Faire du sport le dimanche, jour du Seigneur : qu'en penser ?
Entre la messe, le repas familial et le repos sacré, le dimanche est une journée à part pour les chrétiens en Belgique. Pourtant, c’est aussi souvent le seul moment libre de la semaine pour chausser ses baskets. Alors, transpirer le jour du Seigneur est-il compatible avec la sanctification de ce jour ? L'Église porte aujourd'hui un regard renouvelé et positif sur cette question.
Le corps est le temple de l'Esprit". L'entretenir, même le dimanche, peut être une formidable forme de prière et de gratitude !C'est un dilemme moderne classique. Le dimanche matin, alors que les cloches sonnent l'appel à l'eucharistie, d'autres appels se font sentir : celui des sentiers de forêt pour les joggeurs, des terrains de football pour les amateurs, ou des salles de sport pour ceux qui veulent évacuer le stress de la semaine.
Longtemps, une vision rigoriste a pu laisser croire que le "repos dominical" signifiait une inactivité quasi totale, ou du moins une activité uniquement tournée vers la prière et la famille. Pourtant, comme le soulignait le document du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, « Donner le meilleur de soi-même », l'Église ne condamne pas le sport, bien au contraire. Elle y voit un vecteur formidable d'épanouissement humain.
Le dimanche : sanctifier le temps, pas l'inactivité
Le commandement biblique est clair : "Tu sanctifieras le jour du Seigneur". Mais sanctifier signifie-t-il ne pas bouger ? La théologie catholique rappelle que le dimanche est le jour de la "re-création". C’est un temps pour se ressourcer, pour restaurer ses forces physiques et spirituelles afin de mieux servir Dieu et son prochain la semaine suivante.
Si le sport devient une obsession qui remplace la Messe ou qui isole le fidèle de sa communauté et de sa famille, il y a désordre. En revanche, s'il est vécu comme un moment de détente, de joie et de gratitude pour le corps qui nous a été donné, il s'inscrit parfaitement dans l'esprit du dimanche.
Saint Jean-Paul II, souvent surnommé "l'athlète de Dieu", rappelait régulièrement que le sport pouvait être une école de vertu. Plus récemment, le pape François insistait sur la dimension "amateur" du sport (de l'italien amator, celui qui aime), rappelant que le jeu et la gratuité sont essentiels à l'équilibre humain.
Un équilibre entre corps et esprit
Le corps n'est pas une enveloppe encombrante, mais, selon les mots de Saint Paul, le "temple de l'Esprit Saint". L'entretenir est donc une forme de respect envers le Créateur. Le danger réside uniquement dans le culte du corps ou la performance à tout prix qui viendrait écraser la vie intérieure.
L'astuce réside dans l'organisation et l'intention. Il est tout à fait possible de vivre la messe, de partager un repas, et de consacrer une heure à l'effort physique. Cela permet souvent de "vider la tête" pour mieux la remplir ensuite de spirituel.
Cette approche déculpabilisante ouvre la porte à de nombreuses activités. Que vous partiez pour une longue marche méditative, un match de foot entre amis, ou si vous faites, par exemple, du fitness, du hockey ou encore des cours collectifs, l'important est de le vivre avec un esprit de gratitude et de joie. Le sport devient alors une louange par le corps.
Quand l'Église investit le terrain
Loin de se retirer des stades, l'Église catholique cherche aujourd'hui à être présente là où sont les hommes et les femmes, y compris dans le sport. Comme le notent plusieurs observateurs de la vie ecclésiale, l'institution voit dans les valeurs sportives — le dépassement de soi, le respect des règles, la solidarité en équipe — des échos aux vertus chrétiennes.
Faire du sport le dimanche n'est donc pas une "infidélité" au jour du Seigneur, à condition que cet effort physique ne devienne pas une nouvelle forme de travail ou d'esclavage à la performance. Si, après votre séance, vous êtes plus disponible, plus détendu et plus joyeux pour votre entourage, alors vous avez probablement trouvé le juste équilibre du repos chrétien.
En définitive, le dimanche reste le jour de la rencontre avec le Christ. Si le sport vous aide à être un chrétien plus épanoui et équilibré, alors il a toute sa place dans votre agenda dominical.
