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L'Avent, un temps pour laisser Dieu nous éduquer à la patience
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L'Avent, un temps pour laisser Dieu nous éduquer à la patience

Un article rédigé par Véronique Alzieu, Odile Riffaud - RCF, le 30 novembre 2022  -  Modifié le 4 décembre 2023
Halte spirituelle, l'intégrale L'Avent, école d'attente et de patience

Dans une société où tout va si vite, sait-on encore ce que c'est qu'attendre ? Alors que nous entrons dans le temps de l'Avent ce dimanche 3 décembre, si on redécouvrait la patience ? Là où la hâte et l'impatience génèrent de la violence, cette vertu nous enseigne que nous ne sommes pas tout-puissants et que l'on a besoin des autres. Pour le théologien Jean-Marc Liautaud, la patience, qui est proche de la douceur évangélique, nous remet à notre juste place.

"Le temps de l’Avent, c’est un de ces moments où je me sens invité par l’Église à communier à toute l’expérience du peuple d’Israël." ©Corinne Simon / Hans Lucas "Le temps de l’Avent, c’est un de ces moments où je me sens invité par l’Église à communier à toute l’expérience du peuple d’Israël." ©Corinne Simon / Hans Lucas

Avent : un temps pour méditer sur la vertu de patience

Aujourd’hui, "on ne sait plus attendre !", se désole le théologien Jean-Marc Liautaud. À l’heure d’internet et du tout-technologique, on ne sait plus ce que c’est que d’attendre comme le faisaient nos ancêtres, quand une simple lettre mettait plusieurs jours à traverser la France ! L'attente pourtant, est pleine de vertus. Et ce n’est pas un hasard si l’Église a fait des quatre semaines qui précèdent Noël un temps liturgique : "c’est vraiment ce moment privilégié où je peux laisser Dieu m’éduquer à la patience", nous dit le théologien. Au temps des païens, on attendait en cette période de l'année la lumière, la période où le jour allait se rallonger. Avec le christianisme c’est le vainqueur des ténèbres que l’on attend. Le Christ, qui "vient apporter la lumière de l’amour inconditionnel de Dieu au cœur de nos ténèbres", précise Jean-Marc Liautaud.

Si la patience a des vertus, que nous apprend-elle ? Pour le théologien, elle nous aide à reconnaître que nous ne sommes pas tout-puissants. Et ne pas être dans la toute-puissance, "ça nous permet de ne jamais faire sans les autres", explique-t-il. "On doit accepter d’être des êtres qui vivent en état de manque, finalement." Pour Jean-Marc Liautaud, la "relation d'interdépendance" est même "l’achèvement de la création".

 

 

Partout où la hâte gagne, partout où l’impatience gagne, il y a une forme de violence qui s’exerce sur nous, et sur l’autre possiblement... 

 

La patience nous aide dans nos relations aux autres

"Même si on est invités à ne pas faire dépendre notre bonheur que des autres et des circonstances, on est interdépendants", insiste Jean-Marc Liautaud. Et la relation à l’autre nous l’apprend, on ne peut arracher à l’autre ce qu’il ne peut ou ne veut donner, cela ne génère que violence. De même, ne peut-on arracher à la terre ce qu’elle ne peut nous offrir en son temps, sous peine de dérèglement des saisons… La patience est sans cesse "une éducation, une rééducation". En réalité nous n’avons pas le choix, il nous faut savoir attendre car "partout où la hâte gagne, partout où l’impatience gagne, il y a une forme de violence qui s’exerce sur nous et sur l’autre possiblement".

Nous sommes interdépendants les uns des autres : cette interdépendance peut aussi générer "une forme d’angoisse" et la peur du manque. Mais de quoi manque-t-on ? L’être humain a des besoins – boire, manger, dormir, etc. - et il est traversé de désirs. "À la différence du besoin, le désir ne peut être comblé, rappelle Jean-Marc Liautaud, on vient d’une relation, on s’accomplit dans les relations et on va à la relation." C’est l’autre qui sans cesse nous manque pour le théologien. "La vertu de patience vient nous mettre à notre juste place. Elle est proche de la douceur évangélique – « Heureux les doux », le doux, c’est celui qui a du désir mais qui ne force rien." Et tout croyant pourra le confirmer : le désir est une énergie de vie, sans désir il n’y a plus de vie.

Attendre Noël, c’est communier à l’expérience du peuple juif

Le temps liturgique de l’Avent est une invitation à communier à l’espérance du peuple juif, "dont l'Église est issue et qui est dans ses racines et qui continue d’irriguer de sa vie et de son espérance", rappelle Jean-Marc Liautaud. "Le temps de l’Avent, que j’aime particulièrement, confie le théologien, c’est un de ces moments où je me sens invité par l’Église à communier à toute l’expérience du peuple d’Israël." L’attente biblique, celle du Messie, du Sauveur, de celui sui va délivrer Israël... Dans la Bible, c'est avec Abraham que "la pédagogie de Dieu se met en œuvre", observe Jean-Marc Liautaud. Cela commence avec la promesse d'une descendance "aussi nombreuse que les étoiles du ciel" (Gn 22, 17)... Et pourtant, sa promesse a mis tant de temps à se réaliser !

Quand donc viendra la paix ? Quand donc viendra un monde enfin juste enfin respectueux de la création ? "Il y a toujours, dans l’expérience que fait le peuple d’Israël, et qui nous est livrée dans la Bible, cette tension entre un aujourd’hui qu’il faut investir, qu’il faut habiter, et un demain, qui est promis et il faut tenir dans cette promesse."

 

AVENTures de Noël : découvrez le calendrier de l'Avent sonore RCF 

 

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Émission Halte spirituelle © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Halte spirituelle, l'intégrale

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