Jubilé des prisons : une démarche jubilaire vécue par les détenus le 14 décembre
Le 14 décembre 2025, un jubilé sera proposé dans toutes les prisons du monde. Une démarche préparée depuis plusieurs mois avec les détenus lors des rencontres d’aumônerie.
La démarche jubilaire sera proposée dans toutes les prisons à travers le monde le 14 décembre 2025©pexels-esjaimesCe sera le dernier jubilé à thème de cette année sainte. Le jubilé des prisons aura lieu le 14 décembre 2025. Il s’agit d’un événement mondial puisqu'une démarche jubilaire sera réalisée dans toutes les prisons du monde. «Ce jubilé manifeste que les personnes détenues sont des chrétiens comme les autres, et donc qu’ils ont droit à un jubilé comme tout le monde », explique Frère Hugues Vermès, aumônier au centre pénitentiaire de Caen. « Je ne sais pourquoi il s’agit du dernier jubilé de cette année sainte, mais je pourrais l’interpréter en disant qu’il s’agit du sommet. Puisqu’il y a dans le jubilé l’idée de libération et de pardon. Or, les personnes que nous rencontrons ont tout particulièrement besoin d’une libération intérieure et du pardon.»
Le passage d’une porte sainte en prison
Comme les détenus ne peuvent se rendre à Rome pour vivre ce jubilé, il leur est proposé de réaliser cette démarche dans leur lieu de détention. La plupart des évêques se rendront pour l’occasion dans une prison pour vivre cette démarche jubilaire avec eux. Ce sera le cas de Mgr Cador, l’évêque de Coutances, qui sera le samedi 13 décembre à la maison d’arrêt de Coutances. « On va passer symboliquement la porte jubilaire, l’évêque de Coutances en premier. On célébrera la messe et le jubilé de l’autre côté de cette porte », explique Jeanne d’Ursel, aumônier à Coutances. Certaines aumôneries ont en effet réalisé une décoration de porte sainte pour symboliser ce passage vers une nouvelle vie. Il y aura également une procession d’entrée dans la célébration, avec des lumignons et des mots choisis par les détenus sur le thème de l’espérance.
Depuis plusieurs mois, les aumôneries des prisons préparent ce jubilé, avec un livret proposé par l’aumônerie nationale. « Cela a été l’occasion d’échanger avec les détenus, sur les notions de porte, de pèlerinage, de pardon. La question du pèlerinage a particulièrement touché le groupe avec qui j’échangeais », témoigne Vincent Amiel, aumônier à Caen. Lors de cette année, le sacrement de la réconciliation leur a été proposé. « Il y en a eu plus qui l’ont demandé cette année que les années passées », confirme Frère Hugues Vermès.
Vers une libération intérieure
Thème central d’un jubilé, la question de la libération a été travaillée avec les détenus. « Comme aumônier, on est souvent confronté à la libération concrète que tous attendent. Mais derrière, il y a d’autres libérations : rester attaché à des mauvaises habitudes, des mauvaises fréquentations, au mal qu’on a commis. Lorsqu’une relation plus profonde s’instaure avec eux, on peut arriver à cette libération intérieure, qui est au fond le pardon, je ne me réduis pas au mal que j’ai commis », témoigne frère Hugues Vermès. Il raconte une anecdote : « Lors d’un échange, un détenu a raconté qu’il s’était senti libre le jour où il avait été arrêté. Ce jour-là, il a compris qu’il allait arrêter de faire le mal. Certains vivent le temps d’incarcération comme un long temps de libération. »
La prière intérieur est un lieu de liberté
« La libération physique arrivera un jour, mais la libération intérieure est plus problématique. Est-ce que je serai libéré de ma faute ? Les détenus ne parlent pas forcément de ce qu’ils ont fait, mais on sent cette culpabilité intérieure », ajoute Vincent Amiel. « Je leur dis souvent qu’un lieu de liberté qu’ils ont, c'est la prière intérieure. Personne ne peut leur empêcher de s’adresser à Dieu. Je leur présente la foi comme un lieu de vraie liberté où ce sont eux qui décident », témoigne Jeanne d’Ursel.
Quelle espérance pour les personnes détenues ?
En cette année de l’espérance, on peut se demander quelle est l’espérance des personnes incarcérées. « Mon espérance pour eux, c’est la dignité immense qu’ils ont, témoigne Jeanne d’Ursel. Une dignité d’enfant de Dieu encore plus forte quand elle jaillit de ces ténèbres. Quand ils arrivent en prison, humiliés publiquement, je leur dis "Dieu te connaît, et il t’aime comme ça". Alors on voit des yeux qui s’ouvrent. Pour moi, c’est une grande espérance.»
Dans ces vies cabossées, demeure une recherche spirituelle
Frère Hugues Vermès avoue que l’une des plus grandes souffrances comme aumônier, c’est d’être confronté à des situations humainement désespérées. « On ne peut pas leur dire que tout va bien se passer. Ce qui est source d’espérance, c’est de voir que dans ces vies cabossées, demeure une recherche spirituelle. Ils veulent venir à la messe, certains lisent la Bible une heure tous les matins, certains prient tous les offices ! »
Hasard du calendrier ou pas, ce jubilé des prisons sera vécu dix jours avant Noël, une période de souffrance pour la plupart des détenus. « On espère que la libération vécue lors du jubilé leur permettra de vivre plus paisiblement ces fêtes de Noël, aussi douloureuses soient-elles », espère Frère Hugues Vermès.


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