[Évangile du dimanche] Jésus enseigne la prière du Notre Père
Dans l'évangile de ce dimanche, Jésus enseigne la prière du Notre Père. Qu'est-ce que ça change de s'adresser à Dieu comme à un père ? Pourquoi faut-il faire cette demande si concrète de recevoir du pain ? Et comment comprendre la nécessité de sanctifier le nom de Dieu ?
©Corinne Simon / Hans LucasCe qu'il faut retenir :
- La prière du Notre Père vient des Évangiles de Luc et Matthieu
- Le Notre Père est la principale prière chrétienne, que les croyants récitent chaque jour
- Le Notre Père est une prière de demande adressée à Dieu
Évangile du dimanche 27 juillet (Lc 11, 1-13)
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour. Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.” Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.” Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
Source : AELF
C'est la prière des chrétiens la plus connue. Le Notre Père est un passage de l’Évangile, que l’on trouve dans les versions de Matthieu et de Luc. Ce dimanche, où on lit l'évangile de Luc, l’extrait se situe après la visite de Jésus chez Marthe et Marie. Accueilli chez les deux sœurs, le Christ mettait en valeur l’écoute dans la vie spirituelle. Cette fois, il va être question de la prière de demande : comment s'adresser à Dieu et que pouvons-nous lui demander ?
Dire que Dieu est "Père", qu’est-ce que ça change ?
Tout part d’une demande des disciples qui voient Jésus en prière. Ils lui demandent alors de leur apprendre à prier. "Ils doivent voir quelque chose dans l’attitude de Jésus qui prie, qui leur fait envie, sinon quel intérêt de demander de prier ?" commente Anne Meynier-Schweitzer, protestante évangélique, titulaire d'une maîtrise de théologie de l'université catholique de Lyon et engagée dans le dialogue œcuménique.
En disant à ses disciples que l’on peut s’adresser à Dieu comme à un père, il "amène quelque chose de différent", selon Anne Meynier-Schweitzer. On trouve quelques occurrences dans le Premier Testament, où Dieu est qualifié de père mais "c’était assez rare", commente la théologienne. Ce que Jésus semble initier ici déplaît aux pharisiens. "Jésus met ses disciples au rang de ses frères à lui, pour appeler le Dieu qui est son père, leur père eux aussi."
Que veut dire sanctifier le nom de Dieu ?
Dans la Bible, sanctifier signifie mettre à part. Évidemment il est question de "donner une bonne place à Dieu" par respect. Mais on peut aussi comprendre ce désir de sanctifier le nom de Dieu comme le désir de lui faire une part spéciale dans sa vie, "et que ça soit cohérent". "Que cette prière ne soit pas juste une occasion, rapidement une fois dans la journée, ou le dimanche à la messe ou au culte... S’il est père c’est qu’il a envie d’entrer en relation avec nous !"
Vouloir le règne de Dieu
Chez Luc comme chez Matthieu on peut lire : "Que ton règne vienne". Mais dans l'évangile de Matthieu, la phrase qui suit est : "Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel" (Mt 6, 10). Pour Anne Meynier-Schweitzer, on peut relier les deux : le "règne" de Dieu et sa "volonté".
"La volonté de Dieu, c’est qu’on soit en relation d’harmonie avec Lui, en relation d’amour avec Lui, en relation d’amour les uns avec les autres, en relation d’harmonie avec nous-mêmes et aussi avec la création qui nous entoure. Et c’est une volonté qui est foncièrement bonne pour nous et pour nos contemporains."
Une demande à formuler chaque jour
Quand Jésus encourage ses disciples à demander chaque jour à Dieu "le pain", cela peut étonner. C’est en effet "très concret" ! Justement, "Dieu ne s’intéresse pas juste à notre âme, c’est très incarné, on a besoin de pain pour vivre".
"Je trouve fantastique cette invitation à demander chaque jour. Et je crois que le chaque jour, il n’est pas juste pour le pain mais il est pour ce qui vient avant et ce qui vient après : besoin de pain mais besoin aussi de vivre de sa volonté, de pardon et de pardonner, d’être libre par rapport à la tentation…"
Finalement notre rapport à Dieu est au-delà du besoin, nous dit la théologienne, "parce qu’on est fait pour cette relation, non pas une fois par semaine, mais au quotidien et au fil de la journée".


Peu de nos contemporains connaissent les Évangiles. Ils n'y sont pas hostiles mais ils n'ont plus d'occasion d'y avoir accès. C'est partant de ce constat que, avec l'éclairage d'un bibliste, Béatrice Soltner propose chaque semaine un texte d'Évangile pour qu'il soit entendu (ou réentendu), pour en savourer la nouveauté et faire l'expérience que - si incroyable que ce soit à l'heure de l'instantanéité - cette parole écrite il y a plus de 2.000 ans nous rejoint toujours au plus profond.




