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La vie chrétienne comme chemin de discernement spirituel

La vie chrétienne comme chemin de discernement spirituel

Un article rédigé par STEPHANE DEBUSSCHERE - RCF Isère, le 10 septembre 2025 - Modifié le 11 septembre 2025
Vitamine C (Isère)La vie chrétienne comme chemin de discernement spirituel

On se souvient que, durant trois années – en incluant la démarche synodale sur de nouveaux modes de gouvernance –, tout le diocèse s’est mobilisé à la demande de Mgr Eychenne, évêque de Grenoble-Vienne, pour un temps d’écoute. Cette démarche devait aboutir à des orientations pastorales. À la Pentecôte 2025, un premier document a été publié : « Un élan renouvelé à partir du Christ pauvre et de nos frères et sœurs les plus délaissés ». Nous l’avons présenté sur cette antenne. La dernière partie annonçait sept étapes ou sept thématiques retenues à partir des nombreuses contributions.

En ce début septembre, le premier chapitre est proposé à l’ensemble des catholiques de l’Isère : « La vie chrétienne comme chemin de discernement spirituel ». Son auteur nous en présente les grandes lignes.

Jean-Marc Eychenne présente la lettre pastoraleJean-Marc Eychenne présente la lettre pastorale

Stéphane Debusschère, RCF. Pour commencer cet entretien, avez-vous reçu des retours sur l’introduction publiée à la Pentecôte ?

Mgr Eychenne. Oui. Beaucoup ont manifesté de l’intérêt, sans doute parce que le choix thématique était inattendu. Les retours positifs nous encouragent à aller plus loin : donner réellement au Christ, et au Christ pauvre, sa place dans nos communautés, dans toutes leurs dimensions. Concrètement, cela exige un discernement spirituel et communautaire – en paroisse, en petites fraternités, jusque dans les conseils épiscopaux. Nous nous sommes demandé, par exemple, comment écouter vraiment les plus fragiles en reconnaissant ces personnes comme quasi-sacrements de la présence du Christ.

RCF. Dans la réception, des attentes ont-elles été exprimées concernant la suite des sept thématiques ?

Mgr Eychenne. Oui. En présentant la liste, beaucoup se réjouissent de pouvoir approfondir ensemble ces questions à partir de quelques mots de l’évêque. Les attentes varient : les responsables des petites fraternités de proximité attendent le prochain volet ; d’autres, au regard du contexte politico-social, s’intéressent surtout à l’engagement des chrétiens en politique, prévu en dernier.

RCF. Le chapitre 1 s’intitule « La vie chrétienne comme chemin de discernement spirituel ». Pourquoi en faites-vous le défi le plus urgent pour l’Église aujourd’hui ?

Mgr Eychenne. Parce que nous avons trop enfermé la vie religieuse dans des pratiques ou des savoirs. S’ils ne sont pas enracinés dans une relation vivante avec Dieu, ils deviennent des coquilles vides. L’Évangile le rappelle : aux questions sur le jeûne, Jésus renvoie à la noce ; à la demande « Apprends-nous à prier », il répond « Notre Père » : la vie chrétienne est d’abord relation d’amour – personnelle et communautaire – avec Dieu en Jésus-Christ, dans l’Esprit. C’est le socle.

RCF. Pourquoi insister autant sur le discernement ? On l’associe souvent à des choix ponctuels, pas forcément à la vie quotidienne.

Mgr Eychenne. La démarche synodale nous a rappelé que l’enjeu n’est pas d’abord de décider ensemble, mais de nous mettre à l’écoute de l’Esprit : discerner ce que Dieu attend de nous, ici et maintenant, dans un contexte culturel donné. Il s’agit d’identifier, au milieu de ce qui nous traverse, ce qui vient de Dieu et ce qui relève de l’esprit du monde, du Malin ou d’un égo démesuré.

