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L'abbaye de Lérins, un lieu de retraite pour reprendre son souffle

L'abbaye de Lérins, un lieu de retraite pour reprendre son souffle

Un article rédigé par Madeleine Vatel, avec OR - le 18 avril 2025 - Modifié le 19 avril 2025

Faire une retraite spirituelle à l'abbaye de Lérins, voilà qui attire de plus en plus de jeunes. Depuis la pandémie de Covid, le profil des retraitants a changé à Saint-Honorat. Beaucoup d'étudiants et de jeunes professionnels s'y rendent, souvent avec des questions existentielles, un sentiment de dispersion ou de surmenage.

Frère Marie, en charge de l'accueil des hôtes à l'abbaye de Lérins, a vu le profil des retraitants changer depuis la pandémie de Covid ©RCFFrère Marie, en charge de l'accueil des hôtes à l'abbaye de Lérins, a vu le profil des retraitants changer depuis la pandémie de Covid ©RCF

Chaque année pour la Semaine sainte, ils sont nombreux à séjourner à l'abbaye de Lérins. Le monastère accueille les visiteurs tout au long de l'année. Et justement, le profil des retraitants a changé. Frère Marie, en charge de l'hôtellerie, observe qu'ils sont plus jeunes, et avec plus de questions existentielles. Surtout depuis la pandémie de Covid.

 

L’accueil inconditionnel, une règle de vie monastique

C’est la Règle de saint Benoît qui le dit : "Tous ceux qui se présentent aux portes des monastères seront accueillis comme le Christ lui-même." Les monastères bénédictins et cisterciens accueillent donc tous ceux qui le souhaitent. "Nous ouvrons nos portes à tout le monde, ça fait partie de l’accueil inconditionnel monastique", explique Frère Marie, en charge de l’accueil à l'abbaye de Lérins depuis quinze ans.

Chrétiens ou non, baptisés ou non, chacun peut venir faire une retraite spirituelle sur l'île Saint-Honorat. Deux, trois, quatre jours, jusqu'à sept maximum. L'hôtellerie peut recevoir près de soixante-dix personnes. Et l'abbaye de Lérins, située au large de Cannes dans un cadre exceptionnel, offre un hébergement certes tout en sobriété mais aux prix défiants toute concurrence.

 

Des retraitants plus jeunes, avec plus de questions existentielles depuis le Covid

Depuis qu'il s'occupe de l’accueil à l'abbaye de Lérins, Frère Marie a vu changer le profil de ceux qui se rendent sur l’île pour une retraite spirituelle. "Une grande évolution" amorcée avant la pandémie de Covid et qui s’est accentuée après. Et qui fait venir à Saint-Honorat des retraitants plus jeunes, en dehors des vacances scolaires. Auparavant, l'abbaye recevait surtout des retraités hors saison, principalement des femmes.

Aujourd'hui, de plus en plus d’étudiants et de jeunes professionnels - trentenaires, voire quadragénaires - viennent en retraite à Lérins. Et beaucoup sont en quête de sens. "On est plus sur une quête de sens, existentielle, des questions fondamentales, note Frère Marie. Le milieu professionnel est très interrogé, le sens des études aussi." 

Des jeunes qui interrogent leur place dans la société et leur engagement au cœur du monde. Sans doute parce qu’ils n’ont pas le temps de se poser ces questions dans leur vie quotidienne. Certains, à peine diplômés sont "déjà en burn out", observe le frère hôtelier.

Le surmenage voilà aussi ce qui conduit les jeunes à l’abbaye de Lérins. Pour Frère Marie, "on est dans un mouvement plutôt culturel qui met l’accent sur la capacité. Où la vision de soi est liée à la capacité." Plus on passe de diplômes pour être capable et attractif sur le marché du travail, s'étonne le religieux, plus le sens de tout cela nous échappe. "Il y a un manque de sens derrière : Pourquoi on fait ça ? Il y a une finalité qui n’est pas visée."

 

Des jeunes en quête d’un cadre de vie

Ces jeunes ont en commun la "prise de conscience d’une dispersion", selon Frère Marie. Ils viennent chez les moines trouver un cadre, c’est-à-dire un temps structuré. Justement, la vie monastique permet de "goûter le bienfait d’une structure", témoigne le frère hôtelier.

À l'heure où les offres se multiplient de retraites de méditation de pleine conscience, de yoga, etc., on peut s'étonner du succès des retraites spirituelles dans les monastères. Pour Frère Marie, les méthodes de développement personnel sont "utiles". Elles peuvent être une "première étape" pour "découvrir qu’on a une intériorité". "Je me suis aperçu en fait que cette découverte qu’on a une intériorité alimente une soif d’autre chose, d’aller plus loin." Vers un questionnement plus large, plus grand, plus "existentiel".

La vie rythmée des moines et l’organisation de leurs espaces de vie façonnent "une unité de vie". "On a des temps de prière, de travail, de lecture... mais ce ne sont pas des temps saucissonnés. Tout ça, c’est pour la construction, l’unification de l’humain - du cœur, de l’esprit, du corps, de la relation avec les autres, avec l’environnement…" Ce qui manque aux jeunes ? "De ne pas avoir un cadre porteur de vie qui permette de mettre en œuvre aussi sa responsabilité d’humain. Je sens ça un peu derrière."

 

Nos journalistes font vivre la Semaine sainte en direct de l'Abbaye de Lérins, au large de Cannes. © Bertrand Lachanat - RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Vivez Pâques 2025 et la Semaine sainte avec les moines de l'Abbaye de Lérins
Nos journalistes font vivre la Semaine sainte en direct de l'Abbaye de Lérins, au large de Cannes. © Bertrand Lachanat - RCF
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