L'École Pierre change de directeur et veut voir « plus grand, plus gros » en devenant un tiers-lieu d'ici 2028
L'École Pierre à Lyon ouvre un nouveau chapitre de son histoire. Après six ans à la direction de la structure qu'il a co-fondée, Guillaume Cail quitte l'école chrétienne créative pour créer l'agence de communication Brille Media. Il cède sa place à Aimery Dadillon, arrivé tout droit du Puy du Fou dont il gérait les Partenariats. Rencontre.
Aimery Dadillon devient le codirecteur de l'École Pierre et rêve grand - ® RCF LyonRCF Lyon : Vous êtes arrivé à l'École Pierre le 1er juillet 2025. Comment connaissiez-vous l'École Pierre ?
Aimery Dadillon : J'ai grandi autour de l'École Pierre en étant Lyonnais moi-même, de 2015 à 2020 à peu près. Guillaume a bien entendu laisser mûrir ce projet [d'école] pendant quelques années avant de le sortir. Dialoguant avec lui par le passé sur ces sujets, je lui avais fait un clin d'œil en lui disant que son projet était beau, magnifique, que j'y croyais, et que si un jour il avait besoin de moi, il pourrait m'appeler. Parti en 2020 pour de nouveaux horizons dans le Grand Ouest, je le suivais de loin au travers des réseaux sociaux. Cinq ans après, j'ai eu un appel sur mon téléphone qui m'a bien surpris, mais qui m'a fait grandement plaisir. J'ai été touché de voir la confiance qu'il prêtait à mon parcours. Et donc j'ai répondu à l'appel.
RCF Lyon : Prendre la place d'un cofondateur n'est jamais une posture évidente. Jérémy Thomas, le deuxième cofondateur, reste lui en place à l'École Pierre comme directeur artistique. Comment appréhendez-vous ce changement de direction ? Comment ça se met en place depuis quelques semaines ?
A.D. : Ça se fait en douceur. J'ai eu la chance de partager plusieurs semaines de passation avec Guillaume, de m'immiscer au sein de l'école ponctuellement ces derniers mois aussi pour être présent à la remise des diplômes, pour être présent, en amont de ça, à la résidence artistique, qui est l'un des temps forts de l'année... Et donc d'appréhender un peu le sujet avec des élèves, qui ne seront pas les miens, mais que j'ai pu découvrir.
J'ai pas simplement la responsabilité d'une structure, je me sens charge d'âme.
RCF Lyon : C'était important pour vous d'avoir cette présence avant que ce soit pleinement vos élèves ?
A.D. : Tout à fait ! Du fait que je n'ai pas simplement la responsabilité d'une structure, mais je me sens charge d'âme. Et en ce sens, il y avait une certaine appréhension à reprendre ce poste. J'ai formulé auprès du conseil d'administration le souhait que la phase découverte soit plus longue et plus douce. Et elle est réussie et ce, avec le soutien de Jérémy Thomas, qui ne bouge pas, qui est un excellent directeur artistique et qui est garant de cette vision initiale instaurée avec Guillaume il y a six ans maintenant.
RCF Lyon : Comment trouvez-vous votre place dans ce duo ? C'est aussi une nouvelle complicité à trouver ?
A.D. : Exactement, une nouvelle complicité à trouver avec Jérémy. De par le respect immense que j'ai pour lui, elle vient doucement, sûrement. Et je pense que Jérémy, avec qui j'ai beaucoup échangé par le passé, ressent comme moi une belle complémentarité qu'il avait différemment avec Guillaume par le passé. Guillaume avait cette grande appétence pour l'audiovisuel et la communication, univers dans lequel il reste maintenant, au travers de son nouveau projet qui s'appelle Brille. Et moi, n'ayant pas cette appétence-là, je suis plus un coordinateur de projet et un financier. Et je mobilise autour de moi l'équipe sur les sujets audiovisuels et communication. Donc à moi de les coordonner, à défaut de pouvoir remplacer Guillaume.
RCF Lyon : Guillaume Cail soutient que la créativité « est un vecteur que Dieu utilise pour transformer le monde ». Et en effet, on ne peut pas parler d'École Pierre sans parler de créativité. Quelle est votre vision de la créativité ?
A.D. : C'est une excellente question à laquelle je pourrais répondre en plus d'une heure, je pense ! En fait, j'ai la même vision que Guillaume et Jérémy en ce sens que la créativité, elle est multiple, elle est reçue et elle est nourrie. C'est un talent que l'on nourrit, qu'on reçoit et il est divers et varié. Chaque personne se fait une idée parfois trop resserrée de ce qu'est la créativité, que ce soit l'iconographie, l'animation liturgique ou l'audiovisuel. Mais elle peut aller bien plus loin que ça ! En tant que directeur et coordinateur du projet Pierre, je souhaite que chacun vienne découvrir au sein de l'école son espace de créativité et ses motions intérieures qui lui sont données par l'Esprit Saint pour se révéler au monde.
Je souhaite passer dans une phase 2 où on voit plus grand, plus gros
RCF Lyon : L'École Pierre a été d'abord une formation à la louange avant de devenir ce qu'elle est aujourd'hui : une formation de leadership pour les créatifs engagés dans différents secteurs d'activité. Le but final étant toujours de servir et d'édifier l'Église et la société. Quelle est l'orientation que vous avez aussi envie de donner ? Quelle est la couleur que vous avez envie de distiller dans ce nouveau projet pour vous ?
