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Études de théologie : pourquoi un tel succès ?

Études de théologie : pourquoi un tel succès ?

Un article rédigé par Maximé Cossé et Pauline de Torsiac - le 17 juin 2025 - Modifié le 18 juin 2025
Je pense donc j'agisÉtudes de théologie : pourquoi un tel succès ?

Loin d’être une obscure étude dogmatique, la théologie inspire aujourd‘hui une population de plus en plus importante. alors qu'elle était jadis réservée aux clercs et autres hommes d’Église. Les universités accueillent désormais des étudiants et des étudiantes de toute catégorie socioprofessionnelle confondue. Qui sont-ils ? Pourquoi la théologie attire-t-elle tant ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Pauline de Torsiac et Melchior Gormand.

Sur 148 étudiants en théologie à l'Université catholique de Lyon, la moitié sont des laïcs ©Antoine Boureau / Hans LucasSur 148 étudiants en théologie à l'Université catholique de Lyon, la moitié sont des laïcs ©Antoine Boureau / Hans Lucas

Tandis que les élèves de Terminale arrivent à terme de leur épreuve de philosophie au Baccalauréat, certains se laisseront peut-être tenter par poursuivre la réflexion pendant leurs études. Non loin de la philosophie, la théologie est matière d’étude pour de nombreuses personnes, pratiquantes ou laïques.

Si certains se demandaient, comme Nietzsche d’ailleurs, “qui s'intéresse aux théologiens, sinon les théologiens eux-mêmes ?”, il semble désormais que cet intérêt n’est plus à démontrer. 

La diversité des étudiants en théologie

Séminaristes, laïques, croyants et non-croyants, jeunes en post-baccalauréat et jeunes retraités, ils sont de plus en plus nombreux à pousser la porte des universités de théologie. “Nous avons 148 étudiants. La moitié d'entre eux sont laïcs”, détaille Robert Cheaib, directeur pédagogique de 1er cycle de théologie à l’Université catholique de Lyon. Malgré les cinq à douze ans d’étude, ce sont aussi les jeunes qui se tournent aussi vers la théologie. Nous proposons une théologie “à la carte” qui permet aux étudiants de choisir le cursus en fonction de leurs besoins. Robert Cheaib constate que ces formats attirent les nouveaux élèves.

“En premier cycle, on voit arriver un public plus jeune, auquel on n'était pas forcément habitué, notamment des étudiants en post-baccalauréat, révèle Arnaud Montoux, prêtre du diocèse de Sens Auxerre, directeur du 1er cycle de théologie à l'Institut Catholique de Paris. “On a des jeunes qui sortent du baccalauréat en ne sachant pas trop ce qu’est la théologie”, explique-t-il. “Je peux vous assurer que c’est un public absolument passionnant, parce qu’ils découvrent la question avec une fraîcheur d'esprit et une impertinence remarquable pour des théologiens. Pour nous, enseignants, ça bouscule fort, parce nous ne sommes pas habitués à voir des gens qui nous demandent par exemple, pourquoi il n'y a que trois personnes dans la Trinité”, détaille encore le prêtre.

Nous avons 148 étudiants. La moitié d'entre eux son laïcs. 

Robert Cheaib

Si les classes en théologie rajeunissent, elles se féminisent aussi. “C’est incroyable d’avoir une jeune femme de 30 ans qui fait des études de théologie avec qui on peut discuter, avec laquelle on peut s’identifier, plutôt qu’un prêtre qui peut paraître inaccessible”, raconte Cécile, une auditrice. Un témoignage qui vient compléter celui d’Anne Guilhaume, étudiante en théologie de 51 ans à l’Université catholique de Lyon depuis septembre 2021. Étudier la théologie, “c’est grandir spirituellement, c’est aussi penser trouver, se rendre compte qu’on ne sait pas et continuer à chercher, c’est créer un pont entre la parole révélée et la vie”, énumère-t-elle. “Il y avait très peu d'étudiantes en théologie il y a quelques décennies, il y en a beaucoup plus aujourd’hui. Dans notre faculté, il y a d’ailleurs plus d’enseignantes que d’enseignants”, rappelle aussi Arnaud Montoux.

Si les jeunes étudiants sont nombreux sur les bancs d’universités, il y a aussi des jeunes retraités, dont beaucoup sont en auditeurs libres, et on sent qu’ils ont toute l’expérience de leur vie professionnelle qui nous est très enrichissante”, témoigne Tiphaine Trédant, étudiante en quatrième année du baccalauréat canonique à l’Université catholique de Lyon. Cette étudiante souligne ô combien la diversité des étudiants enrichit son expérience : “c’est intéressant d’avoir ce rapport avec les laïcs, car beaucoup d’entre nous allons travailler avec des laïcs plus tard”.

La théologie au service de la compréhension

“La théologie doit se développer dans une culture de dialogue et de rencontre entre les différentes traditions et les différents savoirs, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions”, rappelait le pape François dans la constitution apostolique Veritatis gaudium. Loin d’être une simple parabole, la théologie apporte cette richesse de se placer au carrefour des philosophies et des disciplines. La théologie est transdisciplinaire. Le pape explique ici qu’il s’agit de produire une sorte de fermentation des sciences les unes avec les autres”, reprend le prêtre Arnaud Montoux. Entrer dans la théologie, c’est réaliser une véritable transformation de soi”, renchérit-il.

Ce sont des étudiants qui viennent parce qu'ils ont conscience de la complexité du monde dans lequel nous vivons, et qu’ils ont entendu dire que la théologie pouvait être une source d’éclairage authentique.

Arnaud Montoux

La discipline théologique invoque l’étude de nombreuses matières. Le dogmatique, la Bible, l’histoire de l’Église, la philosophie, le droit canonique, les matières humaines, c’est un regard porté non seulement vers les questions de Dieu, mais aussi vers les questions humaines”, énumère Robert Cheaib. Si certains étudient la théologie pour mieux comprendre la foi, “on a des gens qui viennent par intérêt personnel, pour une quête personnelle”, rappelle Arnaud Montoux. C’est le cas d’Anne Guilhaume, qui explique avoir commencé son parcours dans la théologie par “une quête de mieux comprendre en qui je crois, ce que je crois, qui est cette Église qui me délivre la foi et les sacrément". “C’est une démarche de foi, et une démarche intellectuelle”, résume-t-elle.

“Ce sont des étudiants qui viennent parce qu'ils ont conscience de complexité du monde dans lequel nous vivons, et qu’ils ont entendu dire que la théologie pouvait être une source d’éclairage authentique”, constate Arnaud Montoux. Le directeur du 1er cycle de théologie à l’Institut Catholique de Paris remarque qu’il y a très peu de personnes formées en théologie, et que c’est une discipline très demandée par ailleurs. Il estime que son étude permet “de donner aux étudiants les armes pour défendre la vérité, dans une époque où la vérité peut être confondue avec une opinion”. La théologie occuperait donc une place légitime dans un monde ultra-informé, en témoigne Robert Cheaib, qui constate que “chez nous à la faculté, nous avons 250 auditeurs libres, tous laïcs, qui ne viennent pas seulement réaliser une expérience de foi, mais aussi dans une quête de sens.

“Dans les changements qu’on observe aujourd’hui dans l’Église, il est très important qu’il y ait des personnes qui soient formées à la théologie”, considère Arnaud Montoux, car “c’est quelque chose qui relève de la responsabilité de l'Église". Si ces études apportent de la fraîcheur dans les rangs de l’Église, il est possible de se former à l’enseignement de la théologie, une spécialité qui semble désormais se démocratiser dans un monde en quête de sens.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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