"Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté" (Lc 4, 1-13

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là,
après son baptême,
    Jésus, rempli d’Esprit Saint,
quitta les bords du Jourdain ;
dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
    où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable.
Il ne mangea rien durant ces jours-là,
et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
    Le diable lui dit alors :
« Si tu es Fils de Dieu,
ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
    Jésus répondit :
« Il est écrit :
L’homme ne vit pas seulement de pain. »

    Alors le diable l’emmena plus haut
et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
    Il lui dit :
« Je te donnerai tout ce pouvoir
et la gloire de ces royaumes,
car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
    Toi donc, si tu te prosternes devant moi,
tu auras tout cela. »
    Jésus lui répondit :
« Il est écrit :
C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras,
à lui seul tu rendras un culte. »

    Puis le diable le conduisit à Jérusalem,
il le plaça au sommet du Temple
et lui dit :
« Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
    car il est écrit :
Il donnera pour toi, à ses anges,
l’ordre de te garder ;
    et encore :
Ils te porteront sur leurs mains,
de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
    Jésus lui fit cette réponse :
« Il est dit :
Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
    Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Source : AELF

Méditation   Pasteure Héléna Vicario    

 L’homme ne vit pas seulement de pain. Martin Luther disait que, dans la prière du Notre Père, on pouvait remplacer le mot pain par tous les éléments qui nous procurent du bien-être et que la phrase : « donne nous aujourd’hui le pain de ce jour », voulait dire le pain mais aussi les vêtements, le toit, des relations enrichissantes… Si on applique cette lecture à la phrase de Jésus : « l’homme ne vit pas seulement de pain », s’ouvre alors une lucarne vers un autre bonheur possible celui que donne l’Esprit. Je ne martèlerai pas ce que nombre de gens ont déjà dit sur l’impasse vers laquelle mène une société matérialiste à outrance où je n’ai de valeur qu’en fonction de ma richesse, des likes que je reçois, de la jalousie que je suscite. Je vous invite simplement à méditer cette phrase « l’homme, l’être humain ne vit pas seulement de pain ». Toute la faim que je ressens ne sera pas assouvie par les mirages que la société m’offre, j’irai même plus loin : même si j’arrivais à construire une vie zen, avec des relations harmonieuses avec mes proches, quelque chose m’échapperait encore… Rien de ce que je peux atteindre par mon effort n’a de valeur absolue. 

Je suis donc invitée à dépasser le fruit de mes efforts pour m’ouvrir à autre chose. Je suis encouragée à me mettre à l’écoute de l’Esprit qui est en moi, cet Esprit divin qui m’a été insufflé à la création, cet Esprit qui portera les marques de ma vie, qui sera refaçonné par l’amour que j’aurai reçu et ressenti, par chacune de mes actions, et qui fait le lien entre Dieu et moi. C’est cet Esprit qui me donne une dignité infinie quelles que soient mes actions. C’est par lui que je m’ouvre à l’éternité dans cette vie même. Par lui, je suis invitée à devenir un arbre à l’envers, en m’enracinant au ciel, à porter les fruits de l’Esprit sur la terre, tels que les énumère l’apôtre Paul : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Notre joie ne dépendra plus des circonstances, mais de l’écoute d’une parole qui nourrit, relève, porte fruit et ouvre en nous les vannes de l’Esprit.