Accueil
Faut-il se préparer à la fin des temps ?

Faut-il se préparer à la fin des temps ?

Un article rédigé par STEPHANE DEBUSSCHERE - le 20 juin 2025 - Modifié le 20 juin 2025
Le son du jourFaut-il se préparer à la fin des temps ? Charles Bonin

La période troublée que nous traversons est source d’inquiétude pour beaucoup. Dans ce contexte, les prophètes de malheur, et les discours apocalyptiques ont bonne presse. On parle de fin du monde, d’Armageddon ou d’antichrist, et pas uniquement dans des genres cinématographiques à succès. Le manque de repères accroit encore l’inquiétude.

Un prêtre du diocèse de Grenoble-Vienne a travaillé cette question, non pas d’abord parce que c’est un thème à succès, mais avant tout pour rappeler l’espérance qu’apporte la foi au Christ.

En partageant cette foi, parler de fin des temps ou de parousie, le retour du Christ, ne doit pas nous enfermer dans la crainte mais au contraire nous remplir de lumière pour affronter les troubles.

Charles Bonin nous présente son ouvrage.

Editions ArtègeEditions Artège

Stéphane Debusschère
Charles Bonin est curé-doyen dans la région de la Bièvre. Ordonné prêtre, il a mené une recherche approfondie sur la fin des temps, autrement dit l’eschatologie, dans une démarche à la fois biblique et dogmatique. Ce travail a donné lieu à un mémoire de master en théologie. De cette recherche est né un livre, paru aux éditions Artège : Faut-il se préparer à la fin des temps ? Le sous-titre, Espérer à la lumière de l’Évangile, en précise bien l’intention. Le 23 juin prochain, Charles Bonin donnera une conférence sur ce thème. Il nous fait aujourd’hui l’amitié de venir présenter ce travail, et surtout, d’inviter chacun à prendre part à cette réflexion. Bonjour Charles, merci d’être avec nous.

Pourquoi avoir choisi ce thème, aussi fort que délicat ? Vous soulignez, dès l’introduction, que la crise écologique, les conflits mondiaux, les incertitudes économiques entretiennent un climat d’inquiétude. Ce type de titre ne vient-il pas ajouter de l’angoisse à l’anxiété ambiante ?

Charles Bonin
C’est précisément en raison de cette inquiétude diffuse que j’ai voulu interroger l’Écriture. Comment la Parole de Dieu vient-elle nous rejoindre dans un monde troublé ? Comment nous conduit-elle à une espérance, bien au-delà du tumulte ? Ces questions surgissent avec acuité face aux bouleversements actuels. Elles réveillent en nous la conscience de la finitude, voire la peur de l’inconnu. Mais elles renvoient aussi à cette interrogation fondamentale : quel est le sens, la finalité de notre existence ? La Parole de Dieu ne se dérobe pas : elle nous offre des repères clairs, une lumière pour traverser l’obscurité. J’ai donc cherché à comprendre comment elle aborde le mystère du mal pour nous conduire à une espérance plus grande.

Stéphane Debusschère
Ce livre s’appuie sur un travail universitaire solide. Mais cette question de la fin, est-elle née de votre mission pastorale ou vous habitait-elle déjà auparavant ?

Charles Bonin
Elle m’accompagne depuis longtemps. Sénèque disait : « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va ». Et La Fontaine recommandait de « considérer la fin en toute chose ». La perspective de la fin oriente nos choix, éclaire notre route. L’actualité, parfois marquée par une perte de sens, a ravivé ce questionnement. Dans mon ministère, je rencontre de nombreuses personnes en quête de repères. Or la Parole de Dieu est lumineuse : elle éclaire le présent. Ce n’est ni une parole du passé ni une projection vers un avenir lointain, mais un présent vivant, un présent éternel.

Stéphane Debusschère
Vous affirmez qu’on ne peut pas réfléchir au sens de la vie sans interroger sa finalité. Pour les croyants, cela renvoie inévitablement à la parousie, au retour du Christ. Peut-on vraiment vivre sans se confronter à ces réalités ?

Charles Bonin
Je ne le pense pas. La vie est un passage. Pour le traverser pleinement, il faut savoir vers quoi il nous conduit. La fin de notre vie, ce n’est pas seulement un terme, c’est une orientation, un sens. En français, le mot "fin" porte cette double signification : la cessation, mais aussi la finalité. L’Écriture exploite cette richesse sémantique. Elle nous rappelle que nous sommes appelés au Royaume, et qu’il nous faut avancer vers lui avec confiance.

Stéphane Debusschère
Vous soulignez que l’Église parle peu aujourd’hui de ces sujets, alors qu’ils ont longtemps structuré sa prédication, parfois en usant de peur. Faut-il voir dans ce silence une réaction aux excès du passé ?

