Comment résumer le concile Vatican II
Trois ans de réunions, d'échanges et de débats sur l'Église, la liturgie, la place des laïcs, les religions non chrétiennes... Comment résumer cet immense chantier théologique qu'a été le concile Vatican II ? Dans l'histoire contemporaine de l'Église catholique, c'est le grand événement. Alors que l'on en célèbre les soixante ans, on ne cesse de mesurer la profondeur et la densité spirituelle de ses nombreux textes.
Pères conciliaires sur la place Saint-Pierre en 1961 ©Wikimedia commons8 décembre 1965. Une date historique pour l'Église catholique. Après trois années de travaux, d'échanges intenses et de débats parfois houleux, le concile Vatican II a pris fin. Place des laïcs, liturgie, prise en compte des religions non chrétiennes... Parce que les pères conciliaires ont touché à des sujets sensibles pour les catholiques, le deuxième concile œcuménique du Vatican continue de susciter des interrogations voire des tensions. Mais aussi, on ne cesse d'en mesurer la profondeur et la densité spirituelle.
Soixante ans après qu'en reste-t-il ? "On est encore en train de profiter du dynamisme de Vatican II, nous dit Frère Gonzague de Longcamp, dans le B.A.-BA du Christianisme. J’aurais même tendance à dire, si j’étais un peu provocateur, qu’on en profite mieux maintenant. Il y a une forme de maturité, de décantation qui nous permet de revenir à l’essentiel de ce que Vatican II a essayé de nous donner à vivre. " Au micro de Pauline de Torsiac, il propose de résumer ce qu'il faut retenir du concile.
1959 : l'annonce qu’on n’avait pas vue venir
Après la mort de Pie XII, le 9 octobre 1958 et la fin d’un long pontificat de près de 20 ans, son successeur Angelo Giuseppe Roncalli, a été considéré, lors de son élection, comme un pape de transition. Au dire de tous, s’annonçait donc un pontificat dont on n’attendait rien, résume Frère Gonzague de Longcamp, membre de la communauté Saint-Jean, théologien et maître de conférences à l'Université catholique de Lyon.
"Jean XXIII est élu le 28 octobre 1958, et le 25 janvier 1959, lors de la clôture de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, il annonce la convocation d’un synode pour le diocèse de Rome, la refonte du code de droit canonique et la convocation d’un concile œcuménique. Et là c’est la stupeur on n’était absolument pas près !"
Le concile œcuménique, cette grande réunion de l'Église convoquée quand le monde change
L’annonce du concile Vatican II a d’autant plus étonné qu’un autre concile était en quelque sorte toujours en cours, puisque Vatican I, ouvert le 8 décembre 1869, avait été interrompu en 1870 par la guerre mais jamais officiellement clôturé, précise le théologien. Jean XXIII a donc pris soin, presque un siècle après, de clôturer le concile Vatican I.
"Cela dit quelque chose, explique Frère Gonzague de Longcamp. Il y a souvent un concile quand il y a une transition culturelle et là on est clairement à un tournant culturel immense." Les deux guerres mondiales ont tellement marqué les esprits et transformé la société, que "l’on ne peut pas être chrétien de la même manière". Il ne faut pas oublier qu’en 1959 on est en pleine guerre froide. Et que "la question de la guerre est pratiquement aussi brûlante que pour nous aujourd’hui !"
Le grand tournant, c’est que l’Église ne se pense pas d’abord à partir des ministères mais d’abord à partir du baptême, l’Église est une communauté de baptisés
Qu'est-ce qui a changé avec Vatican II ?
Impossible de résumer en quelques lignes trois années de débats, d’échanges, de réflexion. Les pères conciliaires ont abordé aussi bien l’ecclésiologie, c’est-à-dire la façon dont l’Église se pense elle-même, que le rapport aux autres religions, la liturgie, la famille, le mariage, la place des laïcs…
"Le grand tournant, résume Frère Gonzague, c’est que l’Église ne se pense pas d’abord à partir des ministères mais d’abord à partir du baptême, l’Église est une communauté de baptisés." Avant Vatican II, parler de l'Église catholique c'était en premier lieu se référer au clergé. "On disait que l’ecclésiologie, la science de l’Église, la théologie de l’Église, se résumait à une théologie de la hiérarchie, à une hiérarchologie, d’après Yves Congar".
Vatican II a replacé au centre "la communauté" des baptisés, c’est-à-dire les clercs et les laïcs. La constitution dogmatique sur l'Église "Lumen gentium" dit bien que "l’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain". (par. 1)
Vatican II, une révolution dans l’Église catholique ?
Désormais, et c’est là le socle véritable de tout le concile, selon le théologien, "l’Église ne se pense pas à partir d’elle-même mais de Dieu, dont elle vient, et du monde vers lequel elle est envoyée". Certain ont dit que Vatican II a été le mai 68 de l’Église catholique. Ce que Gonzague de Longcamp réfute car il n’y a "pas eu d’intention révolutionnaire" ni l’envie de faire table rase du passé.
En revanche, Vatican II a bien représenté "une révolution copernicienne" en insistant sur la nécessité d’aller puiser à la source du christianisme. Les pères conciliaires ont insisté sur l’importance de lire la Bible, et notamment l’Ancien Testament, et aussi les textes des Pères de l’Église dans l’idée de se redécouvrir chrétien et de renouveler sa foi.


Dans le souci de s’adresser au plus grand nombre et avec curiosité, Pauline de Torsiac sollicite théologiens et biblistes pour un échange enthousiaste sur les fondamentaux de la foi chrétienne.




