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Les Voyages de l'espérance : des personnes en situation précaire en pèlerinage à Lourdes

Les Voyages de l'espérance : des personnes en situation précaire en pèlerinage à Lourdes

Un article rédigé par Madeleine Vatel, avec OR - le 17 juin 2025 - Modifié le 20 juin 2025
Contre courantAu coeur d'un voyage de l'espérance avec le secours catholique

"Je ne sais pas si c’est un miracle ou pas mais là, on est bien !" Ce sont des pèlerinages pas comme les autres que les nombreuses délégations du Secours catholiques organisent régulièrement à Lourdes. Des personnes en situation de précarité viennent avec des bénévoles trouver dans la cité mariale de l'apaisement, de la consolation et de nouvelles relations fraternelles.

En mai 2025 était organisé le Voyage de l'espérance de la délégation du Secours catholique du Maine-et-Loire ©Madeleine VatelEn mai 2025 était organisé le Voyage de l'espérance de la délégation du Secours catholique du Maine-et-Loire ©Madeleine Vatel

Les Voyages de l’espérance, ce sont des pèlerinages pas comme les autres. Ouverts à tous, ce sont de véritables aventures solidaires qui réunissent à Lourdes des personnes isolées et des familles en situation de précarité. En mai 2025, ils étaient vingt bénéficiaires, des personnes en situation de précarité et vingt encadrants du Secours catholique, durant cinq jours au cœur de la cité mariale. Madeleine Vatel a recueilli leurs impressions.

Faire les trois gestes de Lourdes

L'histoire du Secours catholique est étroitement liée à celle du sanctuaire de Lourdes. C'est là en effet qu'en septembre 1946, lors du pèlerinage du retour des prisonniers de guerre, a été créé l'association. Présente dans tous les départements, elle compte aujourd’hui 3.500 équipes locales et 2.400 lieux d’accueil en France. Chacune des soixante-douze délégations du Secours catholique organise régulièrement des Voyages de l'espérance à Lourdes.

Toucher la pierre, allumer un cierge, tenir l'eau dans ses mains : ce sont les trois gestes de Lourdes que tout pèlerin est invité à faire. Des gestes simples, qui parlent à tous. C’est même une véritable catéchèse qui est proposée à travers ces rites. Depuis la pandémie de covid, les gestes de l’eau sont proposés à la place de l’immersion dans les piscines.

"L’eau, c’est le signe de la vie que Dieu nous donne, explique le Père Loïc Bruneau. Une vie, au cœur même des sources qui sont dans des endroits un peu boueux. C'est quand même la vie qui est la plus forte, et ça, on peut y croire." Curé de la paroisse Saint-Maur-en-Loire-et-Vallée et aumônier diocésain de l'Action catholique des femmes, le Père Bruneau accompagne les pèlerins de la délégation du Maine-et-Loire. Il les invite à donner un sens spirituel à chacun de leur geste.

Dans la foule des pèlerins, Stéphane ressent un peu d’appréhension, lui qui découvre le sanctuaire. "Je n’ai pas touché la roche encore, c’est quand même un des symboles les plus importants ici !" Dans la grotte de Massabielle, les pèlerins avancent pas à pas jusqu’au fond, où a jailli la source. Leur main touche la roche où suinte l’eau. C’est là que la Vierge Marie est apparue dix-huit fois à Bernadette Soubirous en 1858.

 

Les miracles de Lourdes

Connecter le corps et l’esprit, ouvrir les cœurs… Les Voyages de l’espérance permettent à des personnes en situation précaire et isolée de vivre une véritable aventure fraternelle. Benoît Grellety, de la délégation du Secours catholique du Maine-et-Loire, accorde une grande importance à "la dimension spirituelle des personnes". "C’est quelque chose d’important au Secours catholique, on veut vraiment prendre en compte toute la personne et donc y compris sa dimension spirituelle, le sens qu’elle peut donner à sa vie."

