"Ils n’écoutent ni Jean ni le Fils de l’homme." (Mt 11, 16-19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là,
Jésus déclarait aux foules :
« À qui vais-je comparer cette génération ?
Elle ressemble à des gamins assis sur les places,
qui en interpellent d’autres en disant :
“Nous vous avons joué de la flûte,
et vous n’avez pas dansé.
Nous avons chanté des lamentations,
et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine.”
Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas,
et l’on dit : “C’est un possédé !”
Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit,
et l’on dit : “Voilà un glouton et un ivrogne,
un ami des publicains et des pécheurs.”
Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste
à travers ce qu’elle fait. »

Source : AELF

Méditation    Frère Pierre Januard 

Jean-Baptiste et Jésus adoptent des comportements très différents. Jean est austère, il vit au désert et se nourrit de sauterelles et de miel sauvage. Il prêche un baptême de conversion et tient un discours radical. Jésus, lui, mange avec les publicains et les pécheurs. Pourtant les deux sont rejetés. Jean-Baptiste est décapité dans sa prison et Jésus donne sa vie sur la croix. Les critiques adressées à l'un ou à l'autre ne sont que des prétextes pour éviter de se remettre en question soi-même. Lorsque la vérité nous dérange, il est tentant de vouloir décrédibiliser la personne qui la formule. La critique envers Jean-Baptiste ou envers Jésus est pour leur contemporains un rempart pour empêcher leur propre conscience de faire son œuvre d'interrogation, de repentir et de conversion. Aujourd'hui encore, nous sommes sans doute comme cette génération dont parle Jésus. Nous avons tendance à disséquer toute parole adressée, surtout si elle est exigeante ou que nous nous sentons visés. Nous nous protégeons en adoptant une posture de juge au lieu d'entrer dans le message qui nous est adressé. Nous sommes des êtres de raison et il est nécessaire d'exercer une saine critique rationnelle de ce qui nous est dit pour fuir les manipulateurs de toutes sortes. Mais nous ne pourrons entendre les appels à la conversion et nous tourner radicalement vers le Christ que si nous accueillons dans l'humilité la parole qui nous est adressée, que si nous croyons qu’à travers celles et ceux qui nous parlent, avec leurs défauts et leurs limites, le Christ a quelque chose à nous dire.