Bar-le-Duc
Evangile de Luc 4, 14-21 : lecture et prédication
Le pasteur Pierre-André Schaechtelin lit et commente dans l'église catholique Saint Jean de Bar-le-Duc l'évangile du 3eme dimanche du temps ordinaire.
ÉVANGILE
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture » (Lc 4, 14-21)
Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé,
porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération.
Alléluia. (Lc 4, 18cd)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là,
lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit,
revint en Galilée,
sa renommée se répandit dans toute la région.
Il enseignait dans les synagogues,
et tout le monde faisait son éloge.
Il vint à Nazareth, où il avait été élevé.
Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat,
et il se leva pour faire la lecture.
On lui remit le livre du prophète Isaïe.
Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
L’Esprit du Seigneur est sur moi
parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction.
Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération,
et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue,
remettre en liberté les opprimés,
annoncer une année favorable
accordée par le Seigneur.
Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit.
Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture
que vous venez d’entendre »
– Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie – Luc 4. 14-21 – Messe Bar-le-Duc – dimanche 23 janvier 2022
Si vous faites une lecture un peu rapide de l’épisode de Jésus à Nazareth, il y a de fortes chances que vous trouviez ce passage plutôt banal. En effet il y a trois choses assez courantes qui le caractérisent : D’abord Jésus enseigne dans les synagogues, comme beaucoup d’autres, ensuite il fait publiquement la lecture du prophète Isaïe dans la synagogue de Nazareth, et enfin il va se rasseoir.
Et c’est seulement lorsque Jésus est à nouveau assis, nous dit l’Evangile, qu’il fait un commentaire de la lecture qu’il vient de faire. Ou plutôt il fait le commentaire, le seul commentaire que l’Evangile nous rapporte. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. Et ce commentaire c’est le suivant : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre ». C’est un commentaire qui est d’une extrême pudeur.
Jésus ne dit pas : « Je suis le prophète qui ai reçu l’onction, j’annonce la bonne nouvelle aux pauvres et aux captifs la libération… vous êtes tenus de me croire ». Ce serait bien trop brusque. Au contraire Jésus lit sobrement le prophète Isaïe, puis il déclare à celui qui veut bien l’entendre : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre ».
Quelle pudeur, quelle discrétion. Il s’agit de la pudeur de Dieu, comme le souligne un moins protestant. Jésus ne dévoile pas brusquement son identité, il ne s’impose pas. Il ne fait que suggérer sa mission. Le Christ nous dévoile ici son identité avec retenue, avec douceur.
Cela correspond très bien à mon sens à notre mission d’aujourd’hui. Car la foi ne saurait s’imposer à qui que ce soit. La foi laisse toujours libre et responsable celui qui l’adopte. La mission de nos Eglises qui sont plutôt celles du Christ n’est-elle pas de signaler simplement qu’il est en train aujourd’hui de se passer quelque chose.
Frères et sœurs en Christ, nous croyons avec raison que l’aujourd’hui de Jésus ne s’arrête pas à Nazareth. Lorsque Jésus dit : aujourd’hui cette écriture est accomplie, cet aujourd’hui se prolonge jusqu’à maintenant. C’est maintenant à nous de dire au nom du Christ : Nous sommes les pauvres dont parle Isaïe. Et c’est à nous, les pauvres de Dieu, d’entendre la bonne nouvelle de la richesse du Christ. Et c’est à nous, les pauvres, enrichis de la présence réelle du Christ, d’en vivre et d’en témoigner.
De même nous sommes aussi les captifs dont parle Isaïe. Nous sommes captifs de bien des choses, et en particulier nous sommes captifs de nos peurs. De nos peurs les uns des autres. Or c’est justement là que la libération intervient. Et là vous ne serez pas surpris que je dise un mot de nos communautés ecclésiales. Heureusement les grands peurs qu’avaient nos Eglises les unes des autres ont quasiment disparu. Cela nous permet ce matin dans cette Eglise d’écouter ensemble la Parole incarnée en Jésus. Et cela permettra dans un mois à l’Eglise protestante unie d’accueillir le Père Franck Guérin pour une homélie. Oui, Jésus reprend à son compte la parole du prophète Isaïe qui annonce aux captifs la libération, et en particulier la libération de toutes nos peurs.
On a généralement peur de ce qu’on ne connaît pas bien. Mais pour qui accueille en Christ la grâce de mieux nous connaître les uns les autres, les peurs dont nous étions captifs reculent. Et nous réalisons que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Et nous commençons alors à voir que l’Eglise du Christ est belle envers et contre tout. Certes c’est une beauté en devenir. Certes elle est encore entachée. Mais Isaïe déclamé par Jésus, nous a bien parlé des aveugles qui recouvrent la vue. Oui, l’Eglise de Jésus-Christ est belle, et j’ai confiance que cette beauté, le Seigneur va nous ouvrir les yeux sur elle. Oui, le Christ annonce à nos aveuglements le retour à la vue, et à la beauté de son Eglise un avenir lumineux. Amen.
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