Certains participants connaissent une vie où rien ne leur est facile. Ni la santé ni les conditions de vie ni le poids de douleurs passées. Ce n'est pas anodin pour eux d'écouter lors du chemin de croix le récit des souffrances de Jésus. À la troisième station, Apollonie ne peut retenir son émotion. "Ça me touche, quand je vois la souffrance qu’il a eue j’oublie la mienne, témoigne-t-elle. En tant que fils de Dieu il ne regarde pas sa souffrance à lui d’abord, il regarde la nôtre. Malgré tout ce que lui il porte sur lui, il vient encore prendre nos charges. C’est ça qui m’émeut et ça me parle."

Apollonie laisse les questions surgir en elle. "Pourquoi on lui a fait ça ? C’était quelqu’un de bien, il ne faisait pas de mal il était là pour nous enseigner, pour nous éduquer, nous accompagner, montrer le chemin de son Père. Et pourtant nous les Hommes nous lui avons fait ça !" La jeune femme a découvert les Voyages de l’espérance grâce à une voisine. C’est la première fois qu’elle est à Lourdes. Elle en rêvait depuis l’enfance et plus encore depuis son arrivée en France il y a six ans. "Je sais que rien n’est impossible au Seigneur !"

Les fameux miracles de Lourdes, faut-il y croire quand on y vient en pèlerin ? "Je ne sais pas si c’est un miracle ou pas mais là, on est bien, témoigne Stéphane. Je suis venu en pèlerinage parce que j’avais beaucoup de déboires notamment psychologiques… Je veux remercier la Vierge Marie et le Christ, les pouvoirs célestes, pour la longévité de mes parents, tous mes proches. C’est le moment, je me sens bien !"

 

La Cité Saint-Pierre, sur les hauteurs de Lourdes

Sur les hauteurs de la cité mariale, la cité Saint-Pierre accueille les pèlerins du Secours catholique depuis 70 ans. Un espace confortable, convivial, entouré de verdure, où l’on se repose, on discute et on prie. Pour l’heure, le moment est venu pour la délégation du Maine-et-Loire de préparer la messe du lendemain. On sélectionne les textes écrits par les quarante participants. "Il y a des intentions directes pour des personnes citées, des membres de la famille, résume une bénévole. Plusieurs demandent de la force en tant que malades, il y a des prières pour l’Église... Et beaucoup, beaucoup, beaucoup pour les défunts."

L’attention à l’autre est au cœur de ces Voyages de l’espérance,"chacun peut être accompagné tranquillement, à son rythme, avec les capacités qu’il a sur le moment". Micheline se retrouve dans ce qu’ont pu écrire les uns et les autres. "Étant jeune, j’ai eu beaucoup de misère dans ma vie, des morts, des bagarres, des accidents, il y en a eu !" Micheline a toujours cru cependant que Dieu était dans sa vie. "Je sentais qu’on m’aidait."

L’atelier de lecture des Écritures propose une méditation guidée du Livre des Actes des apôtres, chapitre 2, versets 41 à 45, qui décrit la vie des premières communautés chrétiennes. Un passage où il est question de mettre en commun des biens matériels. Cela interpelle notamment l'une des participantes dont le fils de 59 ans, qui "pleure de ne pas avoir de boulot", va être au RSA et s’installera chez sa mère en octobre. Au Secours catholique, dont le slogan est "Ensemble construire un monde juste et fraternel", on "agit pour que dans la société, le partage se fasse un peu plus justement... On essaie de rejoindre les Actes des Apôtres, tous ensemble."

La joie de Chantal, qui organise depuis quinze ans les Voyages de l’espérance du Secours catholique du Maine-et-Loire, est de voir les participants repartir "plus allégés". Et, pour certains, avec de nouvelles connaissances qu'ils retrouveront plus tard. "Ça se poursuit et j’en suis heureuse !"

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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