A.D. : Je souhaite préserver la vision d'origine, qui est belle, qui est toujours au temps d'actualité. Ce besoin intrinsèque que l'Église universelle a d'avoir des jeunes qui se mettent à son service. Ce besoin intrinsèque d'aller rencontrer les gens qui sont aux périphéries de notre Église et qui vivent dans un monde où ils ne connaissent plus le nom de Jésus-Christ. Aller les chercher, les rencontrer, apprendre à les connaître, les toucher avec les moyens de communication qu'ils écoutent. Quand on voit que nos églises se re-remplissent de personnes curieuses, en quête de sens, il est primordial de garder cette lignée ! Car remplir les églises le temps d'un dimanche, c'est une chose, la garder remplie, la garder vivante, c'en est une autre. Et on est dans un beau virage que nos églises vivent. Ce virage nécessite d'encore plus se former, d'encore plus être bon dans nos moyens de communication, de mobiliser, de louer et d'emmener les gens. Donc je souhaite garder cette vision à 100% et simplement passer à l'échelle. Passer dans une phase 2 où on voit plus grand, on voit plus gros et on se donne les moyens de les taper plus fort et plus loin.
RCF Lyon : Qu'est-ce que ça veut dire voir plus grand, voir plus gros ?
A.D. : Voir plus grand parce qu'on passe dans un nouveau campus. L'idée est de passer d'un campus de 200 m² rue Smith à Lyon à un bâtiment magnifique que nous confie le diocèse de Lyon qui en fait dix fois plus, sans compter un beau terrain à l'arrière qui nous permettra de tous nous retrouver, de rassembler tous les acteurs chrétiens qui gravitent autour de nous. Et c'est voir plus grand dans ce bâtiment mais également voir plus grand pour rassembler, former le double de jeunes. On double la promotion à compter de cette rentrée et notre objectif est de voir bien plus grand. On vise 100 élèves par promotion dans les prochaines années. Et ce pour inonder, si je puis dire, envoyer beaucoup plus de missionnaires dans nos églises.
RCF Lyon : Ce lieu, il est du côté de la Halle Tony Garnier, dans le 7e arrondissement de Lyon. On peut d'ailleurs en voir quelques images dans le clip du titre « Tu es là » sorti en juin parce qu'il a été tourné dans la chapelle qui était occupée jusqu'alors par les carmes. Pour quand est l'installation définitive et qu'est-ce que ça va changer au-delà de la place, au-delà du nombre d'élèves ? Qu'est-ce que ça change aussi pour vous dans la manière d'enseigner, pour les intervenants ? On ne change pas de lieu juste parce que c'était devenu trop petit...
A.D. : Non, pas uniquement parce que c'est devenu trop petit mais parce qu'on veut aussi aller plus loin dans cette vision qui est de former des leaders au service de l'Église. Elle se fait non plus uniquement par des cours mais par la création d'un écosystème autour de nous. À ce jour, on rassemblait des intervenants qui venaient chacun ponctuellement, qui ne se croisaient pas forcément. Et notre désir est d'avoir un tiers lieu qui rassemble beaucoup d'acteurs chrétiens qui puissent venir travailler au quotidien aux côtés de l'École Pierre. Certains seront dans les classes en train de donner les cours à nos élèves mais d'autres pourraient travailler dans un espace de coworking, se rencontrer, travailler ensemble, main dans la main avec nous et bénéficier de nos infrastructures, de nos outils, de nos studios d'enregistrement, de nos studios photo et vidéo. Notre objectif est donc de s'équiper. C'est un véritable enjeu financier en ce moment de s'équiper avec du matériel professionnel de qualité et en nombre suffisant pour nos élèves, d'autant plus nombreux aujourd'hui, et nos proches partenaires qui seront des acteurs chrétiens dans le monde de l'entrepreneuriat, des médias et de la musique.
RCF Lyon : C'est un rêve ou c'est un projet avec une échéance ?
A.D. : Nous sommes entre le rêve et le projet. On a passé la phase du rêve, maintenant on est en train de mobiliser les moyens autour de nous pour passer à la phase projet. Le bâtiment est déjà en place, certains studios d'enregistrement sont déjà en place et nous manquons simplement de moyens pour aller au bout de ce projet. D'ici trois ans, nous aurons ce tiers-lieu pleinement fonctionnel.
RCF Lyon : Quels sont les autres rêves que vous nourrissez pour l'École Pierre ?
A.D. : J'ai d'autres rêves pour l'École, je les laisse mûrir, j'en discute beaucoup avec mon associé Jérémy. Nous souhaitons ensemble que l'École Pierre ne se limite pas uniquement à une année de formation mais puisse accompagner nos élèves encore plus loin dans leur insertion derrière. Et aussi à ce que la marque Pierre, que les gens reconnaissent bien au-delà d'une école comme étant une entité créative en tant que telle, aille au bout de son projet en accompagnant des artistes, en créant des podcasts et un magazine en ligne sur les thèmes de la créativité. La chance que les rêves nous donnent, c'est de faire tomber toutes les barrières que, lorsque je suis réveillé, généralement, je réinstalle un peu trop rapidement.


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