Le droit canonique, colonne vertébrale juridique de l’Église catholique
Le droit canonique régit la vie de l’Église catholique. Mais que contient-il ? Comment fonctionne-t-il ? L’abbé Hervé Miayoukou, maître de conférences à Toulouse, nous éclaire sur ce droit souvent méconnu, mais essentiel.
Le droit canonique, un droit de l'Eglise méconnu © Diego DelsoAlors que le pape Léon XIV commence son pontificat, les premières décisions qu’il prendra s’inscriront dans un cadre précis : le droit canonique, ce corps de lois qui structure la vie de l’Église catholique depuis des siècles. Pourtant, ce droit propre à l’Église est peu connu du grand public, alors même qu’il façonne profondément son fonctionnement au quotidien.
Un droit enraciné dans la tradition chrétienne
Le mot canonique vient du grec kanôn, qui signifie "règle" ou "mesure". Dès les premiers siècles, les communautés chrétiennes ressentent le besoin de poser des règles de vie commune : décisions conciliaires, lettres apostoliques, statuts diocésains… C’est à partir du IVe siècle que le terme prend une dimension juridique. Ces règles, progressivement codifiées, forment ce qu’on appelle le droit canonique.
Aujourd’hui, le texte de référence est le Code de droit canonique de 1983, promulgué par saint Jean-Paul II. Il actualise le premier code de 1917 et intègre les enseignements du concile Vatican II. Ce code, propre à l’Église latine, comprend plus de 1700 canons organisés en sept livres : les normes générales, le peuple de Dieu, la fonction d’enseigner, la fonction de sanctifier, les biens temporels, les sanctions pénales et les procès.
Un droit au service de la communion
Contrairement au droit civil, qui protège avant tout des intérêts individuels, le droit canonique vise le bien commun dans l’Église. Il organise la vie sacramentelle, les relations entre fidèles, clercs et évêques, la mission d’évangélisation, la gestion des biens, mais aussi les procédures de justice interne : causes de nullité de mariage, fautes disciplinaires, questions de gouvernance...
Pour l’abbé Hervé Miayoukou, maître de conférences en droit canonique à l’Institut Catholique de Toulouse, ce droit n’est pas un carcan, mais un cadre vivant :
Le droit canonique est un instrument de communion et de charité. Il permet à l’Église de vivre sa mission dans la justice, la vérité et la fidélité à l’Évangile.
Une justice discrète, mais bien réelle
Peu visibles, les tribunaux ecclésiastiques sont pourtant actifs. À Montpellier, où l’abbé Miayoukou exerce comme official, ces juridictions traitent notamment les demandes de reconnaissance de nullité de mariage, dans une démarche pastorale attentive à la vérité des situations. Loin d’être une "annulation", une telle décision vise à vérifier si un vrai mariage sacramentel a été célébré.
Cette justice ecclésiastique, avec ses propres procédures, s’exerce en lien étroit avec les évêques, selon le principe de subsidiarité et toujours dans une logique d’écoute, de discernement et de réconciliation.
Et demain ? Le droit canonique à l’épreuve des défis contemporains
Le droit canonique évolue. Ces dernières années, le pape François l’a modifié à plusieurs reprises : réforme de la Curie romaine (Praedicate Evangelium), ajustements dans le droit pénal canonique, nouvelles normes pour la lutte contre les abus. Il a également facilité certaines procédures, comme celles concernant les mariages.
Avec l’élection du pape Léon XIV, une nouvelle page du droit canonique pourrait s’ouvrir. Toute réforme majeure, que ce soit dans la gouvernance de l’Église, la place des laïcs, ou l’exercice du ministère presbytéral, devra être traduite juridiquement, codifiée, intégrée.
Dans ce processus, les canonistes joueront un rôle crucial. À la croisée du droit, de la théologie et de la pastorale, ils sont les gardiens attentifs d’une règle qui n’enferme pas, mais qui structure la liberté des enfants de Dieu.


Associée avec Hilaire Giron, Ancien Président de l'Association des Amis de Pierre Teilhard de Chardin, coproducteur de ces émissions aux côtés de Jean-Philippe Sellès, notre radio a souhaité consacrer une série de chroniques autour de la personne et de la pensée du Père Teilhard de Chardin. Sous forme de chronique individuelle ou d’interviews de personnalités, l’émission est centrée sur l’actualité de la pensée de Teilhard dans le monde interconnecté d’aujourd’hui.




