sacrifice", souligne le pasteur. Selon Antoine Nouis, "la prière dans la première Église remplace un peu le sacrifice dans la première alliance, c’est-à-dire que la prière c’est le mode naturel de relation à Dieu". On est moins dans le donnant-donnant mais dans la gratuité d’un compagnonnage avec Dieu.
Martin Luther disait que la prière était "le métier du chrétien" : "Il me semble, confie le pasteur, que ça veut dire que la façon d’être naturelle du chrétien c’est de se tenir devant Dieu avec toute sa personne, dans toute sa journée…"
La seule arme de la veuve, c’est sa persévérance et de ne rien lâcher comme on dit aujourd’hui. De ne jamais cesser de réclamer la justice auprès du juge
Que nous apprend la parabole de la veuve et du juge inique ?
Dans la parabole du juge inique il est question d’une veuve. Au temps de Jésus, les veuves étaient très vulnérables, dans une société où les femmes devaient être sous la protection d’un homme. Pour se défendre et faire valoir son droit, celle-ci n’a que la parole. "La seule arme de la veuve, c’est sa persévérance et de ne rien lâcher comme on dit aujourd’hui. De ne jamais cesser de réclamer la justice auprès du juge."
La persévérance de cette veuve est un appel à prier sans cesse. Quand Jésus conclut la parabole en disant : "Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?", ce verset agit "comme une brûlure" chez Antoine Nouis. Il exprime l’inquiétude de Dieu à l’égard des Hommes : lui sommes-nous fidèles dans la prière ? "La prière, c’est dur", affirme le pasteur. Quand on a l’impression que personne ne répond, elle est synonyme de "sécheresse et d’aridité". Mais c’est là "la pointe de la parabole" : un appel pressant à la persévérance et à la fidélité dans la prière.


Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.




