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Formation des prêtres : coûteuse mais essentielle

Formation des prêtres : coûteuse mais essentielle

Un article rédigé par Paul Boyer - RCF Vendée, le 3 septembre 2025 - Modifié le 3 septembre 2025
Ils font l'actu en Vendée Le Diocèse dépense 200 000€ par an pour la formation des séminaristes

Samedi 6 septembre seront ordonnés diacres en vue du sacerdoce pour le diocèse Vendée, Eudes Boyer, Jeremy Brin, Joseph Larger et Xavier de La Roche Saint André. L’occasion de revenir sur la formation des séminaristes avec l’abbé Gonzague Delahaye, ordonné en juin et responsable du service des vocations. Pour les dix séminaristes vendéens actuellement en formation au séminaire inter-diocésain de Nantes, le coût total d'une année pour le diocèse de Luçon est de 200 000 €. Des dépenses qui dépendent des dons des fidèles.

@diocesedeluçon@diocesedeluçon

Auberi Maitrot – Nous nous souvenons d’avoir vécu vos ordinations avec Quentin et Stanislas sur RCF. Un autre grand moment de joie nous attend ce samedi avec l’ordination de quatre nouveaux jeunes hommes. Qu’est-ce que cela vous fait de voir arriver « la relève » ?

Abbé Gonzague Delahaye – C’est une grande joie. Tous les prêtres qui sont ordonnés n’ont pas la chance de savoir qu’ils seront suivis par d’autres jeunes entrant au séminaire ou étant eux-mêmes ordonnés. Être ordonné à trois était déjà une joie, mais être suivi, à peine deux mois plus tard, par quatre diacres en vue du sacerdoce, c’est vraiment une très grande joie. D’autant plus que je connais ces jeunes hommes : ils sont vraiment de grande qualité.

En Vendée, nous avons cette chance de compter dix séminaristes, en incluant les futurs diacres puisqu’ils sont encore au séminaire. Il y a aussi quatre propédeutes, des jeunes en année de discernement. Cela fait de nous le diocèse le plus riche des Pays de la Loire. Qu’est-ce qui explique une telle vitalité ?

La Vendée a une histoire forte, une identité chrétienne très marquée. Et depuis onze ans, les cycles Saint Jean-Paul II et Sainte Thérèse offrent aux jeunes un cadre concret, progressif, pour discerner leur vocation. On parle souvent de la pédagogie des petits pas : discerner tout en restant dans son état de vie – étudiant, jeune pro, travailleur – est une vraie chance. Et cela fait des émules ailleurs aussi. C’est un élément clé.

Ce n’est pas que le Seigneur n’appelle plus : on en est certains. Mais les jeunes doivent avoir les conditions pour être accompagnés, pour répondre, pour apprendre à écouter le Seigneur dans la durée. Et ces cycles le permettent.

Le discernement, c’est aussi le temps long des études, du séminaire. Les jeunes peuvent encore dire non jusqu’à l’ordination diaconale, voire jusqu’à l’ordination sacerdotale, prévue en juin prochain si tout va bien. Ce temps long, c’est six ou sept ans ?

Oui, exactement. Avec l’année de propédeutique, cela fait sept ans, et s’il y a un stage pendant le séminaire, on arrive à huit ans. Pour ma part, j’ai fait huit ans. Ce temps est à la fois un discernement et une formation. On se forme tout en continuant de discerner.

L’engagement devient vraiment définitif au moment du diaconat : on s’engage dans un diocèse précis, on s’engage au célibat, à la prière de l’Église, à l’obéissance et au respect envers l’évêque avec lequel on vivra toujours en communion. Ce sont trois engagements forts. Avant cela, on reste libre, et personne ne nous force à rester au séminaire.

Pour les jeunes hommes de notre diocèse, le séminaire peut prendre différentes formes : à Rome, comme ce fut le cas pour le père Stanislas et un temps pour le père Quentin ; à Ars ; ou encore, comme vous, au séminaire interdiocésain de Nantes. En huit années, on y fait quoi ? On y apprend quoi ?

