Les sacrements dans les différentes confessions : ce qui nous unit, ce qui nous distingue
Baptême, Eucharistie, mariage… Les sacrements jalonnent la vie chrétienne. Mais que recouvre ce terme dans les différentes Églises ? Un éclairage œcuménique sur les rites qui nous lient à Dieu et aux autres.
Du baptême à l’eucharistie, les sacrements sont au cœur de la vie chrétienne. © PxHereLes sacrements, une grâce partagée
Qu’ils soient appelés sacrements, rites, bénédictions ou célébrations, ces moments où l’homme entre en relation avec Dieu sont au cœur de la vie chrétienne. Institués par le Christ, les sacrements sont perçus comme des signes visibles d’une grâce invisible. Mais si leur importance est reconnue dans toutes les confessions chrétiennes, leur nombre, leur définition et leur portée varient sensiblement.
Sept sacrements chez les catholiques et les orthodoxes
Dans l’Église catholique et les Églises orthodoxes, on reconnaît sept sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’onction des malades, l’ordination et le mariage. Ces sacrements accompagnent le chrétien tout au long de sa vie, de la naissance à la mort. Ils sont considérés comme efficaces par eux-mêmes, conférant la grâce divine à celui qui les reçoit avec foi.
Entre catholiques et orthodoxes, les points communs sont nombreux. Mais des nuances existent : les termes peuvent varier (on parle de "chrismation" chez les orthodoxes au lieu de "confirmation"), les moments de célébration aussi (chez les orthodoxes, le baptême, la chrismation et la première eucharistie ont souvent lieu ensemble dès l’enfance). Dans les deux traditions, l’importance du rite, du geste, de la parole et de la communauté est fondamentale.
Deux sacrements pour les protestants… et plus encore ?
La Réforme a profondément renouvelé la compréhension des sacrements. Pour les protestants, seuls deux sacrements sont reconnus comme tels, car institués explicitement par le Christ : le baptême et la Cène (ou eucharistie). Ils sont des signes de la foi, des rappels visibles de la promesse divine, mais ils ne confèrent pas en eux-mêmes la grâce : c’est la foi qui sauve, pas le rite.
Selon le théologien André Gounelle, on distingue chez les protestants quatre types de célébrations : les sacrements (le baptême et la Cène), les cérémonies nécessaires comme le mariage, les cérémonies permises telles que la confirmation, l’ensevelissement ou la dédicace d’un lieu de culte, et les cérémonies défendues, comme les processions ou le culte des saints, rejetées au nom de la centralité du Christ.
Cette diversité traduit la richesse des sensibilités protestantes. Certains courants, comme les anabaptistes, rejettent le baptême des enfants au profit d’un baptême conscient à l’âge adulte. Les Quakers, eux, ne pratiquent aucun sacrement visible, préférant une spiritualité intérieure vécue en présence de Dieu.
Chez les Anglicans : entre catholicisme et Réforme
Les Anglicans reconnaissent deux grands sacrements : le baptême et l’eucharistie, considérés comme institués directement par le Christ. Ils identifient aussi cinq autres rites sacramentaux (confirmation, pénitence, mariage, ordination, onction des malades) comme des moyens de grâce, mais secondaires.
Depuis le XIXe siècle, le mouvement œcuménique anglican a réaffirmé la place de ces rites dans la vie chrétienne, tout en gardant la souplesse caractéristique de cette confession. L’anglicanisme se situe à la croisée des chemins entre catholicisme et protestantisme, ce qui en fait un interlocuteur privilégié dans le dialogue œcuménique.
Ce que dit le dialogue œcuménique
Sur ce sujet délicat, des avancées notables ont eu lieu, notamment grâce au document de Lima publié en 1982 : “Baptême, Eucharistie, Ministère”. Cet accord, fruit d’un long travail entre de nombreuses confessions chrétiennes, affirme que le baptême est reconnu mutuellement entre catholiques, protestants, orthodoxes et anglicans.
L’eucharistie reste plus complexe. L’Église catholique reconnaît la validité de l’eucharistie orthodoxe, en raison de la succession apostolique des prêtres et de la foi commune sur la présence réelle du Christ. En revanche, les célébrations protestantes et anglicanes ne sont pas considérées comme pleinement sacramentelles, notamment à cause de différences sur la compréhension du ministère ordonné.
Un chemin de respect et de reconnaissance
Les sacrements, même s’ils divisent encore dans leur compréhension théologique, sont aussi des ponts d’unité. Le baptême reconnu par tous en est un témoignage concret. Derrière les divergences se dessine une même conviction : celle d’un Dieu proche, qui agit dans nos vies, à travers des signes, des gestes et des paroles, vécus en Église.


Proposée par le service diocésain pour l’Unité, cette émission nous rappelle les fondements et principes de l’œcuménisme en les illustrant par la pratique. Chaque mois, découvrons les acteurs du dialogue ainsi que la grande diversité de leurs actions.