Le discernement n’est pas réservé aux grandes étapes : il se vit au quotidien. Quelle priorité donner aujourd’hui ? Non pas selon nos idéologies, mais selon le souffle de l’Esprit. J’aime l’image de Madeleine Delbrêl : apprendre à être sur la main du Saint-Esprit comme un gant de peau souple, et non comme un gant de chantier raidi. Agir avec Sa force plutôt qu’avec nos seules intuitions.

RCF. Dans votre texte, vous évoquez le « syndrome de Marthe » à partir de l’épisode de Marthe et Marie : un activisme dangereux pour la vie spirituelle. Comment le caractérisez-vous ?

Mgr Eychenne. C’est une tentation ancienne, accentuée aujourd’hui : vouloir aller toujours plus vite, optimiser, produire, jusqu’au burn-out. À Marthe, Jésus ne reproche pas le service, mais l’inquiétude et l’agitation : « Tu t’inquiètes et tu t’agites… ». L’utile devient nocif lorsqu’il n’est pas ancré dans le Christ. Mieux vaut faire moins, unis à Lui, que faire plus sans Lui.

RCF. Vous appelez à développer la formation à l’accompagnement spirituel. À quoi ressemblerait une école du discernement diocésaine ?

Mgr Eychenne. Idéalement, chacun des néophytes (environ 400 nouveaux baptisés cette année à Pâques) devrait trouver un accompagnateur ou une accompagnatrice spirituel(le). Ce charisme n’est pas réservé aux ministres ordonnés ni aux hommes. Or, nous manquons de personnes formées. Des lieux existent – par exemple la paroisse étudiante de Saint-Joseph – mais il faut amplifier l’effort.

La parole de Jésus s’applique ici : « La moisson est abondante, les ouvriers peu nombreux ». Nous avons un immense besoin d’accompagnateurs et d’accompagnatrices : laïcs, hommes, femmes, parfois jeunes. Très tôt, dans le scoutisme, j’ai expérimenté cette responsabilité de « grand frère ». Le diocèse a déjà des outils, mais il faut les déployer davantage.

RCF. L’accompagnement comporte aussi des risques (emprise, abus). Comment les prévenir ?

Mgr Eychenne. C’est un point crucial. L’accompagnement met en jeu une relation asymétrique. Sans relecture ni supervision, il peut dériver en prise de pouvoir ou manipulation. Les abus ne concernent pas que les prêtres : des laïcs formés peuvent aussi détourner cette responsabilité. Je préfère parler d’accompagnement plutôt que de direction spirituelle : il ne s’agit pas de décider pour l’autre.

Je retiens une définition reçue d’un jésuite, le P. Costa : l’accompagnement spirituel est l’aide qu’une personne apporte à une autre pour l’aider à devenir elle-même dans la foi, non celle qu’on voudrait qu’elle soit. Cela demande délicatesse et formation. J’ai souvent constaté, sans enfermer dans des catégories, un charisme d’accompagnement très présent chez les femmes.

RCF. Comptez-vous solliciter des communautés et groupes (par exemple, ceux issus de la spiritualité ignatienne) pour cette formation ?

Mgr Eychenne. Oui. Nous inviterons des paroisses à vivre des retraites dans la vie/ville, ce qui oblige à mobiliser des ressources locales en accompagnement. Nous lancerons aussi des appels à celles et ceux qui portent déjà ce souci : le Centre Saint-Hugues, le Chemin ignatien, afin qu’ils soient accueillis dans les communautés et déploient plus largement leurs compétences dans le diocèse.

RCF. Un mot de conclusion : le deuxième chapitre est prévu pour quand ?

Mgr Eychenne. Nous visons un rythme calé sur les vacances scolaires : une lettre environ toutes les six semaines sur une année, avec de possibles petits décalages. Le prochain chapitre portera sur de petits lieux de vie chrétienne fraternelle au plus près de vous.

Retranscription de l'interview retravaillée à l'aide de l'intelligence artificielle.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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