Ce sont des années très riches. La formation est intégrale : intellectuelle, spirituelle, humaine et pastorale. On apprend à se connaître soi-même, à prier, à grandir, à vivre avec d’autres, et à découvrir le mystère de la foi.

Il y a deux grandes étapes. Les deux premières années sont appelées formation « disciple-missionnaire » – c’est ce qu’on appelait autrefois le cycle de philosophie. L’accent y est mis sur les grandes questions : qu’est-ce que l’homme ? Peut-on connaître Dieu par la raison ? Quelle est la place du travail ou de la religion dans la vie humaine ? On y aborde aussi l’histoire de l’Église.

Puis vient la formation plus théologique dont on approfondit tous les chapitres : la Trinité, la christologie, la grâce, la liturgie… On creuse la théologie de la liturgie : pourquoi avons-nous besoin de la liturgie dans notre vie ? Pourquoi des signes visibles, concrets, sont-ils nécessaires pour accéder au mystère de Dieu ? Comment Dieu agit-il dans la liturgie ? Ce sont des questions que l’on approfondit, et qu’on essaie surtout de vivre activement.

Et cette formation a un coût. Un peu comme une école de commerce, sauf que ce ne sont pas les familles de sang qui financent, mais la grande famille de l’Église. Nous avons dix séminaristes dans notre diocèse : il est important de rappeler aux fidèles que leur soutien financier est essentiel pour permettre à ces jeunes de vivre leur formation.

Une année au séminaire coûte environ 20 000 euros par séminariste, et 10 000 euros pour une année de propédeutique. Pour notre diocèse, cela représente 240 000 euros pour une année de formation des séminaristes. Sur huit ans, cela devient une somme importante. Les dons des fidèles sont donc absolument précieux et nécessaires.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez réalisé qu’une année coûtait 20 000 euros ? Vous avez fait huit années d’études, et tout cela a été rendu possible grâce aux dons.

C’est une prise de conscience très importante. Au séminaire, chaque année, on avait une présentation des comptes, avec les différents postes de dépenses, pour nous permettre de réaliser concrètement cela. La première chose qui vient, c’est l'action de grâce. Pour nos bienfaiteurs, spirituels certes, mais aussi matériels. Cela nous oblige, durant ce temps long, parfois éprouvant, à nous rappeler que ce que nous vivons au séminaire, même si cela semble coupé de la vie ordinaire, est vécu pour les autres. C’est pour un peuple qui, d’une certaine manière, se sacrifie pour nous. Cela donne une motivation très forte pour bien se former.

Après cette ordination diaconale de samedi, il y aura l’ordination sacerdotale. Que va-t-il se passer entre ces deux étapes pour Jérémie, Joseph et Xavier ?

Pour moi, c’est encore tout frais, donc je peux facilement en témoigner. J’ai été ordonné diacre le 14 septembre dernier et prêtre le 29 juin. L’année diaconale est une année spécifique, qui s’ajoute aux cinq années de formation académique. On est davantage en paroisse, à moins d’être envoyé en études comme l’a été Stanislas.

Concrètement, on passe dix jours en paroisse, puis cinq jours au séminaire. C’est une année où l’on approfondit le mystère reçu dans l’ordination. Comme diacre, on peut prêcher l’homélie à la messe. On a un rôle particulier auprès des personnes pauvres, seules… Il y a un vrai rôle de charité. Et on continue à se former : comment préparer un mariage, une sépulture, célébrer un baptême…

Pour rappel, une année d’études pour un séminariste coûte 20 000 euros. Nous avons la grâce, en Vendée, d’avoir dix séminaristes. Une relève assurée – en tout cas, pour le moment – pour notre Église. Si vous souhaitez faire un don pour financer les études de nos futurs prêtres, vous pouvez l’adresser à l’Association diocésaine. Toutes les informations sont disponibles sur le site de l’Église en Vendée.

Enfin nous aurons la joie de suivre en direct, sur YouTube, la célébration de l’ordination diaconale d’Eudes, Jérémie, Joseph et Xavier, ce samedi à 10h30 à Saint-Laurent-sur-Sèvre.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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