[Évangile du dimanche] Marthe et Marie, des femmes disciples de Jésus

Évangile du dimanche 20 juillet (Lc 10, 38-42)

Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. » 

Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Source : AELF

L’évangile de ce dimanche raconte la visite de Jésus chez deux sœurs, Marthe et Marie. Dans le texte de Luc, cet épisode fait immédiatement suite à la discussion entre Jésus et un docteur de la Loi, où l’on trouve la parabole du bon Samaritain. Parabole qui pose la question de la bonne attitude à avoir envers son prochain : lui venir en aide ou se souvenir de ceux qui nous sont venus en aide et faire de même. Il semble ici question de l'action. Or, dans l'épisode qui suit, Jésus semble dire l'inverse...

Des femmes disciples

C’est dans l’évangile de Jean que l’on apprend que le village de Marthe et Marie s’appelle Béthanie. Alors que Jésus, dans sa longue route vers Jérusalem, enseignait à ses disciples, c'est seul qu'il entre chez deux femmes. D’habitude ce sont des hommes qui reçoivent Jésus. Cette fois on a affaire à des femmes disciples, ce qui est assez rare dans le Nouveau Testament pour être souligné.

En fait, "Luc est un évangéliste qui insiste beaucoup sur les femmes disciples", souligne Marie-Reine Mezzarobba. Par exemple, dans le Livre des Actes des apôtres, dont Luc est également l’auteur, il est souvent question de femmes qui reçoivent chez elles la communauté chrétienne. Marthe, comme Marie, est aussi "une disciple".

D’ailleurs, l’attitude de Marie, dont Luc dit qu’elle est assise aux pieds de Jésus, est a priori "la posture du disciple". C’est-à-dire "de celui qui écoute l’enseignement".

Marthe, celle qui agit

Si l’on peut qualifier Marthe et Marie de disciples, on sait peu de choses sur leurs liens avec Jésus. "Marthe lui parle avec une certaine liberté, relève la bibliste, ça laisse penser qu’il y a déjà une relation de confiance et de simplicité entre eux."

D’ailleurs, ce texte insiste beaucoup sur Marthe. Dans certaines traductions il est même question de "sa" maison - le texte hébreu toutefois dit bien "la maison". Mais Marthe est bien présentée comme la maîtresse de maison, celle qui reçoit. Ainsi, Luc ne dit pas que Marie est la sœur de Marthe, mais bien que Marthe a une sœur. En hébreu, littéralement il est dit : "à elle était une sœur".

"Le texte est centré sur Marthe, résume Marie-Reine Mezzarobba. C’est Marthe qui reçoit, c’est Marthe qui entre en dialogue avec Jésus. C’est à Marthe que Jésus va répondre. Finalement, Marie, elle est silencieuse du début à la fin !"

On est tous appelés à l’écoute et à l’action mais à une action qui suit l’écoute plutôt que l’inverse

Être disciple de Jésus : écouter ou agir ?

Marthe qu’elle est "accaparée" - littéralement, elle est "tiraillée". "À mon avis elle en fait trop, juge Marie-Reine Mezzarobba. Elle en vient à jalouser sa sœur qui peut écouter." Rien de plus commun que cette scène ! "Ce sont des choses qu’on rencontre tous les jours dans nos familles et dans nos communautés, entre soi-disant les actifs et les contemplatifs, entre celui qui écoute qui prie et celui qui fait le service…"

Il se peut que Luc ait été inspiré par les questions au sein des premières communautés chrétiennes. Qu’est-ce qu’être disciple de Jésus ? "C’est quoi écouter Jésus ? Est-ce que c’est écouter Jésus assis à ses pieds et ne plus bouger ou bien est-ce que c’est avoir une action ?" Marie-Reine Mezzarobba nous donne une clé de lecture : "Tout texte où il y a, comme ça, deux personnes en vis-à-vis nous concerne. On est l’un et l’autre à la fois. On est tous appelés à l’écoute et à l’action mais à une action qui suit l’écoute plutôt que l’inverse."