Le Festival des Chrétiens d'Orient à l'abbaye d'Andecy
Le week-end du 5 au 6 juillet, l'abbaye d'Andecy, dans la Marne, a accueilli le Festival des Chrétiens d'Orient, où se rencontrent des chrétiens de rites latin et orientaux. A l'occasion de la première édition, organisée l'année dernière, RCF s'est entretenu avec différents acteurs présents lors de l'événement.
Festival des Chrétiens d'Orient. Crédits : L'Œuvre d'OrientLancé en 2024, le Festival des Chrétiens d'Orient, tenu à l'abbaye d'Andecy (Marne), est un point de rencontre entre chrétiens de rite latin et orientaux. Il est organisé par L'Œuvre d'Orient, une ONG venant en aide aux chrétiens orientaux dans 23 pays depuis plus de 170 ans.
Durant deux jours, des conférences, des témoignages, des temps de prière et des moments de convivialité sont proposés. "Il y a des matchs de foot entre latins et orientaux", relate avec sourire Didier Da Silva, responsable opérationnel de l'abbaye d'Andecy.
"C'est une grande joie, parce qu'on est pas dans notre zone de confort en faisant cela", a-t-il déclaré.
Il explique que le festival met l'accent sur la jeunesse, avec la présence de nombreux jeunes invités, comme Nicolas Meslin, responsable du service jeunes de L'Œuvre d'Orient.
Au-delà des instants festifs, Didier Da Silva évoque la richesse du programme, avec les moments spirituels. "Les gens peuvent s'isoler pour prier. On a eu une très belle messe. Il y a eu entre 120 et 130 personnes qui étaient présentes", raconte-t-il. Une exposition consacrée au Haut-Karabakh a par ailleurs été présentée durant la première édition du festival.
Un moment de témoignage
L'événement est également un instant de témoignage. C'est le notamment le cas pour sœur Jihane. Venant de Syrie et issue de l'Eglise melkite, elle dirige la plus grande école chrétienne de Damas, la capitale. L'établissement, détruit pendant la guerre civile, accueille environ 1600 élèves.
"Je viens témoigner de la foi des chrétiens qui sont restés [en Syrie], en dépit de toutes nos souffrances, avec les années de guerre, la pandémie, le séisme, mais avec tout cela, nous sommes là pour dire que la vie est plus forte que la mort", dit-elle.
Plusieurs représentants du rite latin étaient aussi présents. Le Père Denis Véjux, administrateur du diocèse de Châlons,raconte au micro de RCF l'histoire de l'abbaye d'Andecy et la mise en œuvre de l'événement. "Le lieu a été fondé en 1131, si je m'abuse. Son histoire a été marqué chez nous tout récemment par l'animation spirituelle de la communauté du Verbe de Vie, qui a été dissoute le 30 juin 2023". Il poursuit : "Notre évêque (Mgr François Touvet, ndlr) cherchait évidemment repreneur pour ce lieu spirituel tellement important. Non seulement il a donné son accord mais il a eu l'inspiration d'inviter l'œuvre d'Orient à venir s'installer. Cela s'est officialisé juste avant que Monseigneur parte pour sa nouvelle mission dans le sud. Il nous a envoyé l'annonce de l'accord d'association de l'Œuvre d'Orient le 8 décembre, la grande fête de l'Immaculée Conception".
Monseigneur Jacques Mourad, archevêque syriaque catholique de Homs, dans l'ouest de la Syrie, fait partie des grands témoins du festival. En 2015, il a été pris en otage durant près de quatre mois par le groupe Etat islamique. "C'est là où j'ai expérimenté la grâce de la foi. J'ai compris que tout ce que j'ai vécu était en préparation pour arriver à vivre cette expérience avec une transfiguration de la foi extraordinaire, au milieu de l'obscurité. J'ai embrassé ma foi qui m'a amené au-delà de la situation", explique-t-il. Le prélat continue : "J'ai compris que tout peut être possible avec la foi et avec l'amour de l'ennemi. Il me regarde dans les yeux mais il ne comprend pas comment moi je résiste. Je considère cette expérience comme un temps de grâce pour moi et un temps de libération intérieure".
Une communauté encore persécutée
Les chrétiens sont désormais entre 10 à 15 millions au Moyen-Orient. Persécutés, la situation est toujours délicate pour les chrétiens d'Orient. Fin juin encore, une église de Damas était la cible d'une attaque kamikaze. "Nous sommes comme des oiseaux qui ne savent plus où poser leurs pattes, entre l'islamisme radical qui sévit en Syrie et ailleurs et l’individualisme de l'Occident" disait Joseph Absi, patriarche melkite.


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