
Le pape François a reçu le 25 janvier dernier les recteurs des séminaires majeurs de France, venus en pèlerinage jubilaire à Rome. Il a rappelé l’importance de leur rôle dans la formation des futurs prêtres, en affirmant que la mission sacerdotale était avant tout un chemin de discernement profond qui nécessite une attention particulière à la diversité des candidats. Le séminaire est aussi une formation humaine, spirituelle et missionnaire équilibrée. Qui sont les candidats au sacerdoce aujourd’hui, quelles sont leurs motivations et comment les former sur le plan spirituel et humain ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Melchior Gormand.
Pour le pape François, "le séminaire ne doit pas chercher à former des clones qui pensent tous de la même manière, partagent les mêmes goûts et les mêmes options". Le père Étienne Roche, aumônier de la pastorale des 18-30 ans et formateur au séminaire Saint-Irénée de Lyon partage l’avis du pape et souligne que le séminaire "permet au jeune de faire éclore ce qu’il porte en lui tout en lui donnant les éléments pour sa future vie sacerdotale." Le père Paul Quinson, recteur du séminaire de Paris, maintient que "le but de la formation est de respecter la singularité de chaque personne."
Le séminaire permet ainsi de former des prêtres tout en faisant évoluer le séminariste avec une valeur commune : la fraternité. L’attrait d'une vie communautaire intéresse particulièrement les jeunes séminaristes. Don Edouard de Vregille, responsable de la maison de formation de la Communauté saint Martin atteste que les séminaristes ont une "grande liberté intérieure grâce à une vie commune développée. C’est dans cette vie commune que jaillit leur vraie personnalité, leur plus belle."
Toute la formation des prêtres repose sur une ratio nationalis, un ensemble de règles et mesures qui dépendent de la ratio fundamentalis, pour transmettre les enseignements de l'Église selon chaque pays. Un "mode d'emploi" qui énonce deux principes fondamentaux : la vie fraternelle et la mission. Dans les deux cas, la confiance est au centre de la formation des futurs prêtres. Edouard de Vregille soutient que la fraternité est au cœur du séminaire : "dis-moi comment tu aimes tes frères, je te dirai comment tu aimes le Christ." Pour lui, c’est en passant du temps ensemble que la confiance naît, et "s’il n’y a pas de confiance, il n’y a pas de fruit", autant entre formateurs et séminaristes mais aussi entre les futurs prêtres.
On doit former des hommes, c’est-à-dire des gens responsables, c’est toute une éducation qui se fait.
Paul Quinson détermine quatre axes du ratio nationalis qui guident les séminaristes : "la formation humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale". Selon le recteur, le séminaire a le rôle de "vérifier l’équilibre global du candidat, ainsi que sa capacité à travailler." La dimension humaine est au centre de cette formation qui doit "observer les différences capacités de l’homme à vivre", insiste Paul Quinson. Edouard de Vregille note que le séminaire est composé d’une formation humaine et une formation chrétienne. "On doit former des hommes, c’est-à-dire des gens responsables, c’est toute une éducation qui se fait. Un prêtre est un chrétien qui se convertit, un appel à la sainteté et un désir de conversion doit les habiter." Étienne Roche avance que "l’issue de la formation est un discernement réussi."
Mais la dimension de la mission n’est pas en reste et garde une place forte chez les jeunes séminaristes. Le père Paul Quinson estime qu’elle demeure "l’axe majeur de la formation" qu’il définit comme "une somme d’activités considérables." Pour le prêtre, "l’enjeu est d’aider les séminaristes à ne pas idéaliser la mission car ils arrivent avec un zèle de la mission. Les choses profondes se jouent sur le long terme", complète-t-il.
Grandir autour de chrétiens pratiquants se fait de plus en plus rare. Même si le terme "crise des vocations" ne semble pas exact car "il y a un chiffre stable d’environ 100 nouveaux prêtres par an depuis quelques années", selon Paul Quinson, l’idée est là. Étienne Roche remarque que "les jeunes séminaristes sont très motivés, car il y a moins de pression face à la convention sociale qu'avant. Quand on va à la messe et qu’on chemine, il y a un feu intérieur et une rencontre personnelle avec Jésus qui a été faite."
On a besoin de marquer les choses et de faire partie de cette communauté.
Des jeunes plus motivés, certes, mais un manque de repères d’une vocation religieuse qui résonne de moins en moins dans les cœurs. Des séminaristes et jeunes prêtres n'hésitent pas à montrer des signes distinctifs. Étienne Roche, qui se définit à 38 ans comme "appartenant à cette nouvelle génération de prêtres", témoigne d’une volonté de "se rassurer, on a besoin de marquer les choses et de faire partie de cette communauté." Au-delà de l’appartenance, le père Etienne Roche reconnaît que des signes visibles peuvent faire émerger une discussion autour de la religion, de la part de personnes qui ne sont pas croyantes. Paul Quinson rappelle tout de même que "l’évangélisation ne se joue pas sur les signes, mais dans le cœur."
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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