Charles Bonin
J’espère plutôt un retour à l’équilibre. Il y eut en effet une pastorale de la peur. Mais l’Apocalypse, par exemple, n’a pas été écrite pour effrayer : elle est porteuse d’espérance en temps de crise. L’Église avance avec prudence, car deux pièges la guettent : réduire l’Apocalypse à un récit symbolique du passé, ou à l’inverse, l’interpréter comme une prédiction littérale des événements à venir. La vérité se tient entre les deux : comment la Parole de Dieu me parle-t-elle ici et maintenant, dans mes luttes, mes doutes, mes souffrances ? Elle éclaire, elle oriente, elle offre une espérance qui transforme le réel.

Stéphane Debusschère
Charles Bonin, votre livre ne parle jamais de la fin sans revenir au Christ, source d’espérance. C’est lui, en définitive, qui vous guide dans cette recherche.

Charles Bonin
Oui, car c’est là l’essentiel. Le chapitre 24 de l’Évangile selon saint Matthieu est au cœur de mon propos : il évoque la parousie, l’avènement glorieux du Christ, auquel participeront ceux qui auront marché à sa suite. Cette perspective donne sens à nos combats contre le mal. Elle permet de les affronter dans la paix, sans fuir la souffrance, mais en l’habitant d’espérance.

Stéphane Debusschère
Votre démarche est rigoureusement théologique, et fondée sur une lecture attentive de l’Écriture. Vous mobilisez Daniel, l’Apocalypse, Matthieu... tous témoignent d’une espérance plus que d’une crainte.

Charles Bonin
Exactement. Nous sommes promis au Royaume. La question est : comment s’y préparer ? La littérature apocalyptique peut impressionner, mais elle est cohérente. On y trouve des bouleversements politiques, cosmiques, économiques, mais toujours dans un cadre spirituel. Ainsi, l’Apocalypse s’ouvre par les lettres aux sept Églises : c’est dans la vie ecclésiale que s’enracine la lecture du monde. Mon travail vise à décrypter cette réalité du mal, pour permettre à chacun de discerner un chemin, dans la lumière du Christ.

Stéphane Debusschère
À la lumière des Écritures, vous invitez à lire les signes des temps : crise écologique, instabilité mondiale, perte de repères spirituels... Ces signes annoncent-ils la fin ?

Charles Bonin
La question n’est pas nouvelle. Les disciples la posaient déjà à Jésus. Mais il ne leur donne ni date, ni échéance. Il leur propose des signes, non pour prédire, mais pour éveiller. Ces signes nous invitent à une attitude : celle du veilleur, du prophète et du martyr. Une triple posture que je détaille dans le livre, inspirée notamment des textes de saint Paul.

Stéphane Debusschère
Vous extrayez de Matthieu 24 six éléments marquants : effondrement religieux, imposture spirituelle, troubles politiques, catastrophes naturelles, persécution des croyants, et enfin la parousie. Sur l’imposture spirituelle, vous évoquez même une « trinité abominable ». De quoi s’agit-il ?

Charles Bonin
Cette trinité contrefaite s’oppose subtilement à celle de Dieu. L’idéalisme, qui place l’idée au-dessus du réel, s’attaque à la figure du Père. Le perfectionnisme, qui nie la miséricorde, contredit le Fils. Le volontarisme, qui prétend tout obtenir par l’effort, refuse l’Esprit. Ces déviances sapent l’image de Dieu en l’homme. C’est cela, l’imposture : le mal déguisé en bien.

Stéphane Debusschère
Ces éléments sont-ils successifs ou simultanés ?

Charles Bonin
Ils ne forment pas une chronologie. Ce ne sont pas des étapes à cocher. Ce sont des signes, souvent entremêlés. Les troubles politiques ont toujours existé, certes, mais leur globalisation, aujourd’hui, interpelle. Et les textes prophétiques nous parlent encore. Quand Sophonie annonce la destruction de Gaza, comment ne pas s’interroger sur ce que cela signifie pour nous, aujourd’hui ?

Stéphane Debusschère
Nous n’aurons pas le temps d’aborder en détail les autres éléments. Rendez-vous donc le 23 juin à 18h30 au CTM. Une dernière question, celle qui donne son titre à l’ouvrage : faut-il se préparer à la fin des temps ?

Charles Bonin
Oui, absolument. Mais la vraie question, c’est : comment ? Nous sommes en route vers une fin, qu’il s’agisse du monde ou de notre vie personnelle. Cette préparation consiste à discerner le mal à l’œuvre, pour y résister et accueillir la lumière du Christ. Ce n’est pas un retour du Christ que nous attendons — il est déjà là. C’est son avènement, sa pleine révélation. À nous de le faire advenir dans nos vies, en adoptant cette triple posture du veilleur, du prophète et du martyr.

Pour aller plus loin, rendez-vous à la conférence du 23 juin à 18h30 au Centre théologique de Meylan.

Le son du jour
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le son du jour
Le son du jour
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.