La foi est mystérieuse. Simple et évidente pour certains, elle se heurte à la raison et au doute pour d'autres. Mais qu'elle prenne des formes diverses, des chemins sinueux, au fond elle suppose une confiance sans cesse renouvelée dans une une personne, le Christ. Qu'est-ce que croire ? Sœur Mireille, l'abbesse de la communauté bénédictine Sainte-Scholastique de Dourgne (Tarn), nous apporte des éléments de réponse.
"La foi c'est d'abord un vécu, une relation, une proximité, une expérience, mais qui se vit au quotidien." La religieuse a beau avoir prononcé des vœux perpétuels et consacré toute sa vie au Christ, elle l'affirme : "le questionnement fait partie de la foi, je ne peux jamais dire une fois pour toutes je crois".
Car la foi chrétienne en effet, "c'est comme une relation avec une personne ce n'est jamais acquis" et en même temps, "il y a ce fond de certitude", ce "point fixe sur lequel on peut s'appuyer". Et si la foi est une relation, il faut qu'il y ait eu une rencontre. Elle peut être aussi soudaine que l'a vécue saint Paul sur le chemin de Damas ou l'écrivain français du XIXe siècle Charles Péguy un soir de Noël. "Il faut un élément déclencheur", souligne la religieuse.
Adhésion volontaire et consciente ou don de quelque chose qui nous tombe dessus sans que l'on comprenne exactement ce qui se passe ? Dans l'Évangile de saint Jean c'est le Christ qui demande à la Samaritaine "Donne-moi à boire" (Jn 4, 7). Ce qui fait dire à Sœur Mireille que la foi est d'abord un don avant d'être une décision. "C'est le Christ qui nous précède, lui qui vient le premier vers nous et qui nous attire à lui."
Dans le texte de Jean, le Christ dit aussi : "Si tu savais le don de Dieu" (Jn 4, 10). Il révèle à la Samaritaine "le don premier de Dieu", un don d'amour. "Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle." (Jn 3, 16)
Dans l'Évangile de Matthieu, le Christ demande à ses disciples "Pour vous, qui suis-je ?" (Mt 16,15). Il invite Pierre à apporter sa propre réponse ; de même les croyants d'aujourd'hui sont "nécessairement" invités à se poser cette question : qui est le Christ pour nous ? La foi chrétienne est comme un aller-retour incessant entre une présence pas toujours facile à percevoir et une aspiration profonde que l'on porte. "Je pense qu'il faut les deux, confie Sr Mireille, cette fulgurance d'un moment, et des périodes d'obscurité, de cheminement."
Certes, cela peut faire peur : choisir de suivre le Christ c'est avoir parfois le sentiment de plonger dans l'inconnu. Mais "il y a derrière la conviction intime que là se joue notre vie". Et l'intuition que "si on fait marche arrière, on passe à côté de la source, de ce qui peut donner sens, de qui on est vraiment". D'une certaine façon, on passe à côté du bonheur. "La vie elle est belle, elle n'est facile pour personne, on est toujours sur une ligne de crête, sur un devenir."
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