Les 600 ans de l’université de Louvain : le Pape à la rencontre d’une université atypique
En Belgique depuis jeudi soir, le Pape François est venu célébrer les 600 ans de l’Université Catholique de Louvain les 27 et 28 septembre. Une rencontre marquée par les discussions riches entre le pontife et les étudiants.
Le carillon sonne sur la Grand Place de Louvain-la-Neuve plus longuement que d’habitude. Mais pour qui prêtera l’oreille, il ne se contente pas de sonner : il joue tout un répertoire de chants religieux ! Des classiques Alleluia de Händel aux chants de Taizé, en passant par l’« Ave Maria » de Lourdes, jusqu’à « Comment ne pas te louer », qui avait fait le buzz sur les réseaux sociaux récemment. Dans les rues de la ville-nouvelle universitaire piétonne, les étudiants en tenue de cérémonie, cape au vent, drapeau à la main et calotte couverte de pins vissée sur la tête avancent d’un pas sûr vers l’Aula Magna où se tiendra la rencontre avec le Pape François. De nombreux enfants et toutes sortes de scouts déambulent entre soleil et averses en ce samedi après-midi.
C’est une institution prestigieuse en Belgique qui reçoit le Pape : l’Université Catholique de Louvain peut se targuer d’être une des universités européennes les plus connues. Et pour cause: classée parmi les 12% des meilleures universités au monde, c’est aussi une des plus anciennes universités. Fondée en 1425, elle forme les esprits depuis 600 ans. C’est précisément cet anniversaire que le Pape François vient célébrer les 27 et 28 septembre.
Une histoire riche
Des bâtiments splendides, témoignant de la très longue histoire du lieu, d’autres plus récents, tous traversés par d’innombrables jeunes étudiants. C’est une université particulière que le Pape François a décidé de venir visiter. Créée le 9 décembre 1425 par une bulle du pape Martin V à la demande du duc de Brabant, l’université s’installe dans l’actuelle localité de Leuven (Louvain), près de Bruxelles. Elle devient très vite une des rares universités dite “complète”, c’est-à-dire qui propose l’intégralité des formations possibles à l’époque: facultés de médecine, droit et arts. Son catalogue s’étoffe, et certains de ses étudiants entrent dans l’histoire: Erasme est le plus connu, mais également Vésale en médecine ou Mercator en cartographie, jusqu’au prix Nobel de médecine en 1974, Christian de Duve. Fermée puis rouverte au XVIIIe siècle au gré des occupants français ou Néerlandais de la région, l’université garde son nom d’Université Catholique de Louvain lors de sa dernière réouverture lors de l’indépendance de la Belgique en 1830.
L’université scindée en deux
Après la seconde guerre mondiale, le nombre d’étudiants croît de manière exponentielle avec la démocratisation des études. Si la langue de l’université est depuis longtemps le français, langue des élites, l’afflux d’étudiants de langue flamande provoque des tensions de plus en plus fortes. Ceux-ci revendiquent leur droit à être formés dans leur langue maternelle, l’université étant en territoire flamand. En 1968, la rupture est consommée: l’université est alors scindée en deux, la KULeuven en langue flamande reste à Louvain, et l’Université Catholique de Louvain déménage dans une ville-nouvelle créée pour l’occasion, Louvain-la-Neuve.
L’identité catholique de l’institution en question
Si l’université brille sur le plan académique, ainsi que par la qualité de sa recherche, son identité catholique décline: en témoigne le changement de nom en faveur de “UCLouvain”, plus discret. Le logo représentant la Vierge Marie et Jésus a disparu, et le nom anglophone fait tout simplement l’impasse sur cet aspect (“University of Louvain”). De forts débats en interne et de nombreuses pétitions avaient en effet demandé une distanciation par rapport à la dimension catholique de l’université. Interrogée sur cette question, la rectrice de l’université, Françoise Smets s’empresse d’expliquer que le “C” signifie “les valeurs d’ouverture, de liberté et d’engagement”. Quant à la présence d’une faculté de théologie de renom dans chacune des institutions, elle serait “le reflet de la diversité de l’étude des religions”.
Un dialogue sincère
Toutefois, les deux universités ont uni leurs équipes pour inviter ensemble le Pape François. Un signe fort de l’intérêt que portent les universitaires à la pensée du pape à propos de l’accueil des migrants (Fratelli Tutti) et des questions environnementales (Laudato Si). Si les échanges ont été riches et sincères, un point d’achoppement demeure : la place de la femme dans l’Église sur laquelle les étudiants n’ont pas eu le sentiment d’avoir été entendus.
Avant de laisser le souverain pontife quitter l’université, les étudiants ont conclu leur chaleureux accueil par une standing ovation nourrie, et ont remis une calotte personnalisée au pape.
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !